Le terrain, terreau d’expérimentations

 

Le think-tank VersLeHaut a organisé un débat le 31 août dernier au siège du Groupe Bayard à Montrouge autour de « Notre école, faisons-la ensemble ». Il s’agissait de tirer les premiers enseignements du projet proposé par le CNR (Conseil national de la refondation) Education.

Mireille Broussous

Voir loin mais agir vite, tel pourrait être le mot d’ordre du CNR Education et de son rapporteur général David Djaïz. Car, le constat est là, implacable au fil des évaluations qu’il s’agisse de Pisa, de Timms ou de la Depp (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) : les performances des jeunes français sont en berne. « L’organisation du service public de l’éducation n’est plus en accord avec des besoins éducatifs plus complexes et diffractés qu’auparavant », observe David Djaïz. Le CNR propose de sortir l’école d’une logique standardisée pour faire autant que possible du sur-mesure en s’orientant vers une territorialisation de l’organisation scolaire. Par ailleurs, il devient clair que le modèle classique de la relation d’autorité entre le maître et l’élève ne fonctionne plus. « C’est tout l’environnement des élèves qui doit se mobiliser : les enseignants, bien sûr, mais aussi les familles et le périscolaire », affirme David Djaïz. Exit les circulaires top down du Ministère de l’éducation nationale. « Le terrain doit être à l’origine d’expérimentations que l’on évalue ensuite », ajoute le rapporteur du CNR.

L’an dernier, un appel a été lancé à tous les chefs d’établissement et directeurs d’écoles afin qu’ils entrent avec leur équipe dans la démarche expérimentale « Notre école, faisons-là ensemble » basée sur le volontariat. Le protocole est assez simple : il s’agit dans un premier temps de réaliser un diagnostic précis des difficultés rencontrées par les élèves d’un établissement ou d’un groupe d’établissements publics ou privés sous contrat et de proposer des pistes d’action pédagogiques afin d’y remédier. Les inspecteurs et recteurs sont là pour appuyer et nourrir les projets pédagogiques sans pour autant décider à la place des équipes. Puis lorsque c’est nécessaire, un soutien financier peut être demandé au Fonds d’innovation pédagogique doté de 500 millions d’euros sur 5 ans.

Un enjeu de formation des équipes
à la conduite de projets

Un an après le lancement de « Notre école, faisons-là ensemble », 19 000 établissements ont initié un projet, 8000 l’ont conduit à maturité et 3000 ont reçu un financement qui devrait permettre de le mettre en œuvre dès cette rentrée. « Les projets doivent avoir une dimension pédagogique forte », précise David Djaïz. Ainsi, dans l’Orne, un collège et des écoles ont créé un club de mathématiques et ont repris à leur compte le dispositif Sac à maths qui souhaite encourager, notamment les filles, à réussir dans cette discipline. « Il ne s’agit pas d’être éminemment innovants pour obtenir les financements nécessaires. Notre objectif, c’est moins l’innovation que la pérennisation et le partage de solutions existantes », assure David Djaïz.

Autre projet qui illustre parfaitement l’esprit de CNR Education, le projet 3PM d’Excellence. Destiné à des élèves de 3ème prépa-métiers, son objectif est de développer la capacité d'engagement, les compétences psychosociales, de créer du lien entre les partenaires autour de l'élève, afin que ces derniers bénéficient d’une bonne orientation. Il est porté par l’enseignante en PLP-Biotechnologies Santé Environnement, Sarah Zorman et Angélique Figari, spécialiste en ingénierie socio-éducative et co-fondatrice de la Maison de l’apprendre à Lyon. Démarré dans un établissement, il a convaincu une fois bien calé les équipes enseignantes de plusieurs établissements.

Un projet qui se développe au niveau territorial et qui correspond donc parfaitement au modèle recherché par le CNR. Mais il n’a pu se concrétiser que grâce à la ténacité de deux passionnées d’éducation qui connaissaient bien les rouages du monde éducatif et des collectivités locales. Pour multiplier le lancement de projets de cette nature, « il faudrait former les équipes à la conduite de projet et à la recherche de financements, affirme Guillaume Soulier, responsable de l’innovation pédagogique à la Fondation d’Auteuil et que les personnes intéressées puissent accéder à des modules hors éducation nationale ». Histoire de découvrir d’autres cultures…

Un an après le lancement de « Notre école, faisons-là ensemble », 19 000 établissements ont initié un projet, 8000 l’ont conduit à maturité et 3000 ont reçu un financement qui devrait permettre de le mettre en œuvre dès cette rentrée.

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