Cantines du privé :
« C’est injuste! »

Lors de sa conférence de presse de rentrée, le 23 septembre dernier à Paris, Philippe Delorme, secrétaire général de l’enseignement catholique, a dénoncé le fait que les familles qui scolarisent leur enfant dans le privé sous contrat, ne bénéficient pas des mêmes aides de l’État que celles qui ont opté pour le public. Ce manque criant d’équité, en particulier en ce qui concerne la cantine, conduit de fait certains parents à renoncer à l’enseignement catholique.

 

L’enseignement catholique poursuit de fait ses efforts pour accueillir plus d’enfants de familles défavorisées, comme en témoigne son souhait, enfin exaucé, d’être associé à l’éducation prioritaire. Mais les équipes ont l’impression de dépenser une énergie considérable et « de ramer à contre-courant ». En cause : l’État et les collectivités territoriales « qui font des différences entre les familles ! ». Si une famille a droit à des aides sociales « mais qu’elle en perd le bénéfice dès qu’elle choisit un établissement catholique, quelle en est conséquence ? », s’est interrogé le secrétaire général. Elle y renoncera et seules les plus aisées pourront maintenir leur choix. « Je ne suis pas en train de revendiquer plus de moyens, mais je regrette que trop souvent la puissance publique considère qu’il y a deux catégories d’enfants ! »

 

Un repas trop cher

Pour illustrer son propos, Philippe Delorme a pris pour exemple la restauration scolaire : « Ce n’est pas la contribution aux frais de fonctionnement demandée par nos établissements qui est discriminante, nous savons l’adapter aux familles, mais les frais annexes et particulièrement ceux de la cantine ». Si les tarifs des repas sont bas dans le public, c’est parce que les collectivités accordent des subventions, sous forme d’aides sociales aux familles (bien souvent différenciées à partir du quotient familial). Ainsi un rapport de la Cour des comptes de juin 2020 rappelle que « plus des trois quarts du prix de revient d’un repas dans la restauration publique sont en moyenne financés par ces dernières et donc, in fine, par le contribuable ». Or très rares sont les collectivités qui offrent la même aide aux élèves du privé. Ainsi le repas d’un lycéen du public revient à 9 € à la Région Ile-de-France, tandis que les familles paient entre 0,50 € et 4 €. En revanche, le coût moyen d’un repas dans l’enseignement catholique est de 6,5 € que les parents règlent en totalité. « Il n’y a pas d’obstacle juridique, c’est un choix politique. C’est injuste et discriminatoire ! », a-t-il martelé. Et d’enfoncer le clou en évoquant le dispositif « cantine à 1 € », subventionné par l’État, réservé aux communes fragiles en zone rurale. Ce dispositif n’est pas accessible aux 2 570 écoles privées qui scolarisent 343 000 élèves.

Un vibrant plaidoyer pour que l’enseignement catholique voit son association avec l’État « mieux reconnue, en veillant à ce que l’équité soit toujours respectée, pour contribuer à la construction d’un société plus fraternelle ».

La contribution de l’Enseignement catholique à l’éducation des plus fragiles , et donc sa mixité sociale sont scrutés à la loupe. Malgré la bonne volonté des équipes, cette ouverture reste freinée par un traitement inéquitable de la puissance publique. L’Etat et les collectivités territoriales discriminent les familles défavorisées ayant choisi l’Enseignement catholique en les privant des aides sociales reçues par les familles modestes du public.

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