Les lycées du diocèse d’Amiens à la manœuvre

À Amiens, la prérentrée du 27 août, particulièrement dense, a notamment permis aux chefs d’établissement du second degré de partager leurs ressentis sur les premiers effets de la réforme du lycée. Après une année de seconde marquée l’an dernier par l’introduction du choix des nouvelles spécialités, c’est l’organisation de la première, notamment des épreuves communes de contrôle continu qui va mobiliser les équipes.

La réforme du lycée a occupé l’essentiel du temps de partage entre la quinzaine d’établissements catholiques du second degré de la Somme, lors de la pré-rentrée organisée par la direction diocésaine, le 27 août dernier. L’occasion d’envisager les réponses « réseau » à apporter aux premiers effets de la réforme du lycée. Il faut dire qu’avec entre sept et neuf spécialités proposées dans chaque établissement, même en zone rurale, le paysage des lycées samariens a profondément changé.

Pour autant, rares sont ceux qui ont pleinement joué le jeu de la liberté de choix des lycéens, la plupart, préférant « guider les élèves » à l’aide d’un panel de combinaisons limitées. L’avantage : proposer des compilations cohérentes avec les attendus du post-bac, simplifier la constitution des emplois du temps, éviter de mettre en difficulté des élèves mesurant mal le niveau d’exigence élevé requis, notamment pour la spécialité Mathématiques. Conséquence : certains élèves ont rejoint l’enseignement public où ils ont pu opter pour des choix de spécialités plus ouverts.

« Voilà qui permet de mesurer l’importance de s’extraire des contextes d’établissements pour réfléchir, dans chaque bassin aux complémentarités des combinaisons proposées afin d’élargir l’éventail des possibles au sein de l’Enseignement catholique », analyse Michel Robillard, du lycée amiénois Saint-Rémi, avant d’alerter sur la baisse d’effectifs également observée dans les filières technologiques à dominante scientifique : « Des élèves qui n’étaient pas au niveau pour la série S et s’orientaient en STI2D ont pu opter cette année pour des spécialités scientifiques de la voie générale sans être obligés de suivre la spécialité Mathématiques, d’où une chute d’effectifs dans les lycées technologiques. »

 

Ce constat, partagé, incite la direction diocésaine à poursuivre le travail initié en matière d’accompagnement à l’orientation qui a pris la forme l’an dernier, d’un bus de l’orientation : « D’une part, il convient de faciliter les passerelles entre spécialités et filières (générales et technologiques), surtout en début de cette année scolaire. D’autre part, il va falloir organiser une communication concertée sur la nouvelle offre des lycées, peut-être anticipée dès l’année de 4e », avertit la directrice diocésaine Sylvie Seillier. Dans le même esprit, cette dernière annonce envisager des temps d’information sur l’enseignement supérieur, à l’instar de l’invitation lancée par UniLaSalle Beauvais à une présentation des débouchés et attendus du post-bac, fin septembre.

 

Évaluation : vers une harmonisation
diocésaine des niveaux d’exigence

Autre effet de la réforme : l’organisation d’emplois du temps en barrettes et des épreuves communes de contrôle continu introduites cette année en première conduisent certains établissements à supprimer les plages hebdomadaires de devoirs sur table, en première et parfois dès la seconde. Au lycée Montalembert de Doullens, les DS sont maintenus mais réalisés sur les heures de cours avec implication des enseignants pour les surveiller. Certains établissements comme le lycée amiénois du Sacré-Cœur ont engagé une réflexion sur l’évolution nécessaire des modes d’évaluation qu’induit la réforme. Un chantier auquel la direction diocésaine travaille à donner une dimension collective : « Il s’agit d’interroger le rythme, la forme de l’évaluation, mais aussi son niveau d’exigence, les notes comptant désormais pour l’obtention du bac. D’où notre proposition de formations inter-établissements, notamment en direction des coordinateurs matière en vue d’une harmonisation diocésaine de l’évaluation », conclut Sylvie Seillier.

Une multitude de dossiers de rentrée

Aide au diagnostic de la qualité de l’air, soutien à la mise en conformité avec le RGPD et à la révision des valeurs cadastrales, formation des personnels Ogec au repérage des catégories socio-professionnelle, désormais prise en compte pour le calcul des allocations de moyens.  L’ordre du jour de la pré-rentrée amiénoise, très dense, a néanmoins permis aussi, des échanges en vérité, des moments de convivialité un temps de ressourcement spirituel avec une messe donnée par Mgr Olivier Leborgne.
Tour d’horizon des thèmes principaux abordés

Les 800 ans de la cathédrale

Pour cet événement, fêté à partir de décembre 2019, le pôle pastoral de la direction diocésaine s’adjoint un groupe de travail qui, sur le modèle de celui créé pour la Semaine du Réenchantement de février 2019, compte des représentants de tous les acteurs des communautés éducatives (élèves compris). Parmi les nombreux temps forts déjà envisagés :

Une journée de cours dans la cathédrale pour les collégiens, une visite nocturne pour les lycéens, un banquet médiéval réalisé par un restaurant d’application, un concours d’éloquence…

Le premier degré

Parmi les grands rendez-vous de l’année : une grande journée Laudato Si pour tous les enseignants de cycle 3, les animateurs pastoraux et les chefs d’établissement se tiendra au printemps 2020.
Un pédagotroc sur les mathématiques en cycle 3 (CM1_CM2_6) est prévu le 22 janvier prochain, faisant suite au forum MATH’ERNELLE organisé en janvier 2019. Dans le cadre de la stratégie de prévention sur les dangers d’Internet, un défi « Semaine sans écran » sera enfin proposé en mai.

Par ailleurs, le territoire, qui compte une importante proportion d’écoles à 3 ou 4 classes, offre un terrain d’expérimentation concret au concept de « responsabilité en partage », avec la création l’an dernier de trois « doubles directions » : À la faveur de départs (retraite ou démission), un chef d’établissement est nommé sur deux écoles à la fois, sur un nombre de classe total lui permettant de bénéficier d’une décharge complète. « Cette organisation permet de mutualiser certains moyens tout en préservant la spécificité de chaque projet pédagogique et la richesse de la proposition globale de l’Enseignement catholique sur le territoire », analyse explique Martine Dargent, adjointe à la directrice diocésaine.

Alerte sur la voie professionnelle

Alors que les lycées pros débutent aussi leur réforme, l’hémorragie de leurs filières professionnelles se poursuit. Une chute préoccupante qui touche même cette année les inscriptions en filière hôtellerie restauration, un secteur pourtant en fort besoin de main d’œuvre.Cette situation conduit la direction diocésaine de la Somme à créer une commission « Réforme de la formation professionnelle ». Elle permettra de faciliter une stratégie collective d’ouvertures d’UFA, rattachées au CFA régional Jean Bosco des Hauts-de-France et d’identifier des interlocuteurs représentant l’enseignement catholique auprès des branches professionnelles.

L’accent sera aussi bien sûr mis sur les maternelles.

Ses enseignants se verront proposer deux journées sur l’initiation à l’anglais, dans le souci d'accompagner au mieux l'abaissement à trois ans de l'obligation d'instruction:  « Cela correspond à notre volonté d’éviter l’écueil de la primarisation en préservant des apprentissages et une pédagogie spécifiques, centrés sur les besoins de l’enfant. De même nous considérons que notre caractère propre se joue aussi dans la souplesse de nos réponses aux demandes d’aménagements de scolarités demandés par les famille », commente Martine Dargent.

 

Les psychologues

Sollicitées sur 400 interventions l’an dernier, les trois psychologues de la direction diocésaine ne peuvent faire face à une demande aussi importante.

Aussi le conseil de direction de la DDEC décidé d’introduire une contribution financière dépendant du quotient familial – de 10 à 100 euros- pour le passage des bilans psychométriques. Ceci permet, sans pénaliser les familles les plus modestes, de réguler l’engorgement du service, afin qu’il reste disponible pour répondre à l’appel des chefs d’établissement pour des élèves en situation de mal être et pour la gestion de crises ou de situations délicates.

Leur responsable Béatrice Coutelet, également référente du Programme de protection des publics fragiles (PPPF), a aussi présenté le dernier guide PPPF publié par le Sgec et dédié au recueil de la parole de l’enfant.

L’école inclusive

 

En cette rentrée, les établissements catholiques de la Somme ont été globalement bien dotés en Accompagnants d’élèves en situation de handicap, puisque sur 199 élèves une notification d’aide humaine de la MDPH, 175 ont bénéficié, dès la rentrée d’AESH. Par ailleurs, les services du rectorat ont organisé à la rentrée une réunion d’information dédiée à l’enseignement catholique, pour clarifier les nouvelles procédures d’accompagnement des élèves en situation de handicap.

Seul bémol, certains AESH ont été nommés d’office, sans entretien préalable et donc sans aval explicite des chefs d’établissement. Un état de fait qui a conduit ces derniers à retarder, symboliquement, la prise de poste de ces AESH, afin de signifier aux instances académiques que les procédures de recrutement spécifiques au privé doivent être respectées.

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