Préconisations pour la différenciation

Apporter des clés aux acteurs de terrain pour une mise en œuvre concrète et efficace de la différenciation pédagogique. Objectif réussi pour la conférence de consensus organisée par le Cnesco et l’Ifé-ENS de Lyon dont le jury vient de rendre ses recommandations, ce 29 mars. L’ensemble des interventions et ces préconisations, en ligne sur le site du Cnesco, offrent en effet un support stimulant à la réflexion pédagogique.

© Cnesco

La différenciation au cœur du changement de l’Ecole. c'est ce que postule le Cnesco conseil national d'évaluation du système scolaire, en s'emparant de cette question pour sa 4e et dernière conférence de consensus sous le quinquennat Hollande. Ce n'est pas une notion nouvelle en France, mais elle est longtemps restée cantonnée à la remédiation pour les élèves en difficulté. Aujourd'hui, elle s'impose désormais comme prioritaire pour de nombreux acteurs de l’école confrontés à l’hétérogénéité accrue au sein des classes.

En témoigne l’affluence record à la conférence de consensus organisée par le Cnesco et l'Ifé à Paris les 7 et 8 mars - 400 places prises d’assaut et des retransmissions vidéos en ligne vues 15 000 fois en moins d’un mois... « S’il y a vraiment une priorité dont les établissements et les institutions de formation doivent s’emparer aujourd’hui pour sortir d’une école à plusieurs vitesses régulièrement épinglée dans les évaluations internationales, c’est celle-ci ! », confirme Nathalie Beaufrère, formatrice à l’Isfec Lasalle-Mounier, qui a participé à l’événement en tant que membre du jury.

L’un des enjeux principaux abordés et salué par Marie-Odile Plançon, du Département Éducation du Sgec : «  L’importance du rôle joué par l’effet maître dans la réussite des élèves. Nombres de chercheurs, statistiques à l’appui, ont ainsi démontré que repenser la posture de l’enseignant permettait d’infléchir les déterminismes sociaux. » Il s’agit donc d’agir sur ce qui se passer dans la classe, tout à la fois en termes de gestion du groupe et d’apprentissages. Il a apparaît que ce sont des leviers plus efficaces que les actions de différenciation structurelles tels que le redoublement ou les classes de niveau. Le travail coopératif entre et avec les élèves, tel qu’exposé par exemple par la chercheuse Céline Buchs donnent des pistes de travail et de réflexion intéressantes. De même l’universitaire Dominique Bucheton présente des leviers d’action pertinent pour ajuster les postures des enseignants comme des élèves à l’impératif de différenciation. La question de l’explicitation a aussi été largement abordée, les malentendus en termes d’interprétation des consignes, les confusions entre les tâches et les apprentissages provoquant de nombreux échecs.

Une pluralité de mises en œuvre

La conférence a ainsi pu faire émerger des pistes concrètes, étayées par la recherche, pour différencier les chemins d’apprentissage et faire progresser l’ensemble des élèves. Après l’audition de 17 chercheurs français et internationaux, le jury présidé par Marie Toullec-Théry, maître de conférences à Nantes, a pu dégager 23 recommandations. « La différenciation pédagogique n’a pas un seul visage, a rappelé en préambule l’universitaire :elle se joue dans une pluralité articulée des manières de faire (pédagogie coopérative, groupes de compétences, supports différenciés aux élèves, co-intervention) qui permettent d’arriver au résultat, sans pour autant abaisser le niveau des tâches demandées. »

Ni enseignement tout collectif ni enseignement tout individuel, sa mise en œuvre suppose une « expertise des conditions d’appropriation par les élèves du savoir ». Le jury invite ainsi à « anticiper les obstacles didactiques », à « varier les situations d'apprentissage » et à « faire expliciter par les élèves ce qu'on attend d'eux ». Il encourage la mise en place de travaux de groupe avec des plans de travail, flexibles et éphémères selon la compétence visée, pour éviter la stigmatisation, et insiste sur une coopération organisée entre élèves. Dernier point d’insistance : le développement de la co-intervention des enseignants, déjà présente au primaire avec les maitres surnuméraires et dans le secondaire avec les EPI ou les TPE. «  De l’organisation de la classe, du cycle, à celle de l’établissement – ce qui est en jeu c’est un changement global de paradigme. Pour que cela fonctionne, de nouveaux espaces sont à trouver ! », a conclu la présidente du Cnesco, Nathalie Mons.

 

 

Trente mesures pour l’école

À la veille de la présidentielle, le très actif Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) a publié le 2 mars un « plan » pour l’école fondé sur 30 propositions tirées de ses travaux - 21 rapports et 4 conférences de consensus en 3 ans d’existence.
Dans un premier axe dédié aux fondamentaux, il préconise d’expérimenter divers dispositifs (réduction du nombre d’élèves par classe en cycle 2 ou le suivi par un même maître du CP au CE2…), de rendre la formation continue des enseignants obligatoire, et d’initier un plan de formation en calcul mental.
Concernant la mixité sociale, il préconise notamment de compléter l’éducation prioritaire par un modèle d’allocation des moyens aux établissements fondés sur des critères nationaux, et de créer des lycées totalement polyvalents regroupant les 3 voies. Sur l’orientation, il appelle à limiter la pré-orientation dès le collège (3eprépa-pro), à un véritable accompagnement des élèves qui se destinent au BTS et aux classes prépa dès la 1e, sans oublier une meilleure information des familles concernant l’enseignement professionnel. Dernier axe, les enseignants : Le Cnesco n’oublie pas qu’ils sont au cœur de ce « changement qualitatif » dans l’école.

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