Tous éco-responsables !
Le lycée Gregor-Mendel de Vincennes (94) a profité de la semaine du Réenchantement pour éveiller la conscience environnementale de ses élèves. Un terreau sur lequel il entend faire germer un projet éco-citoyen porté par l’établissement… voire au delà.
Virginie LERAY
« Composte ta banane pour garder la pêche ! » c’est l’un des slogans imaginés par des lycéens de Grégor Mendel, à l’occasion de la matinée d’ateliers organisée le vendredi 8 février, à l’occasion de la Semaine du Réenchantement. Son objectif : éveiller la conscience éco-citoyenne des 650 élèves de l’établissement à travers une douzaine d’activités –de la course d’orientation au land art-, suivies en petits groupes mêlant les classes et les filières.
« Il s’agit d’inviter les élèves à s’engager, de les responsabiliser tout en valorisant les talents des membres de l’équipe » explique Jean-Luc Bonnemain, le directeur. L’atelier « Planteurs d’espoir » a d’ailleurs préparé le lancement d’une initiative de reforestation qui doit se déployer dans l’établissement dans quelques semaines, sous l’impulsion de deux enseignants militants de BTS communication Marie José Vivante-Surinach et Valéry Petroff. Il s’agit d’organiser un défi participatif éco-responsable en milieu scolaire au profit d’une collecte de fonds soutenant l’effort de reforestation de l’ONG Planète Urgence. L’occasion de mener aussi une campagne de sensibilisation aux éco-gestes.
« Alors que la COP 24 s’achève sur un bilan en demi-teinte et que les messages catastrophistes sur l’environnement se multiplient, on part du principe que chacun peut être acteur du changement, à son échelle : Au lieu de déprimer sur l’avenir, on vous propose d’agir ! », interpelle Valéry Petroff.
Avoir le droit d’amener sa gamelle à la cantine, insister davantage en cours sur les volets environnementaux - tourisme durable et droit de l’environnement-, proscrire les photocopies et effacer systématiquement ses mails, faire en sorte que la chaudière de l’établissement ne surchauffe plus les salles, mettre en place un compost pour recycler les déchets alimentaires et fertiliser de futurs jardins collectifs… Les posters réalisés par les jeunes au terme de trois heures de sensibilisation et de brainstorming en petites équipes fourmillent de bonnes idées.
Deux intervenants, d’associations partenaires de l’Ademe, Maîtriser votre énergie (MVE) et le collectif de You-tuber On est prêt, ont commenté ces réalisations et conseillé leurs élèves : « Attention aux messages culpabilisants ou effrayants, préférez les propositions d’actions aux interdictions… N’oubliez pas de cibler les leviers et adjuvants qui vous aideront à mettre en œuvre votre projet, anticipez aussi les moyens d’évaluer votre action qui permettront de la pérenniser… »
Voilà la trentaine de jeunes de l’atelier armés pour élaborer le plan com de Planteurs d’espoir que quatre élèves de deuxième année de BTS ont déjà choisi en projet d’année. Avec Axelle, préposée aux photos, ils ont d’ailleurs participé à préparer et encadrer l’animation proposée à leurs pairs: « C’est passionnant car notre rôle de conseil auprès de nos profs inverse le sens de la relation pédagogique traditionnelle et il faut parfois argumenter ferme pour faire valoir nos idées. C’est aussi très stimulant de convaincre nos camarades de participer à l’action ! », commente la jeune-fille.
Dans un autre atelier, les élèves de 1ere professionnelle « Assistance soins et services aux personnes » sont aussi en première ligne, chargés de présenter à leurs pairs leurs exposés d’éducation à la santé en matière de risques environnementaux. « On intervient plutôt dans les écoles ou en maison de retraite… Ici, c’est autre chose d’intéresser d’autres lycéens voire des BTS à la nécessité d’abandonner les pailles en plastique, de laver ses fruits et légumes au bicarbonate de soude ou de leur expliquer pourquoi le réchauffement climatique représente le péril sanitaire majeur du 21è siècle » témoignent les élèves qui du coup ont fignolé leur power-point et inventé des quiz interactifs pour relever le défi.
Cette responsabilisation des élèves comme des enseignants représente un axe fort du pilotage mis en œuvre par Jean-Luc Bonnemain : « Les équipes sont parties prenantes de la préparation de la réforme du lycée ainsi que des démarches pour ouvrir une filière diététique et rebondir ensemble suite à la fermeture inattendue, à la rentrée 2018, de la section SPVL. »
De même, il a missionné des élèves de BTS sur la communication de l’établissement dont la préparation des portes ouvertes, récoltant ainsi des propositions concrètes pour impliquer toujours plus les jeunes à la vie de l’établissement : lancement d’un bureau des élèves, d’un foyer en autogestion, co-animation par des élèves d’une campagne de communication sur réseaux sociaux… autant de pistes prometteuses pour approfondir le sentiment d’appartenance à l’établissement, la cohésion de la communauté éducative et la motivation des jeunes.
Escape game : qui coopère gagne
Entre filières, niveaux de classe et disciplines différentes, la journée a été l’occasion de collaborations multiples...
Léo Bensimon
Après un temps de gêne, les élèves s’activent et se distribuent les rôles pour aller plus vite. Il ne faudra que quelques instants de plus pour qu’ils s’adressent amicalement l’un à l’autre. Huit élèves qui proviennent des filières générale, technologique et professionnelle ; de la seconde à la terminale, sont réunis dans un laboratoire du lycée Grégor Mendel de Vincennes (94) pour l'un des nombreux ateliers proposés pour La semaine du Réenchantement. Ils ne se connaissent pas, mais doivent travailler ensemble s’ils veulent réussir : ils participent en effet à un escape game.
C’est un jeu qui consiste à résoudre des énigmes afin de trouver une série de chiffre qui à son tour permet de déverrouiller une boîte. Le tout en une heure et sous un fond sonore angoissant. « Le but, c’est qu’ils coopèrent entre eux, même s’ils viennent seulement de se rencontrer » confie l’une des six créatrices de l’épreuve, Audrey Chameret, enseignante de biotechnologie pour le BTS Bio-Analyse et Contrôle (BIOAC). Pour elle aussi, l’exercice a été l’occasion de travailler avec des collègues d’autres matières : deux professeurs en physique chimie et un autre de math-science. La participation à l’atelier du chef d’établissement Jean-Luc Bonnemain, sur un pied d’égalité avec les élèves a enfin marqué l’apogée de ces coopérations inédites.
Une dynamique diocésaine de coopération
La journée éco-responsable du lycée Grégor Mendel de Vincennes étaient placées sous le signe de la nature, avec un grand N, selon la lettre décernée à ce lycée polyvalent, les 11 établissements du secteur 1 du diocèse de Créteil ayant reçu chacun une lettre du mot R-E-E-N-C-H-A-NT-E-M-E-N-T.
Cette thématique de la responsabilité s'est en effet inscrite dans une dynamique diocésaine large qui a susciter de nombreuses coopérations inter-établissements