Formation professionnelle:
des États généraux pour jouer collectif

La dynamique des États généraux de la formation professionnelle dans l’enseignement catholique est bien lancée dans les territoires.
Initiés par RenaSup, en lien avec le Cneap, ils donneront lieu, en régions, à une série d’animations qui jalonneront le dernier trimestre de 2018 et le début de l’année 2019. Ces rencontres prépareront un grand temps fort national de mutualisations et d’échanges en avril 2019.
Une démarche qui tombe à point nommé alors qu’un vent de réformes –Avenir professionnel, lycée professionnel et lycée général- va bouleverser en profondeur le paysage de la formation professionnelle, très importante dans l’enseignement catholique où ces filières sont à l’origine de nombre d’établissements.
Le rééquilibrage de la gouvernance de la carte des formations en faveur des branches professionnelles impose, tout d’abord, de resserrer les liens avec ces acteurs. Yves Ruellan, président de RenaSup pointe également, entre autres enjeux : « la capacité de l’enseignement catholique à créer des campus d’excellence », « la diversification annoncée des parcours » qui invite à mieux articuler formations en apprentissage, sous statut scolaire et formation continue… Sans oublier la redéfinition en profondeur de l’accompagnement à l’orientation.

 

Petit tour d’horizon, ci-dessous, des travaux préliminaires engagés aux quatre coins de France pour comprendre et anticiper des réformes qui impliquent une réponse concertée de l’ensemble des acteurs du réseau.

 

Retrouver le sens de la démarche des Etats généraux et des éléments de calendrier
sur le site de RenaSup

« Les formations professionnalisantes,
une chance pour l’enseignement catholique !»

En région Auvergne-Rhône Alpes, les états généraux tombent à pic pour présenter et anticiper les grandes réformes en cours et accompagner un regroupement régional qui redessine le territoire

Trois questions à Jean-Philippe Buchet, délégué général du Crec Auvergne-Rhône-Alpes

Quel est le principal intérêt selon vous des Etats généraux ?

Ils sont multiples mais le premier est sans doute leur timing : Il s’inscrit parfaitement dans le travail initié en région depuis deux ans et coïncide avec des réformes qui vont révolutionner en profondeur le secteur de la formation professionnelle. Une partie de notre journée du 21 novembre sera donc consacrée à leur présentation. Il s’agira d’insister sur leur impact en matière de gouvernance, marquée par le poids décisif qui sera désormais dévolu aux branches professionnelles. Des personnalités des services académiques et du Medef sont sollicitées pour apporter leurs éclairages.
Parmi les autres conséquences des réformes abordées, la libéralisation du marché de l’apprentissage, qui implique la disparition des subventions d’équilibre, tout comme la création des nouveaux campus ou l’adossement LP-UFA à systématiser. À noter que ces changements posent tous la question du soutien apporté aux lycées professionnels les plus fragiles et impliquent donc des réponses concertées.

Quel autre intérêt y voyez-vous ?

En souhaitant s’originer dans les établissements, les états généraux, font la part belle au principe de subsidiarité cher à l’enseignement catholique. C’est une manière intéressante de mobiliser les acteurs et de valoriser leur expertise. L’un des enjeux de ces États généraux est de nouer, au niveau régional, des liens institutionnels forts avec les branches professionnelles. Et pour cela, on gagne à s’appuyer sur les relations de proximité fortes entre les établissements et leur tissu économique local.
Le programme de notre manifestation finale prévoit donc des travaux en ateliers thématiques (orientation, relation École-entreprises, pédagogies nouvelles) pour favoriser les échanges entre les établissements. Un espace forum et des stands encourageront aussi cette mutualisation.
En même temps la manifestation servira de vitrine sur nos atouts : un maillage territorial remarquable et un savoir faire éducatif spécifique.

Comment les enjeux spécifiques à votre région vont-ils colorer ces états généraux ?

En plus d’une visibilité et de contacts institutionnels accrus avec les branches professionnelles, nous devons, en Rhône-Alpes-Auvergne, renforcer l’interlocution régionale, puisque notre territoire a connu un regroupement de Régions.
Ce processus a aussi des conséquences à l’intérieur du réseau : il convient de mieux connaître l’offre de formation globale et de la formaliser, notamment pour anticiper l’impact annoncé de la réforme de l’apprentissage et du lycée pro (par exemple sur les filières Gestion-administration dont le ministre a annoncé qu'elles seront particulièrement impactées par la réforme et qui représentent 20% de notre offre).
Les questionnaires envoyés aux établissements pour initier la dynamique des états généraux ont permis d’impliquer les chefs d’établissement. Un travail d’état des lieux est indispensable pour assurer un développement cohérent de notre offre de formation (formation initiale, formation par apprentissage, et formation continue de bac -3 à bac + 5). Ce recensement nous a montré que la moitié des formations de la région sont professionnalisantes (en incluant les filières STI) et il nous a permis de décomposer cette offre en quatorze familles (celles de la réforme du lycée pro) pour mieux la quantifier et la qualifier. Mais surtout la rendre plus lisible aux acteurs professionnels avec qui  nous travaillons à construire une relation et créer des liens pérennes. Cet enjeu de visibilité est important, vis à vis de nos interlocuteurs – au niveau de la Région comme des branches professionnelles-, mais aussi en interne : les réformes doivent nous inciter à mettre en place un accompagnement à l’orientation qui optimise bien l’ensemble des formations du réseau.
L’objectif de fond est de « montrer que l’on existe », aussi bien en interne, (pour une vraie construction de parcours), qu’en externe auprès des entreprises et des politiques (les nouveaux décideurs). Les formations professionnalisantes, c’est une chance pour l’enseignement catholique !

«Les Etats généraux : l'occasion de relire
nos orientations à la lumière des réformes»

Dans les Pays de la Loire, la démarche des États généraux de la formation professionnelle vient catalyser et conforter une dynamique prospective initiée depuis 2015 à l’échelle régionale.

Point d’étape avec Aldo Foschia, Directeur de l'URADEL, association des cinq directeurs diocésains des Pays de la Loire.

Quel intérêt voyiez-vous à réunir l’ensemble des acteurs de la formation professionnelle à l’occasion des États généraux de la formation professionnelle ?

Depuis 2015, les membres du CAEC se sont investis dans la construction d’une stratégie régionale pro-active en matière de formation professionnelle. Le groupe de pilotage des états généraux s'inscrit dans cette dynamique et est composé des directeurs diocésains, de délégués des organisations professionnelles et de l’enseignement agricole, de représentants des centres de formation d’apprentis et du directeur de l'Uradel, union régionale de l’enseignement catholique. Cela consolide donc le travail déjà engagé, notamment en matière d’articulation entre les pistes envisagées par les chefs d’établissement et un cadre institutionnel qui coordonne et canalise ces initiatives.
Les États généraux nous offrent de surcroît l’occasion de relire les orientations que nous avons adoptées en février 2017, à la lumière des réformes majeures qui se mettent en place et des enjeux nouveaux qu’elles amènent : défiliarisation des lycées généraux, décloisonnement entre formation sous apprentissage et sous statut scolaire (possibilité de mixer les parcours et présence d’UFA dans les LP), impact des réforme en matière d’accompagnement à l’orientation (notamment l’orientation vers les voies professionnelles).

Quels bénéfices retirez-vous de la politique volontariste et collective engagée dans votre région en matière d’apprentissage et que les États généraux viennent conforter

Nos orientations de 2017, élaborées en concertation et validées par le Caec fixent une méthodologie en matière d’ouverture de dispositifs de formation professionnelle. Nous avons aussi mis au point une base de données de l'ensemble des formations tous réseaux confondus (lire ci-dessous) dont le but est d'aider les chefs d’établissement dans leurs demandes d'ouvertures de formations. Les demandes d’ouvertures concernant les filières sous statut scolaire sont désormais moins nombreuses (par manque de postes d'enseignants également) mais leur taux d’acceptation s’est amélioré. Concernant nos demandes de nouvelles sections en apprentissage, elles aboutissent favorablement à au moins 30 % parce qu’elles sont motivées par le souci de répondre à un besoin avéré, parce que la cellule technique régionale (AREPPAL) réalise un travail formidable d'accompagnement pour que les dossiers soient bien réalisés et parce qu’elles rencontrent un volontarisme fort de la Région.
Des orientations institutionnelles claires et partagées et une vison exhaustive de l’offre du territoire nous permettent enfin de nourrir une vigilance particulière à la diversité de l’offre des lycées ruraux, d’inciter fortement les lycées purement généraux à aller vers la polyvalence ou encore d’encourager fortement les politiques concertées entre établissements d’un même bassin.

Quelles modalités d’organisation des États généraux pour votre région ?

Durant cette année scolaire, les chefs d’établissements de nos 250 lycées se sont réunis à deux reprises pour partager leurs points d’attention et leurs pistes d’actions dans la perspective des réformes. À partir de leurs constats et réflexions de terrain, le groupe de pilotage a formalisé leur traduction institutionnelle. La journée qui réunira l’ensemble des acteurs du réseau et ses partenaires –dont la date et le programme sont en cours de définition- a pour vocation à mettre en lumière le dynamisme de notre réseau, notamment auprès des branches professionnelles. Elle contribuera aussi à faire mieux connaître, dans une perspective de mutualisation, les bonnes pratiques en matière de travail collaboratif au sein des bassins.

«Resserrer les liens avec les branches professionnelles,
accompagner les enseignants et sensibiliser
à une orientation qui prenne
mieux en compte les lycées pro...»

En Bretagne, les contacts avec les branches professionnelles se multiplient pour préparer la réforme de la voie professionnelle.

En effet, l’enseignement catholique en Bretagne -qui scolarise plus de 40% des élèves de lycée- s’est engagé depuis 2015 - réforme du bac pro - pour valoriser cet enseignement. C’est donc, dans la continuité de cet engagement, que l’enseignement catholique en Bretagne participe aux « États Généraux de la voie professionnelle »  avec trois chantiers complémentaires : un grand temps fort de valorisation avec les branches et les entreprises qui se tiendra la 13 décembre 2018, la création d’un laboratoire d’ingénierie de la formation professionnelle pour accompagner les enseignants dans la réforme du lycée pro, et un travail de sensibilisation à une orientation qui prenne davantage en compte les filières professionnelle qui sera conduit, en lien avec l’Apel, en direction des collèges et des familles.

Explications de Sylvie Le Loup, du CAEC de Bretagne.

Vous avez programmé un temps fort des États généraux, le 13 décembre 2018…

 
Cette journée vise en effet à adresser un message institutionnel aux acteurs économiques. En Bretagne, le fonctionnement en réseau avec l’enseignement agricole privé, très bien implanté dans la région, les organisations professionnelles et les acteurs internes de l’apprentissage et de la formation professionnelle est déjà bien organisé et permet une bonne coordination face aux autorités publiques que sont la Région et le Rectorat. Reste en revanche à structurer davantage nos relations avec les branches professionnelles pour mieux leur faire connaître notre expertise éducative et articuler une proposition qui réponde à leurs besoins, en complémentarité avec leur propre offre de formation.
Dans cette perspective, avec une personne spécialement recrutée pour cette mission, nous recensons activement les exemples de coopérations réussies comme la convention déjà nouée avec l’UIMM ou une  action engagée avec le Medef qui facilite l’immersion d’enseignants dans le monde de l’entreprise.
Durant le printemps nous avons aussi relancé une série de rencontres avec les branches comme la fédération du bâtiment, de l’hôtellerie-restauration, du secteur sanitaire et social et l’ordre des experts comptables, dans l’objectif de nouer des relations régulières et pérennes.
 
Vous comptez aussi répondre au besoin de formation des enseignants de lycées professionnels face à la réforme qui s’annonce ?
 
C’est l’objectif du laboratoire d’ingénierie de formation que nous comptons créer. Il aura vocation à accompagner les enseignants de l’enseignement professionnel dans la réforme. Il s’agit notamment de renforcer leurs compétences en matière d’ingénierie de professionnalisation leur permettant d’accompagner les parcours personnalisés des publics différenciés : élèves mais aussi des salariés - apprentis et surtout des salariés en formation continue. Le fait que beaucoup de nos lycées  soient polyvalents, et que certains accueillent déjà des publics mixtes et proposent des parcours mixtes, devrait faciliter cette évolution de leur enseignement, une fois que le verrou législatif empêchant nos maîtres d’endosser la double casquette d’enseignant et de formateur en apprentissage aura sauté.
 
Pouvez-vous nous dire un mot de vos projets d’actions en matière d’accompagnement à l’orientation ?
 
Contrairement aux autres actions, conduites sur un périmètre régional, ce travail de sensibilisation sera mené, en proximité, à l’échelle diocésaine. Il s’agira, en nous appuyant sur le réseau des parents d’élèves (Apel) et des Centres de documentations et d’informations de diffuser une information sur la plus-value de la voie professionnelle auprès des enseignants de collège en charge de l’orientation ainsi que des familles. Nous espérons ainsi améliorer le taux d’orientation vers les filières professionnelles, inférieure en Bretagne à la moyenne nationale.

 

 

De l'importance de se connaître:
l'exemple de la base de données de l'Uradel

 

Pour initier la dynamique des états généraux, les établissements ont été invités en territoire à remplir un questionnaire visant à resencer de manière précise l’offre de formation.

Un état des lieux indispensable, comme le confirme l’Uradel (Union régionale de l'enseignement catholique des Pays de Loire) qui s’est déjà dotée, à la rentrée 2016, d’une base de données recensant l’ensemble des formations professionnelles et technologiques -privées et publiques-.
Cette carte de formation maison guide désormais les choix des demandes d’ouverture de filière. Elle permet, en interne, d’entrer dans une logique de complémentarité de l’offre évitant tout risque de concurrence.
Il aide aussi, à mieux répondre aux besoins des branches
professionnelles et aux priorités de la Région.

 

 

Le laboratoire d'ingénierie
de formation breton

Tout en accompagnant les enseignants dans la réforme du lycée professionnel, le laboratoire d'ingénirie de formation en cours de création en Bretagne se donne l’ambition de favoriser :

  • l’analyse des besoins des entreprises en matière de formation, de certifications,
  • la pertinence des réponses en terme de contenu et de modalités de formation,

  • La réalisation des productions communes innovantes de parcours intégratifs, de référentiels, de certifications

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