Les défis de la rentrée vus par l’Apel

Approches pédagogiques renouvelées, solidarité envers les familles fragilisées par la crise,
visibilité sur les modalités d’accueil envisagées en fonction des évolutions de la situation
sanitaire… Gilles Demarquet, président de l’association des parents d’élèves de
l’enseignement libre pointe les défis qui vont accompagner cette rentrée inédite.

Propos recueillis par Aurélie Sobocinski

 

Quels sont les principaux défis qui se profilent pour la rentrée de septembre ?

Gilles Demarquet : J’en vois prioritairement trois pour l’Ecole catholique. Le premier c’est d’accueillir tous les élèves qui le souhaitent. On l’entend, on le voit, un nombre croissant de familles souhaitent que leurs enfants puissent retrouver le chemin de l’école -ce n’est plus tenable. Comment les établissements vont-ils pouvoir s’organiser pour y répondre ? Cette capacité d’accueil et la visibilité qui va être donnée aux parents en la matière vont contribuer de façon assez décisive au choix des familles de s’inscrire dans l’enseignement catholique à la rentrée. Cela ne signifie pas nécessairement un accueil de tous en classe -la rentrée sera a priori pas comme les autres sur le plan sanitaire -, mais que chaque jeune soit présent dans l’établissement.


Que peut proposer l’enseignement catholique dans cette perspective?

G.D. : Il va falloir se s’interroger ensemble, en communauté éducative, sur ce qui a été vécu
pendant le confinement qui pourrait déboucher sur des approches renouvelées pour une École différente. Est-ce que cela peut être, par exemple, le développement de la classe inversée ? Quelle peut être notre valeur ajoutée dans les propositions d’activités en dehors de la classe ? Cette réflexion doit intégrer notamment la mise en œuvre du dispositif « 2S2C » (Sport, santé, culture, civisme), dont le ministre de l’Éducation nationale souhaite la généralisation et qui concerne aussi les établissements de l’enseignement catholique. Nous sommes appelés à inventer d’autres temps éducatifs avec l’appui de tous les partenaires -les mairies, les parents, l’Ugsel...


Vous insistez aussi sur l’accompagnement des familles touchées économiquement par la crise ?

G.D. : Certaines ont perdu leur travail, d’autres ont dû fermer leur activité et se trouvent aujourd’hui dans une grande fragilité matérielle. Comment permettre à ces familles de rester dans l’Enseignement catholique? Nous travaillons activement sur la solidarité pouvant être mise en place pour soutenir celles d’entre elles qui n’ont pu honorer leurs contributions familiales pendant cette période difficile. Mais tout le monde doit jouer le jeu ! Une vision à long terme s’impose : la priorité c’est que les établissements redémarrent et que les familles puissent être accueillies, en sachant que certaines d’entre elles n’oseront pas demander de l’aide. A ce titre, il faudra être attentifs aux écarts dans les taux de réinscription qui apparaîtront à la rentrée.


Parmi les sujets d’alerte, vous mettez également en avant la question de l’évaluation…

G.D. : C’est un vrai sujet de préoccupation au regard de ce qui a été vécu ces derniers mois avec le passage des examens en contrôle continu, la suppression des notes au troisième trimestre…La crise sanitaire a bousculé les pratiques d’évaluation et leur impact sur l’orientation des élèves au niveau post-bac notamment. Il nous semble primordial qu’une réflexion puisse se mettre en place au sein des établissements pour promouvoir une évaluation plus formative que sommative qui permette aux jeunes de grandir.

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