Le labo des initiatives, à l’écoute de l’École du monde qui vient

Franchir des portes... Même en distanciel, le séminaire du Laboratoire national des initiatives a approfondi la dynamique d'échanges de pratique et d'essaimage engagée par la structure et ses déclinaisons locales.

Aurélie Sobocinski

A défaut de pouvoir se réunir physiquement en raison du contexte sanitaire, le séminaire du réseau du laboratoire national des initiatives a étrenné un nouveau format à distance les 20 et 21 octobre, avec près de 70 participants. Ce temps de travail s’est articulé autour de deux axes. D’abord celui de la démarche «Franchir des portes», initiée en juillet dernier avec les pilotes du réseau des laboratoires et qui vise tout au long de cette année scolaire à repérer des initiatives, à les mettre en lumière et à permettre aux acteurs qui le souhaitent -enseignants, chefs d’établissement, parents- de les découvrir soit lors d’un forum, soit lors d’une visite in situ et de se laisser questionner par le travail d’autres collègues.

Parmi les dynamiques déjà engagées, une première journée forum a eu lieu à Bayonne en septembre dernier, une autre journée est prévue en avril prochain par le laboratoire des initiatives Bourgogne Franche-Comté autour de son travail sur les cours de récréation, le laboratoire d’Alsace se mobilise tout au long de l’année sur la pratique des enseignants spécialisés et celui de Seine-St-Denis sur les initiatives et les questionnements issus du confinement…

En amont d’un temps fort prévu en octobre 2021 où tous les laboratoires seront invités à présenter le fruit de leurs recherches, trois groupes se sont lancés à l’occasion de ce séminaire dans un premier partage de leur travail : sur les directions multi-sites (laboratoire de Vannes), sur la mixité (laboratoire national), et sur le projet d’un collège Laudato Si initié à Hendaye (64) suivi par le laboratoire de Toulouse. Pour rendre visibles toutes ces démarches et créer du lien entre les acteurs, le Laboratoire national travaille à la création d’un outil cartographique via une plate-forme numérique.

Écouter l'école qui vient

Un second temps de ce séminaire a été consacré au travail de réflexion initié depuis le premier confinement autour de « l’école dans le monde qui vient », et aux matériaux qui permettront son approfondissement – les carnets de bord du confinement rédigés au printemps dernier mais aussi les paroles de chefs d’établissement, d’enseignants, d’élèves, de parents qui seront recueillies sur le sujet tout au long de l’année par les équipes des laboratoires. « C’est notre manière de nous inscrire dans la démarche prospective initiée par l’Enseignement catholique, en essayant d’apporter un regard sur cette école qui vient, entre incertitude et espérance, où de profondes transitions s’opèrent», explique Jérôme Gaillard, co-pilote du Laboratoire national des initiatives avec Sylvie da Costa.

 

Quelques uns de objets de travail du Labo

 

Un collège Laudato si

A partir de ce qui se vit au collège Saint-Vincent à Hendaye, fortement inspiré par la pédagogie scout, les pédagogies coopératives, la CNV ou encore la classe mutuelle, le Labo propose de dessiner les contours d'un collège Laudato Si qui soit tout à la fois lieu d’apprentissage et lieu de vie.

 

La mixité scolaire en question

 

Dans le cadre du travail réalisé autour de la problématique de mixité sociale et scolaire, le groupe piloté par Sylvie da Costa et composé de six chefs d’établissement a choisi d’aborder cette question en étudiant les processus d’inscription mis en place par les chefs d’établissement.

Quinze longs entretiens ont été réalisés avec des responsables exerçant dans des contextes différents sur tout le territoire. Les premiers résultats de cette enquête ont été portés à la discussion lors du séminaire des laboratoires et seront présentés à l’ensemble du réseau prochainement.

« Nous avons repéré plusieurs axes qui montrent que le processus d’inscription peut influencer la typologie des élèves accueillis au sein des établissements », explique Sylvia da Costa. Parmi eux, la communication et/ou l’information qui invitent les familles à s’inscrire dans l’établissement ; le calendrier qui en étant parfois très serré, ne permet pas de prendre en compte un les familles les moins « initiées » ; la notion de réseau entre établissements, essentielle dans la répartition des élèves au sein d’un même territoire.

L’impact des critères définis en amont par les chefs d’établissement et leurs équipes a également été mis en lumière, sur la prise en compte des dossiers. Il ressort en effet que la priorité aux fratries, aux élèves de l’enseignement catholique mais également aux résultats scolaires ou au comportement, « distribuent » très diversement les élèves au sein des établissements, selon la demande plus ou moins forte dont ces derniers sont l’objet.

Directions multi-sites: une responsabilité en mutation

Bernard Mercier, chargé de mission à la direction diocésaine de Vannes, coordonne, pour le Laboratoire national des initiatives une recherche action sur les directions multi-sites...  À l’heure où l’on parle de regroupements d’établissements, l’idée, avec le Laboratoire des initiatives du Morbihan, a été d’interviewer une dizaine de responsables, de Vannes à Lille, sur leur quotidien entre plusieurs sites, et de construire à partir de ces observations des repères d’action pour l’institution.
Premier constat : Il y a presque autant de modalités d’organisations que de situations ! Les acteurs se disent globalement satisfaits, malgré un équilibre du temps complexe à trouver. Selon eux, la décontextualisation vécue par rapport à leur établissement premier enrichit leur posture professionnelle en les conduisant à questionner leurs relations dans et hors la communauté éducative. Cela les conduit à créer des responsabilités intermédiaires (adjoints, responsables de sites...) et une autre forme de proximité.

Ces chefs d’établissement adoptent une nouvelle posture: ils construisent une responsabilité partagée en confiance. Ce processus reste déstabilisant (parfois violent), nous disent-ils. C’est un pas difficile à mais cela représente un avenir pour la profession, qui nécessite un accompagnement bien ajusté.
L’enjeu, majeur, c’est la formalisation de repères pour installer de tels dispositifs. La DDEC du Morbihan travaille à l’élaboration d’un guide des directions multi-sites, basé sur quatre thématiques : le temps, l’identité professionnelle, les éléments organisationnels communs aux établissements regroupés, et enfin l’accompagnement tant du chef d’établissement que des équipes, des Ogec et des communes des différents sites concernés.

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