64 350 allophones scolarisés en 2018
Au cours de l’année 2017-2018, 64 350 dont la langue n’est pas le français ont été scolarisés, selon une récente étude du service statistique du ministère de l’éducation nationale.
Marie-Odile Plançon, en charge de l’accueil des élèves à besoins éducatifs particuliers au sein du département Education de l’enseignement catholique, explique la prise en charge spécifique prévue pour ces élèves.
Article de Blanche PONCHON, publié par La Croix
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Marie-Odile Plançon : Ces élèves sont d’abord dirigés vers les classes UPE2A, pour « Unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants ». Dans l’enseignement catholique en particulier, ces unités sont conçues pour offrir un parcours personnalisé en fonction du niveau scolaire de l’élève, de sa maîtrise de la langue mais aussi de sa connaissance de la culture européenne. Elles sont un tremplin afin de pouvoir rejoindre, ensuite, certains cours en classe ordinaire puis petit à petit, pour l’ensemble des disciplines. On y travaille le français langue étrangère, le français langue seconde mais aussi toute la connaissance culturelle utile pour s’insérer dans notre pays. Les enseignants, pour se faire comprendre, travaillent beaucoup avec des images ou des mises en scène.
Pour certains élèves, l’UPE2A permet une première alphabétisation lorsqu’il n’y a pas eu de scolarisation dans le pays d’origine. C’est aussi un lieu où certains jeunes peuvent se poser après des parcours d’exil parfois particulièrement douloureux. Nous accueillons ainsi de nombreux mineurs non accompagnés qui arrivent en France de plus en plus jeunes. Leur prise en charge est différente, dans la mesure où il y a souvent chez eux une souffrance traumatique.
Comment cela se passe quand les élèves rentrent dans le système scolaire ? Est ce qu’ils sont toujours encadrés ?
M.-O. P. : L’entrée dans le système scolaire est différente selon chaque élève et selon chaque parcours. Je me souviens d’un enfant de 8 ans qui est arrivé d’Inde avec ses parents. Il ne parlait pas un mot de français et en l’espace de quelques mois, il a rattrapé les autres élèves. Chez certains, on a une faculté d’absorption impressionnante et très rapide et donc une intégration scolaire assez facile. Chez d’autres, c’est plus compliqué. Cela peut notamment être lié au vécu des parents et à la façon dont ils sont accueillis en France. C’était par exemple le cas d’une enfant de 4 ans arrivée en France dans une situation précaire avec des changements de logement fréquent. Cette petite fille a eu beaucoup de mal à apprendre la langue et à se l’approprier parce qu’elle considérait la France comme un pays de souffrance. L’accompagnement des mineurs non accompagnés demande un suivi plus complet en raison de leur parcours. Il est donc important de ne pas les laisser seuls, une fois rentrés dans le système scolaire.
Est-ce qu’il y a suffisamment de places pour accueillir ces élèves allophones ?
M.-O. P. : Dans l’enseignement catholique, nous avons le sentiment qu’il n’y en a pas assez et qu’il faut en ouvrir plus. C’est pourquoi cette année, nous en avons créé quatorze. Nous espérons qu’il y aura de nouvelles ouvertures cette année. Actuellement, nos diocèses ouvrent des UPE2A ou bien des postes mobiles d’enseignants pour les élèves allophones, mais aussi pour l’accueil des mineurs non accompagnés scolarisés dans nos établissements. Ces dispositifs favorisent la scolarisation de ces jeunes mineurs qui doivent parfois préparer un diplôme dans un temps très court pour obtenir une régularisation à leur majorité. Cela passer souvent par la promesse d’un emploi sur un métier dit en tension (métiers du bâtiment, cuisine, etc.)