Paroles de migrant
Khairollah, jeune afghan qui a fui son pays à l’âge de 11 ans, sort « Carnet d'exil », un livre témoignage sur son périple, écrit avec l'aide d'une enseignante et de ses camarades de l'ISETA, établissement agricole catholique de Poisy (74). Fruit d'une aventure collective et fraternelle, cet ouvrage offre un support pédagogique idéal pour travailler la thématique des migrations à l'école.
C’est l’aboutissement d’une aventure collective et fraternelle qui dure depuis plus de deux ans, entre Khairollah, jeune réfugié afghan, ses camarades de Bac Pro Aquaculture et les équipes de l’ISETA établissement de l'enseignement agricole catholique de Poisy en Haute-Savoie, aidés de leurs partenaires : Jeudi 13 avril, au cœur de la « Semaine Migrations » la commuanuté éducative fêtait la sortie de Carnet d'exil, un livre témoignage sur le périple migratoire du jeune homme.
Ce projet est né lorsque Khairollah, jeune afghan accueilli en apprentissage à l’ISETA, a accepté de témoigner de son parcours d’exil auprès de certaines classes. Il le dit lui-même : « relater une telle expérience n’est pas chose facile ». Nombreux sont les demandeurs d’asile qui ne l’évoquent pas. Khairollah souhaitait, lui, raconter ce qu’il avait vécu et partager cette histoire personnelle. Son témoignage laissera les élèves de la classe de 2de Bac Pro Aquaculture bouleversée et fera naître chez eux une « envie d’agir ». Très vite, ils en parlent à Aline Nevez, leur enseignante : ils voudraient aider Khairollah à écrire son parcours d’exil, qui a duré 4 ans. Cet échange marque alors le début d’une aventure solidaire, jalonnée de temps forts - des heures d’interview, des journées découverte de l’Afghanistan au lycée, des interventions, une résidence d’écriture sur le plateau des Glières pour Khairollah et les élèves …).
Le 13 avril, la soirée de lancement de Carnet d’Exil marquait donc le point d’orgue d’une aventure humaine de plus de deux ans et le temps fort de cette journée qui avait commencé par la réalisation du pique-nique dès le matin, orchestré par les élèves de Bac Pro SAPAT - Services Aux Personnes et Aux Territoires et des demandeurs d’asile accueillis au CADA (Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile) de Rumilly. L’après-midi, consacré à des ateliers danse entre les élèves et les demandeurs d’asile qui ont fait découvrir et enseigné des danses de chez eux ont ravi tous les participants. C’est ravis que tous se sont donc retrouvés pour le lancement tant attendu du Carnet d’Exil de Khairollah.
Vincent Vandenbroucke, directeur de l’ISETA, a ouvert la soirée en remerciant tous les acteurs de ce projet qui participe à « reconnaître une personne et non pas un migrant » et constitue une réponse à « la tentation de déshumaniser les problématiques du monde pour n’en faire que des chiffres ». Le directeur a ensuite passé la parole aux élèves de terminale Aquaculture (les secondes d’il y a deux ans !) qui sont revenus sur les débuts de Carnet d’Exil : « C’était un projet un peu fou car nous ne sommes pas écrivains ! ». L’émotion dans les mots et les gestes était palpable lorsque les jeunes ont officiellement remis à Khairollah son Carnet d’Exil, achevé et fraîchement imprimé.
Khairollah s’est ensuite exprimé, dans un français devenu courant à force de pratique et de persévérance, remerciant tout le monde et formulant le souhait que ce livre « servira à sensibiliser le plus grand nombre sur les difficultés de la migration ». Ensuite, des extraits de Carnet d’Exil ont été lus par les élèves de Bac Pro Aqua et par Amel, une jeune fille de Bac Pro SAPAT. « Je ne veux pas monter dans le 4×4, il sort un couteau, il me frappe, pas de place dans le 4×4. Je monte, il faut que je tire fort sur la poignée, sinon le coffre s’ouvre et on tombe… »
Une table ronde, animée par Vincent Vandenbroucke, a ensuite réuni une partie des acteurs de Carnet d’Exil pour revenir sur le projet et sa portée humaine et éducative : Vincent Viard, maître d’apprentissage de Khairollah. Il est le premier à avoir rencontré le jeune homme de 16 ans, il a impulsé son embauche en contrat d’apprentissage à l’ISETA. Son témoignage est à retrouver dans Carnet d’Exil. Charbanou Jochum, médecin et bénévole dans une association qui aide les mineurs étrangers isolés. Elle est Iranienne et parle donc la même langue que Khairollah et l’a pris sous son aile. Mme Mouthon est la mère de Florian, élève de Bac Pro Aquaculture. Elle a raconté sa surprise lorsque son fils lui a annoncé qu’ils allaient écrire un livre. Elle a suivi pas à pas l’élaboration du Carnet d’exil et a été témoin de l’investissement de son fils, et à travers lui, de toute la classe de Bac Pro Aqua.
Aline Nevez, enseignante d’anglais et d’ESC - Education Socio-Culturelle. Elle avait sollicité Khairollah pour qu’il intervienne dans ses classes. Elle a soutenu et coordonné le projet Carnet d’Exil avec les élèves de bac Pro. Son témoignage est à retrouver dans Carnet d’Exil. Angèle Facy, chargée de coopération internationale et d’action culturelle, elle a participé au projet et à sa coordination depuis le début. Son témoignage figure également dans Carnet d’Exil.
La soirée s’est terminée par un temps convivial autour d’un thé et de pâtisseries orientales. Sans oublier une séquence de dédicaces acharnée pour Khairollah et les « Term Aqua » qui ont vu se presser autour d’eux une foule de personnes souhaitant avoir leurs signatures dans leur(s) exemplaire(s) de Carnet d’Exil !
Et ce n’est pas fini ! Un film documentaire, en préparation, sortira au printemps 2018 !
Un grand bravo à tous les acteurs de ce projet solidaire ! Et un grand merci également, pour cette humanité.
Vous souhaitez également vous procurer Carnet d’Exil et soutenir ce magnifique projet d’humanité ? Le livre est en vente au prix de 9€. Sur ces 9€, 8€ sont reversés à Khairollah et 1€ à l‘association Amnesty International qui a soutenu le projet. Carnet d’Exil est un support pédagogique exceptionnel pour évoquer avec des élèves la thématique de la migration.