Faire bloc autour de l’école

Rassurer les parents d’élèves, renforcer l’autorité des enseignants et les exigences scolaires, soigner les REP et les lycées pro, le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, s’appuie sur les réformes déjà engagées pour rassembler autour de l’école et mobiliser tous les acteurs.

 

« Il y aura bien, cette année, un enseignant devant chaque élève », a assuré Gabriel Attal. Pour sa conférence de presse de rentrée du 28 août dernier, à Paris, le nouveau ministre de l’Éducation nationale s’est montré ouvert au dialogue. Ses deux mesures phares – révision du calendrier du bac et interdiction du port des abayas – ont d’ailleurs été prises suite aux consultations tous azimuts qu’il a menées pendant l’été.

Pour susciter le « choc des savoirs » et « le choc de la confiance » qu’il appelle de ses vœux, le jeune ministre, mise sur « la reconquête des 15 millions d’heures d’absence non remplacées par an ». Le Pacte y contribuera, même si Gabriel Attal ne peut pour l’instant préciser le nombre d’enseignants engagés dans le dispositif. Y participera aussi la réorganisation administrative des établissements avec « des formations et des réunions progressivement positionnées hors temps de cours ». Cela impliquera de nouvelles modalités de formation – sur site, en modules sécables, en distanciel…

Si les dispositifs favorisant l’égalité des chances (Devoirs faits, stage de réussite…) sont amplifiés, Gabriel Attal ne s’est pas attardé sur l’objectif de mixité scolaire porté par son prédécesseur, promettant toutefois que cet effort serait maintenu, en y associant l’enseignement privé sous contrat comme le prévoit le protocole signé en mai dernier.

Pragmatique, Gabriel Attal veut faire du Conseil national de la refondation la matrice de l’école de demain : « Au-delà des 8 500 projets déposés, il s’agit bien d’engager la révolution copernicienne souhaitée par le Président, à savoir donner au terrain la capacité d’innover. »

Relever le niveau

« Il reste beaucoup à faire pour venir à bout des maux de l’école », a rappelé Gabriel Attal. À commencer par relever le niveau des jeunes Français, qui se situe en dessous de la moyenne internationale. Le ministre nous promet donc de « mettre le paquet » sur les fondamentaux et d’adapter l’organisation scolaire pour faciliter leur acquisition.

 

Maternelle Dans les quartiers prioritaires, la scolarisation des enfants dès deux ans devra être amplifiée. Par ailleurs, sur l’ensemble du territoire, en grande section (de même qu’au CP et au CE1), il ne devra pas y avoir plus de 24 élèves par classe. D’ici la fin du quinquennat, 100 % des enseignants de maternelle devront avoir bénéficié d’une formation en petit groupe (avec un référent pour huit enseignants accompagnés).

 

Premier degré Priorité est donnée à la maîtrise du français. La lecture devra être pratiquée deux heures par jour. Au CM1, les enfants devront lire quotidiennement des textes longs, tandis que les CM2 écriront au moins un texte par semaine. « Un guide de référence sur l’écriture sera fourni à tous les enseignants », a indiqué Gabriel Attal. Pour relever le niveau en mathématiques, le ministre compte notamment sur une meilleure coopération entre professeurs du premier et du second degrés. Enfin, aux évaluations déjà organisées en français et en mathématiques en CP, mi-CP et CE1 s’ajoutera une évaluation en début de CM1.

 

Collège En sixième, en fonction de leurs résultats aux évaluations de début d’année, les collégiens bénéficieront chaque semaine d’une heure de soutien scolaire en français ou en mathématiques ainsi que de deux heures et demie de « Devoirs faits ». Ce dispositif, qui a concerné 828 000 collégiens en 2022-2023, bénéficiera cette année à 645 000 élèves de plus. En quatrième, les élèves seront eux aussi évalués et le soutien scolaire sera programmé en conséquence.

 

Gabriel Attal, entouré de Prisca Thevenot, secrétaire d’État chargée de la Jeunesse, et de Carole Grandjean, ministre déléguée chargé de l’enseignement et de la formation professionnels.

Lycée « C’est une erreur d’avoir supprimé les mathématiques en classe de première », reconnaît Gabriel Attal. Une heure trente de mathématiques obligatoire sera donc réinjectée en première. Autre point clé, la reconquête du troisième trimestre de terminale grâce à l’organisation des épreuves de spécialité non plus en mars mais en juin. « Un dialogue sera, par ailleurs, engagé avec les enseignants afin de permettre aux élèves de seconde et de première de travailler jusqu’à la fin juin », annonce Gabriel Attal. À noter, seize textes littéraires (contre vingt jusqu’à présent) seront présentés au bac français et le grand oral du bac ne comportera plus les cinq minutes consacrées à l’orientation.

 

La réforme des lycées pro met le turbo

Les lycéens de la voie pro seront ravis. Ils bénéficieront bien d’une gratification de stage de 2 100 euros sur un cycle de trois années. Mais ce n’est pas tout. La réforme qui concerne 2 100 établissements est en bonne voie. La ministre déléguée chargée de l’enseignement et de la formation professionnelle, Carole Grandjean, observe que les bureaux des entreprises, « permettant d’offrir un réseau aux élèves qui n’en ont pas », disposent désormais presque tous d’un responsable. Ces derniers recevront rapidement une formation pour être en mesure d’assurer leur tâche. Par ailleurs, de nouvelles possibilités de formation de niveau bac+1 seront offertes à 5 000 bacheliers. Enfin, les lycées accompagneront dès la rentrée les anciens élèves qui ne parviennent pas à trouver d’emploi ou de formation complémentaire adaptée.

Restaurer la confiance

Gabriel Attal entend continuer à « réparer l’école » et restaurer ainsi la confiance des personnels, des élèves et de leurs familles en réaffirmant son souci du bien-être et du bonheur des élèves et des équipes éducatives.

 

Revaloriser le métier Pour le ministre, l’engagement gouvernemental pris en matière d’augmentation salariale est tenu, puisqu’en cette rentrée tous les enseignants bénéficient d’une augmentation de 125 à 250 euros nets mensuels et que pas un titulaire n’émarge à moins de 2 100 euros nets par mois. Sans oublier la prime de 1 000 euros par an perçue par les chefs d’établissement du public et leurs adjoints ainsi que les 10 % à 13 % de revalorisation des salaires des AESH. Le ministre a aussi souligné combien le Pacte permettra de mieux rémunérer l’investissement des enseignants, doublant les rémunérations versées pour Devoirs faits ou les stages pour la réussite… Par ailleurs, la revalorisation du métier d’enseignant passe aussi, selon Gabriel Attal, par la restauration du principe d’autorité des professeurs et le respect mutuel entre École et familles.

 

Le harcèlement, grande cause nationale Pour assurer « écoute et protection » aux élèves, la prévention du harcèlement, décrétée grande cause nationale, fera l’objet d’un plan interministériel. Dans les établissements scolaires, le programme Phare sera généralisé, les plateformes de signalement téléphonique renforcées, les réseaux sociaux appelés à se responsabiliser et les personnels formés. Ces dispositions viennent conforter l’esprit du décret du 16 août dernier (n° 2023-782) qui prévoit que lorsqu’une situation de harcèlement nécessite un changement d’établissement, il concernera les harceleurs et non les harcelés.

 

Laïcité et valeurs de la République Cette année sera consacrée à la réécriture des programmes d’éducation morale et civique dont les horaires seront renforcés dès la rentrée 2024. L’extension du pass Culture aux classes de sixième et de cinquième, contribuera aussi à « éveiller l’esprit critique permettant l’émancipation et l’élévation des jeunes » tout en améliorant les conditions du vivre-ensemble. Dans le même esprit, Gabriel Attal a souhaité proscrire les abayas et les qamis, tenues manifestant une appartenance communautaire. Cette interdiction vestimentaire fera l’objet d’une note de service et d’une réactualisation du vade-mecum laïcité. Les établissements en difficulté à la rentrée pourront faire appel aux équipes Laïcité des académies, qui seront partout étoffées avec un objectif de 300 000 nouveaux personnels formés cette année. En cas de besoin, les recteurs viendront sur place en appui.

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