J’invite tous les acteurs de l’Enseignement catholique à se mettre en mouvement, à partir de l’automne 2015 et sur une échelle de cinq à six ans, pour continuer – dans le prolongement de tout ce que nous avons vécu depuis des années, des Assises à la Convention nationale de 2013 – à placer l’École dans une démarche collective de mobilisation et de confiance. Bien sûr, je sais le poids du quotidien, comme je mesure l’ampleur et parfois la difficulté des tâches de chacun : il ne s’agit pas de les occulter, ni de charger plus encore la barque.
Mais je suis convaincu du fait que nous avons tout à gagner à placer notre action dans une perspective porteuse de sens.
Ensemble, nous avons à ouvrir des horizons pour habiter l’École d’aujourd’hui et construire celle de demain !
RÉENCHANTER L’ÉCOLE :
> POURQUOI ET POUR QUOI ?
> EXPLORER, PENSER, PARTAGER
> LES RENDEZ-VOUS DE LA FRATERNITÉ
Réenchanter les possiblesEn premier lieu, pour les enfants et pour les jeunes, réenchanter l’École parce que nous refusons le climat d’impuissance et de résignation qui traverse parfois notre air du temps. Il s’agit donc de proposer aux élèves, aux parents, aux membres du personnel, aux professeurs, aux formateurs, aux bénévoles, aux chefs d’établissement, aux tutelles, aux directeurs diocésains, d’inscrire leur quotidien dans un projet commun. Oui, il est possible d’avoir prise sur le réel et d’être des acteurs de notre vie commune ! |
Réenchanter les possiblesEn premier lieu, pour les enfants et pour les jeunes, réenchanter l’École parce que nous refusons le climat d’impuissance et de résignation qui traverse parfois notre air du temps. Il s’agit donc de proposer aux élèves, aux parents, aux membres du personnel, aux professeurs, aux formateurs, aux bénévoles, aux chefs d’établissement, aux tutelles, aux directeurs diocésains, d’inscrire leur quotidien dans un projet commun. Oui, il est possible d’avoir prise sur le réel et d’être des acteurs de notre vie commune ! |
Réenchanter les horizonsEn troisième lieu, réenchanter l’École parce que nous avons besoin d’un élan, d’un souffle, et d’une parole qui rassemble, qui mobilise, qui donne envie. Réenchanter l’École, ce serait ainsi fédérer les énergies et appeler à se mettre en mouvement autour d’orientations majeures (engagement pour les réussites, questionnement des savoirs, créativité éducative et pédagogique...) par rapport auxquelles nos modes de fonctionnement et nos pratiques seraient interrogés, et autant que de besoin, renouvelés. Dans la volonté d’une École catholique éduquant dans l’Espérance afin d’éduquer à l’Espérance, le Réenchantement ne consiste ni à rêver ni à se déguiser en Merlin l’Enchanteur : il s’agit de nous appuyer sur les ressources de notre tradition ecclésiale et éducative, dans tout ce qu’elle a de vivant, pour proposer des horizons à la fois réalistes et mobilisateurs, unifiés autour d’une vision d’ensemble dans le souci permanent de relier tout ce dont la séparation contribue à la perte de sens. |
L’objectif est celui d’une dynamique de réflexion partagée, d’animation et de mobilisation autour d’un projet auquel chacun s’associera à son rythme et selon les modalités qu’il jugera les plus appropriées. La démarche s’articulera autour de trois principes d’action connectés les uns aux autres et proposés à tous comme autant d’invitations à la créativité, à la réflexion et au partage
Pour la rentrée 2015 et au cours de l’automne, des pistes et des outils de travail seront donc proposés en ce sens : j’ai mis en place différents groupes de travail dont la réflexion, coordonnée par un Conseil de lancement du Réenchantement, viendra nourrir les trois dimensions de notre action commune.
D’une part, à partir de l’automne 2015, un travail d’exploration et de recherche associant jeunes et adultes dans une série de micro projets et d’expérimentations partout où il sera choisi de le faire : établissements, lieux de formation, structures diverses, observatoires de pédagogie, ECM, etc.
En s’appuyant sur tout ce qui se vit déjà ici ou là, en favorisant la prise de recul et la mutualisation, en privilégiant les initiatives qui font appel à tous – à commencer par les élèves, il s’agira de promouvoir une logique des petits pas et de la capillarité bien plus que la recherche d’hypothétiques grands soirs. Des axes de travail accompagnés d’orientations méthodologiques seront proposés à cet effet.
D’autre part, dès l’année scolaire 2015-2016, un travail de pensée qui fera appel à la participation de tous pour outiller notre compréhension du monde. Face aux mutations de tous ordres qui marquent notre temps présent, face au sentiment d’une complexité de plus en plus difficile à maîtriser, nous avons en effet besoin de pouvoir nous “situer”, et il nous faut, pour cela, des clefs de lecture et d’analyse.
Pour pallier notre difficulté à prendre du recul, et pour nous appuyer sur des apports vivifiants, il s’agira d’élargir notre regard au-delà du champ scolaire pour éclairer ce que nous vivons.Théologie,philosophie, sociologie, économie, etc : diverses disciplines peuvent ainsi éclairer chacun dans sa vision du présent.
Enfin s’ouvrira, par la suite, la phase de l’élargissement qui prendra la forme de rassemblements à taille humaine, dans lesquels jeunes et adultes seront partie prenante. Tout d’abord dans les établissements qui le souhaiteront, puis à l’échelle des territoires (diocèses, académies, régions) et enfin au niveau national au printemps 2018. Ce dernier rassemblement aura pour objectif d’ouvrir sur des suites et surtout de ne pas clore quoi que ce soit.
Les participants seront les responsables institutionnels et les membres des communautés éducatives, y compris les élèves qui participeront pleinement aux travaux, ainsi que des acteurs extérieurs à l’École : mouvements d’Église, représentants de la société civile et du tissu associatif, universitaires, politiques, etc...
Prendre le temps d’une pause, ouvrir l’espace d’une « oasis de décélération », se donner du recul pour analyser l’existant et éclairer l’avenir que nous souhaitons : telles ont toujours été les finalités de nos journées des communautés éducatives, tels seront pareillement les objectifs des Rendez-vous de la Fraternité.
Si nous voulons aller plus loin que les discours incantatoires, il nous faut en effet nous interroger sur les conditions d’une fraternité effective. Loin de constituer un idéal abstrait et désincarné, la fraternité vaut comme un appel pressant, et en cela elle nous pose des questions très concrètes qui peuvent nous servir de fil conducteur au Réenchantement de l’École.
C’est pourquoi vous seront communiqués par le SGEC, en temps utile, des éléments de réflexion et des outils qui pourront vous aider à préparer et à vivre ces premiers Rendez-vous de la Fraternité. Ils porteront sur notre capacité commune à partager une parole libre, authentique, respectueuse et efficiente.
Comment passer de la juxtaposition de paroles individuelles nourries par la seule émotion à une parole collective fondée et argumentée ?
Comment échanger, dans l’écoute véritable, une parole par laquelle chacun accepte de s’exposer et de se laisser transformer ? Comment passer des mots superficiels à la parole qui engage ? Comment laissons-nous la Parole éclairer et nourrir nos paroles ? Autant d’interrogations essentielles, parmi d’autres encore, qui pourront incarner la démarche de Réenchantement et, sur la base de ce qui aura été vécu et réfléchi en cette occasion, contribuer à la structuration collégiale de la suite de la démarche.
En effet, mais vous l’avez déjà compris, cette démarche ne passe surtout pas par la définition d’un programme “clefs en main” qu’il s’agirait d’appliquer à la lettre.
Notre tradition éducative chrétienne nous offre une source et nous indique un horizon : en cela, elle constitue bien une tradition vivante, qui nous invite à inventer de nouveaux chemins. C’est pourquoi je choisis très délibérément d’en appeler à la liberté et à l’initiative des acteurs de l’Enseignement catholique, à la lumière de la belle formule de saint Grégoire de Nysse selon laquelle « c’est parce qu’il ne savait pas où il allait qu’il [Abraham] savait qu’il était sur le bon chemin ».
Le Réenchantement de l’École sera ce que nous en ferons ensemble.