Le chef d’établissement, pilote d’effets
Les 22 et 23 janvier derniers, lors du congrès annuel du Snceel qui s’est tenu à Bordeaux, plusieurs centaines de chefs d’établissement ont réfléchi à la notion de leadership.
Sur le thème « Le chef d’établissement, pilote d’effets », le Snceel, l’une des organisations professionnelles de chefs d’établissement de l’enseignement catholique, a tenu son congrès annuel à Bordeaux, les 22 et 23 janvier derniers. Ce temps fort, a été initié par Vivien Joby, président du Snceel, qui, après avoir accueilli les quelques centaines de participants venus de tout le territoire – et même des Antilles –, a souhaité plus de « pertinence et de cohérence » dans les actions communes afin d’établir « une identité propre » au Snceel. Ce rassemblement a donc été marqué par une interactivité accrue avec la salle lors des débats, tous les congressistes pouvant faire part de leurs remarques en direct sur l’écran central, via une application dédiée.
Interrogés par Denis Peyron, journaliste à La Croix et spécialiste des questions éducatives, plusieurs intervenants se sont succédé à la tribune. Le père Pascal Sevez, directeur du Centre d’études pédagogiques ignatien (CEP-I), a guidé les chefs d’établissement dans une savoureuse relecture de passages choisis des Écritures pour aider l’assistance à s’emparer de la « pédagogie divine » assise sur « l’expérience de vie ». Car « s’il y a un “effet Jésus”, c’est parce que Jésus vit de l’expérience d’accueillir la Parole de Dieu », a-t-il développé. Je dépends des pas que l’autre a déjà faits. Je m’adapte et n’en suis pas l’initiateur, je lui laisse faire le pas de plus ».
Puis, le chercheur en sciences de l’éducation, Denis Christol, de l’université de Paris-Nanterre, a exposé les différences entre un chef et un leader. « Le leader, c’est celui qui est suivi », a-t-il pointé en distinguant le « pouvoir sur », qui implique une forme de coercition et le « pouvoir de », qui permet l’initiative et l’envie, entraînant les autres dans une « soumission librement consentie ». Le chercheur a aussi alerté sur la tendance à la « managérialisation de la pédagogie », en insistant sur la « visée la plus longue possible de l’intérêt général » et l’importance de « garder une part de valorisation de l’humain ».
Enfin, Laurent Chabannes, créateur de « C’est qui le Patron ? », une marque qui vend des packs de lait à un prix équitable pour les producteurs, a partagé son expérience et sa vision entrepreneuriale, en soulignant « l’importance d’être aussi un leader de la relation humaine ». Chaque intervention était agréablement ponctuée par un intermède au cours duquel la comédienne Marie-Christine Barrault, accompagnée au piano, récitait des extraits de son spectacle sur sœur Emmanuelle. Enfin, une table ronde réunissant le chercheur, des entrepreneurs et un chef d’orchestre, a permis de cerner le rôle des chefs d’établissement au regard de leurs expériences croisées de décideurs. La séance s’est terminée par les encouragements de Philippe Delorme, secrétaire général de l’enseignement catholique, qui a incité les chefs d’établissement à « prendre du temps pour eux et leur famille car un chef d’établissement épuisé n’a plus de lucidité ».
Avant de quitter l’amphithéâtre, un sympathique final a réuni chaque groupe régional de chefs d’établissement, pour un défilé où tous ont pu valoriser leurs actions, et exprimer par des chansons, des saynètes et des vidéos les spécificités de leur métier et de leur région.
François Husson