Colloque pour chefs d’établissement

L’Université catholique d’Angers (UCO) organise, du 25 au 27 octobre prochains, un colloque international intitulé « Les dirigeants à l’épreuve du quotidien –Le cas particulier des chefs d’établissement ».

Comment garder la flamme? Tenir impératifs bureaucratiques et enthousiasme éducatif? Concilier protocoles efficaces et pilotage bienveillant? En bref quelles clefs pour se prémunir des risques psycho-sociaux spécifiques aux chefs d'établissement?

 

Dans le prolongement d'une recherche action sur le métier menée par une équipe pluridisciplinaire de Université catholique de l'Ouest (lire ci-contre) et qui a donné lieu à la publication d'un livre, l'UCO organise un colloque international dédié à ces questions.

 

Il s’adresse aux responsables institutionnels, aux cadres dirigeants et à toute personne intéressée par le sujet. Chacune des trois journées est construite autour d’un axe fédérateur et propose des conférences, des temps d’atelier et des tables rondes. Une dizaine d’universités publiques seront représentées avec des chercheurs venus du Québec, de Suisse, du Liban, du Cameroun, du Bénin, du Maroc... Parmi les conférenciers : Anne Barrère, Mireille Cifali, Laurence Durat, Véronique Margron et Jean-Yves Robin.

 

 

 

Du 25 au 27 octobre 2022, à la Catho d'Angers

Tarif (hors repas) : 150 € (financement institutionnel) ; 100 € tarif (financement personnel) ; étudiants de l’UCO et chefs d’établissement du diocèse d’Angers: gratuit ;

Inscriptions et programme détaillé sur : recherche.uco.fr

 

Une quarantaine de chefs d’établissement du diocèse d’Angers ont été interrogés sur leur métier par l'équipe Lirfe de l’UCO, coordonnée par Jean-Yves Robin qui a fait un livre de cette matière:

Chefs d’établissement – Le burn-out n’est pas une fatalité !, Le bord de l’eau, 2022, 216 p., 20 €.

Comment éviter le burn-out?
Jean-Yves Robin : Le burn- out résulte d’une pathologie de l’excès marquée du double sceau de l’accélération et de la saturation. Faire plus avec moins et toujours plus vite, tel est le mot d’ordre qui conduit à l’épuisement. D’où la nécessité pour les chefs d’établissement de sortir d’un isolement potentiel, d’échanger avec leurs pairs au sein de groupes d’analyse et ce, dans des espaces ad hoc. À la faveur de cette mutualisation, nous faisons le pari que ces dirigeants développeront une autre vision de leur activité. Ils pourront même s’autoriser à réinterpréter des règles et des normes qui les éloignent du sens qu’ils souhaitent donner à leur métier.

Les chefs d’établissement sont-ils soumis à une forte pression ?
J.-Y. R. : Ils doivent, de fait, gérer un agenda très dense. Ils sont aussi confrontés à une bureaucatie tatillonne, des familles exigeantes, des élèves attachants mais parfois « cabossés », sans parler des enseignants quelquefois démunis... Il existe des communautés éducatives dynamisées par un chef d’établissement qui a investi avec passion sa fonction... au prix parfois «d’une idéologie sacrificielle», comme le montrent les matériaux recueillis par les chercheurs qui ont mené l’enquête.

Quel piège faut-il donc éviter ?
J.-Y. R.: Celui de l’identification à l’établissement: «l’ego-établissement». Cela consiste à se dire: «Ma présence est indispensable. Je suis là pour donner l’exemple. Je dois arriver le premier le matin et partir le dernier le soir.» Cette posture n’autorise aucun déplacement, y compris la participation à des groupes d’analyse de la pratique. Dans ces conditions, l’épuisement professionnel représente une menace pour
le chef d’établissement, qui parvient de moins en moins à donner sens à une activité de plus en plus envahissante.

Comment avez-vous mené votre recherche ?
J.-Y. R. : Durant cinq ans, nous avons associé trois types de partenaires: plus de quarante chefs d’établissement du 2d degré du diocèse du Maine-et-Loire, la direction diocésaine de ce département ainsi qu’une dizaine de chercheurs de l’Université catholique de l’Ouest issus de différentes disciplines (psychologie sociale, psychologie clinique, sciences de l’éducation, sociologie...).

De quelle façon acteurs de terrain et chercheurs ont-ils travaillé ensemble ?
J.-Y. R.: Le plus souvent, les chercheurs travaillent « sur » et non « avec » les acteurs de terrain. Ils établissent des diagnostics et fondent leur expertise sur des matériaux rigoureusement analysés. Mais lorsqu’il s’agit de présenter les résultats de leur recherche auprès des interlocuteurs concernés, l’annonce est parfois brutale. Mon ouvrage sur les chefs d’établissement se démarque de ce type de procédé. En nous maintenant à leurs côtés, nous avons éprouvé le degré de recevabilité des analyses suggérées à la faveur de restitutions provisoires des résultats obtenus.

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