Pas d’équité sans fraternité
Le 18 novembre, Philippe Delorme, le secrétaire général de l'Enseignement catholique, a conclu les tables rondes qui se sont tenues depuis le Salon des maires en souhaitant voir la participation de l'Enseignement catholique au service public d'éducation reconnue à sa juste place.
En illustration de cette demande, deux tables rondes dédiées, l'une à l'association de l'Enseignement catholique à l'éducation prioritaire, et l'autre à sa volonté de rendre ses élèves acteurs des JO 2024, pourront sans doute contribuer à balayer les réticences idéologiques, politiques et financières qui pourraient persister. Gageons que ces exemples éloquents amènent à penser l'Enseignement catholique, non plus dans une logique de concurrence avec le public mais bien dans un rapport "de juste complémentarité".
À l'heure où tous les éducateurs se doivent d’œuvrer à construire une société plus fraternelle, il convient en effet de rappeler qu'il n'est pas de fraternité sans équité.
Des judokas à l'école des JO
Marino Andreazzoli, enseignant dans l’ensemble scolaire Jean-Baptiste de la Salle (Saint-Denis), labellisé Génération 2024
et 4 élèves judokas :
Anaïs Blackmon
Samuel Ravelojaona
Isaia Danican
Amine Mokhtar
« Le judo est une école de persévérance et du respect. » C’est fort de cette conviction et porté par sa passion pour ce sport que Marino Andreazzoli, enseignant d’EPS de l’ensemble scolaire Jean-Baptiste de la Salle de Saint-Denis (93), l’un des premiers établissements catholiques à avoir été labellisé Génération 2024, entend associer ses élèves à l’aventure des JO de Paris.
L’obtention du label consacre la création d’une section sportive de l’établissement qui s’est construite autour de partenariats étroits noués avec les clubs de judo de l’Ile-Saint-Denis, pour le périscolaire, et de Saint-Denis pour les quatre heures d’entrainement hebdomadaire des membres de la section judo. Ceux-ci se voient aussi proposer de nombreux championnats, stages et sorties sportives – comme la rencontre de Larbi Benbouadaoud, coach de l’équipe de France –, avec à la clé un voyage au Japon.
Pour Marino Andreazzoli, ce label vise maintenant à rendre ses jeunes acteurs de la manifestation olympique : « En 2019, nous sommes rentrés du Japon pleins de projets pour que les élèves prennent une part active dans la manifestation, par exemple en préparant, nettoyant et aérant les installations sportives ou en organisant le tri sélectif. Nous avons mis en place ce système dans l’établissement et les jeunes s’organisent actuellement pour proposer aux collectivités locales de le déployer hors des murs ! » Parmi les autres initiatives portées par les jeunes sportifs de Jean-Baptiste de la Salle, il y a la lutte contre le gaspillage alimentaire et l’amélioration de la cantine ou encore un système de parrainage et de tutorat d’élèves de 6e par des lycéens, particulièrement apprécié par Amine : « On parvient à la faire progresser en se souvenant des propres difficultés qu’on a pu avoir et c’est très riche pour nous de les voir évoluer. Cela rejoint les valeurs d’entraide du judo. Et en plus de tous ces aspects, notre nouvelle activité de démarchage des collectivités pour nous offrir des occasions de vivre les JO de Paris de l’intérieur nous entraîne sacrément à l’oral ! »
L’éducation prioritaire : une mission pour l’Enseignement catholique !
Jean-François Chauvin
Chef d’établissement à Saint-Benoît-Maupertuis, au Mans
Saint-Benoît-Maupertuis, au Mans (72), n’est pas connu pour ses résultats au brevet. Son excellence se fonde sur un bien autrement plus précieux : l’implication exemplaire de son équipe, qui lui vaut, depuis la rentrée, de compter parmi les six établissements catholiques ayant intégré l’expérimentation lancée par le ministère de l’Éducation sur l’éducation prioritaire.
Dans ce groupe scolaire – maternelle, école, collège – du cœur de ville, la moitié des effectifs vient du quartier frontalier des Sablons qui relève de la politique de la Ville. Il compte 14 nationalités et 62 % de boursiers. « Cette expérimentation nous apporte une bouffée d’oxygène en termes de moyens financiers et humains mais aussi et surtout elle nous conforte dans notre mission d’accueillir la diversité et d’accompagner la fragilité. On mouille la chemise, comme me l’a dit un jour un parent mais le sentiment d’utilité qu’on en retire est gratifiant pour l’ensemble de l’équipe. », explique Jean-François Chauvin, le chef d'établissement.
Concrètement, le CLA (Contrat local d’accompagnement) signé avec l'académie en septembre dernier a fait passer son enveloppe d’HSE de 30 à 100 heures supplémentaires, permettant de déployer une politique de soutien scolaire sur mesure. Des séances coup de pouce, axées sur la maîtrise du français, viennent agrémenter les études animées par les enseignants à l’aide du renfort de personnels de vie scolaire. Des ateliers sur la confiance et le travail des émotions ont été inclus dans l’emploi du temps et des temps de révision au brevet sont organisés pendant les vacances scolaires. Parallèlement, des ateliers dédiés aux parents sur la maîtrise des outils numériques de liaison Famille-école viennent resserrer une relation de proximité déjà fort étroite.
En prime, Saint-Benoît a aussi démarré une autre expérimentation cette année, avec l’Agence régionale de santé, cette fois-ci. Elle consiste à mettre en place un pôle santé composé d’acteurs du secteur médico-social qui, à l’aide d’un enseignant spécialisé, animent un dispositif d’autorégulation permettant l’accueil en inclusion intégrale d’enfants souffrant du trouble du spectre autistique.
« Ce dispositif permet à Saint-Benoît d’accueillir en 6e trois élèves en situation de handicap et profite à l’ensemble du collège, puisque son équipe a été formée à l’enseignement explicite ainsi qu’à la pédagogie positive », estime Jean-François Chauvin. Un pas de plus au service de l’accueil de tous.
Participer à l'éducation de TOUS les futurs citoyens
James Cheron
Vice-président de la Région Île-de-France,
en charge des lycées
Maire de Montereau
« Avec 95 000 de nos 500 000 lycéens scolarisés dans le privé, on ne peut que cautionner le fait que l’Enseignement catholique participe à l’éducation des futurs citoyens », déclare James Cheron, vice-président de la Région Île-de-France, chargé des lycées, pour justifier une politique régionale résolument paritaire : en plus des 61 millions d’euros de soutiens obligatoires à l’enseignement privé, la Région Île-de-France lui ouvre la plupart des dispositifs dont profite le public, selon des modalités un peu différentes parfois.
Par exemple, la Région Île-de-France participe aux dépenses d’investissement de l’Enseignement catholique dans le domaine de la rénovation et de la sécurisation des bâtiments à hauteur de 12 millions d’euros. Quant aux mesures relevant des aides sociales aux jeunes, elles sont octroyées, sur critères sociaux, à l’ensemble des élèves sans aucune distinction, qu’il s’agisse de mise à disposition de matériel informatique comme d’aide pour les transports et pour la restauration scolaire.
L'École catholique a toute sa place
dans l'éco-système territorial
Frédéric Leturque
Maire d’Arras,
Co-Président de la Commission éducation de l’AMF,
Président de l'association des maires du Pas-de-Calais.
« L’Enseignement catholique est un partenaire à part entière de la construction éducative de la jeunesse et mérite à ce titre d'avoir toute sa place dans l’écosystème territorial.
C’est pourquoi nos projets éducatifs territoriaux doivent concerner tout autant le privé que le public.
Je ne comprends pas pourquoi certains convoient une image élitiste de l’Enseignement catholique alors qu’il existe une tarification sociale dans ses établissements.
Les deux systèmes sont complémentaires et tous deux ont leur intérêt.
Chaque année je visite toutes les écoles, collèges et lycées de ma ville, publics comme privés, sans distinction.»