CPGE : préparer les concours confinés ?

Près de deux semaines après le retour et le confinement des étudiants de CPGE chez eux – à
l’exception de quatre préparationnaires étrangers pour cause de fermeture des frontières –
Alain Copin, chef d’établissement de cet établissement uniquement dédié à l’enseignement
supérieur, respire : « Le réseau tient bon ! Nous avions eu le temps de nous préparer car nous
avions anticipé que tôt ou tard nous risquions de devoir fermer nos portes. » Les enseignants
ont donc eu droit à une formation pour leur expliquer comment faire des cours à distance,
se familiariser avec les outils mis à leur disposition : Microsoft Teams, avec l’application
Zoom qui permet notamment d’utiliser un tableau blanc infini, Camtasia pour monter des
vidéos ou encore Tinyscanner pour rendre les devoirs. Sans parler de la messagerie interne
Outlook Saliege.

Pour aider les novices ou tout simplement permettre aux uns et aux autres
d’échanger leurs réflexions, des tuyaux et des bonnes pratiques, les professeurs ont
également créé un forum. Concernant les étudiants, il y avait deux impératifs : finir le
programme des premières années de prépa dans les meilleures conditions et boucler celui
des secondes années mais surtout engager les révisions comme prévues pour qu’ils puissent
aborder les concours d’accès aux grandes écoles avec toutes les cartes en main.

« Nous avons calqué l’emploi du temps sur celui qui aurait dû être suivi si l’établissement n’avait pas fermé », précise le directeur. Premiers cours, premiers réglages. Les premiers pas, dès le lundi 16 mars, ont été l’occasion d’effectuer quelques réglages : « L’échange visuel n'a pas le même intérêt qu'en cours et j'ai préféré n'utiliser que le micro, explique Jacques Voisenet, professeur d’histoire en ECE et ECS (classes prépa économiques).

Cela libère l'écran pour passer un Power Point (n'ayant plus le tableau pour écrire le plan et les mots essentiels), de réduire le débit du cours audio (commentaire de photos, cartes ou documents divers) et de fixer l'attention des étudiants en favorisant leur prise de notes. De temps en temps, je pose une question pour voir si l'avancée du cours ou le plan sont compris. Des élèves interviennent aussi sur un point particulier et cela rend le cours assez fluide et leur attention me paraît satisfaisante. » Même préoccupation chez Hélène Mouilleron, professeur de physique en prépa scientifique : « Les étudiants, bien plus habitués que leurs professeurs à ces plateformes en ligne, ont pris le réflexe de couper leur micro pour écouter le professeur, et de l'ouvrir uniquement lorsqu'on les y invite. Ils peuvent aussi poser des questions par écrit sur le fil de discussion. Cela permet en direct d'apporter une précision, de faire un calcul ou un schéma sur le tableau virtuel partagé. »

Si la majorité des étudiants – et des enseignants – suivent le rythme sans trop de difficulté, ceux qui ont des problèmes et qui préfèrent se faire oublier sont appelés systématiquement pour un point individuel. « Et les professeurs restent disponibles par mail à tout moment », ajoute le directeur. Les enseignants, même s’il ne s’agit pas pour eux d’abandonner le face-à-face, envisagent, après avoir goûté à l’enseignement à distance, de recourir à ce dernier dans le futur pour aider les élèves malades à suivre les cours ou pour remplacer un enseignant momentanément absent si nécessaire…