La culture, comme un pont entre religions et laïcité

Du 9 au 11 décembre, la session nationale Enseignement et Religions a exploré des pistes pour articuler éducation chrétienne et connaissance des identités religieuses au service de la cohésion sociale. Au diapason du pape François qui, le 5 décembre appelait à « harmoniser les diversités ».

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« Religion, culture et laïcité », la session nationale Enseignement et Religions, qui s’est tenue du 9 au 11 décembre 2015, à l’université catholique de Lyon (Ucly) a invité à s’emparer du fait religieux pour « mieux articuler l’éducation chrétienne, la connaissance des identités religieuses et la laïcité d’intelligence chère à Régis Debray. Le tout pour promouvoir une culture commune où chacun trouve sa place », explique Xavier Dufour, l’un des organisateurs. Une session qui faisait écho à l’appel lancé aux parents d’élèves par le Pape François, le 5 décembre dernier, à « harmoniser les diversités »,

Explorer cette voie originale, c’est participer à la vocation éducative de l’Eglise, telle que l’a redéfinie, en ouverture de session, Mgr Zani, secrétaire de la Congrégation pour l’éducation catholique, venu de Rome. Sa toute nouvelle fondation Gravissimum Educationis –du nom de la déclaration conciliaire sur l’éducation chrétienne dont le cinquantenaire vient d’être célébré-, entend ainsi soutenir l’école catholique dans son double effort d’ouverture à tous et d’unification des savoirs, en les rapportant à leur finalité surnaturelle. Pierre Marsollier, du Sgec a ensuite posé le cadre d’une laïcité éclairée par le caractère propre où l’expression des religions peut être un levier de cohésion. La laïcité n’étant qu’ « un principe opérationnel de valeurs », « plastique et en perpétuel ajustement » elle renvoie chaque éducateur à ce qui l’habite, a approuvé le philosophe Yann Plantier de l’Ucly.

Lors de tables rondes, les chefs d’établissement ont souligné l’importance de l’entretien d’inscription comme lieu d’un échange transparent autour du projet éducatif. Certains, comme le collège lyonnais, Notre-Dame de Bellecombe, optent pour une pastorale d’ouverture à la foi chrétienne, avec des temps forts partagés et conçus pour faire écho aux croyances de chacun. D’autres, comme l’Externat Notre-Dame, à Grenoble, incluent dans l’emploi du temps des heures de culture religieuse obligatoires traitant des trois monothéismes.

Des éclairages juridiques ont aussi été apportés à des établissements confrontés à la prise en compte des membres musulmans de la communauté éducative. Michel Younès, islamologue de l’Ucly, a présenté les défis et enjeux liés à ce compagnonnage avec un islam pluriel. Il a préconisé un accueil bienveillant mais vigilant face à d’éventuelles revendications. « Les musulmans attendent de vous une foi enracinée, à l’opposé de la sécularisation de la société qui peut les heurter. Il s’agit de leur apporter des connaissances religieuses pour contrer un essentialisme idéalisé et de considérer leur présence comme une opportunité pour s’interroger sur les modes de transmission de notre propre foi. »

La Genèse vue par Chagall, Moïse sauvé des eaux dans l’histoire des Arts, les contacts entre islam et chrétienté au Moyen-Age… En atelier, des enseignants ont partagé quelques séquences pédagogiques permettant d’introduire dans la classe la question religieuse, clef de compréhension incontournable du monde contemporain. Pour promouvoir une culture commune dont la transcendance ne soit plus absente.

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