À l’assaut du sup!

Le diocèse d’Ille-et-Vilaine en collaboration avec Renasup 35 a organisé vendredi 23 novembre des rencontres entre enseignants du secondaire et responsables de formation d’établissements d’enseignement supérieur. Plus de 850 enseignants ont joué le jeu et ainsi affiné leur connaissance du supérieur en découvrant de nombreux parcours de formation.

Mireille Broussous

Au lycée Saint Joseph de La Salle à Rennes (de g à d) Marie-Anne Leduby, Marie-Anne Leduby et Sophie Potel (DDEC d’Ille-et-Vilaine), Yanne Le Prince (Renasup 35), Ivan Leroux, directeur du groupe scolaire Saint Jean (dont fait partie le lycée Saint Joseph)

Réunis dans un amphithéâtre de l’Université Rennes 2, beaucoup d’enseignants des lycées d’Ille-et-Vilaine retrouvent un environnement familier. « J’ai suivi ici mes études de langues il n’y a pas très longtemps, explique une jeune professeure du lycée Saint Joseph de Bruz. Pourtant, je constate qu’en quelques années, beaucoup de choses ont changé dans l’université».

Pendant une heure, devant 150 enseignants, la directrice du SUIOP (Service commun universitaire d’information et d’orientation) Elise Lamare Violet, ainsi que le vice-président de l’université en charge de l’orientation et de l’insertion professionnelle Erwan Quesseveur, présentent cette grosse machine qu’est l’université Rennes 2. Composée de 5 UFR (langues, arts, lettres et communication, sciences humaines, sciences sociales et Staps), elle accueille 24 000 étudiants. « En fonction de la discipline choisie, le quotidien des étudiants n’est pas le même. S’ils apprennent le breton, ils se retrouvent dans une ambiance un peu familiale. S’ils optent pour les Staps ou la psychologie, l’enseignement est massifié. Cela exige d’eux une grande capacité d'autonomie », assure Erwan Quesseveur.

Ici, les étudiants ont une grande marge de manœuvre. « Ils peuvent personnaliser leurs parcours par des enseignements transversaux, l’apprentissage de langues étrangères – 18 langues sont enseignées - la mobilité internationale, les stages en entreprise, l’engagement dans des associations, l’année de césure, le sport, etc. », indique Elise Lamare Violet. Cette diversité d’options s’accompagne d’un encadrement important car l’université a pour mission de travailler à l’insertion professionnelle de ses étudiants. « Il existe des dispositifs d’accompagnements préprofessionnels mais aussi méthodologiques et informatiques », ajoute Elise Lamare Violet.

L’Institut catholique de Rennes, une autre culture

D’autres enseignants des établissements secondaires ont choisi de se rendre à Rennes 1 où un effort d’orientation important est réalisé en première année. Les étudiants qui ne se sentent pas à leur place dans la formation choisie bénéficient très vite d’entretiens d’orientation. D’autres professeurs se sont rendus à l’ICR (Institut catholique de Rennes) où la culture est bien différente de celle des universités. « Là, les étudiants sont suivis individuellement et très encadrés. C’est intéressant de le savoir car cette approche peut correspondre à certains jeunes mais pas à d’autres qui pourraient avoir le sentiment de se retrouver à nouveau au lycée », analyse Véronique, professeure d’histoire-géographie au lycée Saint Joseph de Bruz.

Interrogations et étonnement

Après avoir découvert tout au long de la matinée diverses filières de formation, les enseignants consacrent l’après-midi à échanger entre collègues du même établissement leurs informations et impressions. Ce qui a notamment retenu leur attention, c’est le focus mis aussi bien par les universités que par les écoles sur la maîtrise de la langue française. « À l’école d’ingénieurs Ecam Rennes, les étudiants doivent désormais atteindre un certain niveau en orthographe pour que leur diplôme soit validé », explique Anne-Françoise, professeure de physique-chimie à Saint-Joseph de Bruz.
Ils ont aussi découvert les difficultés que rencontrent les étudiants lorsqu’ils arrivent dans le supérieur. Ainsi, en classes préparatoires scientifiques, la plupart des élèves sont plutôt à l’aise en mathématiques mais souvent dépassés en physique. D’autres, qui entrent en BTS de commerce international doivent faire d’énormes efforts en langues. Un gap semble exister entre le niveau en langues au sortir du lycée et celui demandé aux étudiants de première année… Autant d’éléments concrets que les enseignants pourront désormais prendre en compte lorsqu’ils travailleront avec leurs élèves de terminale à leur orientation.

Du bac pro au BTS

En français et culture générale, la marche à franchir pour les élèves issus des bacs professionnels qui intègrent un BTS est également haute. « En BTS, nous proposons des textes plus complexes, plus longs qu’en bac pro. En 2ème année, les textes sont imposés et pour certains élèves, c’est vraiment difficile », observe Nathalie Prottung, professeure de culture générale dans les sections commerciales (NRC et MUC) au lycée de La Salle de Rennes. Thierry Jouault, professeur de marketing et commerce en BTS fait valoir que "certains élèves en grande difficulté avec l'écrit parviennent malgré tout à compenser par une très forte motivation. Pour autant, si un élève a 5 sur 20 de moyenne en bac pro, cela nous refroidit. En effet, en BTS, les élèves ont beaucoup de travaux écrits à réaliser ».

En participant aux réunions sur les BTS commerciaux du lycée de La Salle, les enseignants découvrent comment sont sélectionnés les élèves. « Ils passent des entretiens par groupes de 6 à 8 après que leurs dossiers ont été examinés. On constate que le CV et la lettre de motivation auxquels nous consacrons beaucoup de temps avec nos élèves ne sont pas vraiment pris en compte. Comme avant Parcousup, c’est le dossier qui compte et les appréciations. C’est bien de le savoir… », conclut Patrice Georges, du Lycée Institution Saint Malo la Providence.

Trois questions à

Marie-Anne Leduby,
adjointe au directeur diocésain d'Ille-et-Vilaine pour le 2nd degré.

« Ces rencontres permettent aux enseignants du secondaire de comprendre le fonctionnement et les attentes des établissements du supérieur »

 

 

Qu’est-ce qui a motivé l’organisation de la journée « A la rencontre du supérieur » ?

Nous avons déjà organisé des rencontres entre enseignants de divers niveaux, professeurs de collèges et de lycées en 2013, enseignants du primaire et du collège autour du cycle 3 en 2015, et cette année entre enseignants du secondaire et du supérieur. À l’origine, la demande vient des chefs d’établissements. Cette journée a été programmée bien avant la mise en place de Parcoursup et la réforme du lycée. Néanmoins, elle tombe à pic…

 

Qu’en attendez-vous ?

Grâce à ces rencontres, les enseignants peuvent comprendre avec finesse ce qu’est l’université, ce que sont les écoles supérieures. C’est notre rôle de favoriser ce type de rencontres. Ainsi, ils acquièrent de nouvelles compétences en matière d’orientation et disposent d’une vision plus précise des « attendus » des formations supérieures. C’est important car il faut aider les élèves à faire le meilleur choix possible…

 

C’est une tâche difficile…

Oui, car les familles sont en attente de parcours sécurisés. Elles estiment souvent que changer de voie est une perte de temps, voire un échec pour leurs enfants. Nous pensons, au contraire, que c’est une façon de se construire et d’avancer. D’ailleurs, nous le constatons, les universités proposent d’élaborer avec les étudiants des parcours de plus en plus personnalisés qui leur permettront de répondre aux exigences très diverses du marché du travail.

Propos recueillis par MB

Une méthodologie faisant la part belle à la découverte et à la mutualisation

La journée « A la rencontre du supérieur » était organisée autour de deux temps bien distincts. Le matin, les enseignants se sont répartis sur différents sites : universités, écoles supérieures etc., participant à des réunions de présentation de diverses formations. L’après-midi, ils ont mutualisé leurs informations au sein de leur établissement et fait part à leurs collègues de leurs étonnements ou interrogations. « Ensuite, ils ont rédigé une fiche, indiquant le nom de la formation, ce qu’il est important de transmettre aux élèves pour les aider dans leur choix d’orientation, et un contact pour cette formation. L’objectif est de créer un lien avec une personne référente », précise Sophie Potel qui a piloté l’organisation de cette journée.

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