L’Apel promeut l’apprentissage

L’Apel a organisé un petit déjeuner débat sur le thème de l’apprentissage, le 16 novembre dernier au Sénat, en présence d’acteurs de l’enseignement catholique et d’experts.

Noémie Fossey-Sergent

Si le nombre d’apprentis a triplé en huit ans et bondi de +39 % par rapport à 2020, beaucoup de familles estiment encore que ce statut n’est pas pour leurs enfants.

Pour mieux comprendre les enjeux de l’apprentissage et les blocages qui persistent autour de cette voie, l’Apel a organisé le 16 novembre dernier au Sénat, un petit-déjeuner en présence d’experts et d’acteurs de l’enseignement catholique.

Pour David Hélard, inspecteur général, « le premier enjeu est celui de la lisibilité et de l’attractivité. Il faut que les collèges rendent l’apprentissage désirable. Trop souvent, il y a l’idée que c’est formidable… pour les enfants des autres », regrette-t-il.

Pourtant, les profils d’apprentis sont particulièrement recherchés par de nombreuses entreprises, notamment celles qui possèdent un savoir-faire technique, comme en a témoigné Nicolas André, DRH de l’entreprise Buffet Crampon, spécialisée dans la fabrication d’instruments de musique et représentante du Medef. « Nous prenons des apprentis depuis une trentaine d’années. Sur 250 personnes, nous en avons une dizaine chaque année. Pour nous, c’est un investissement : nous les formons à nos métiers, qui sont très spécifiques, et nous espérons les recruter ensuite. »

 

Transmettre les métiers

Nadège Havet, sénatrice du Finistère, a confirmé elle aussi le besoin urgent pour certaines entreprises de transmettre leurs métiers, au risque de voir se perdre des compétences en France : « Des gens partent sans avoir pu transférer leurs savoir-faire et personne ne les remplace. Cela peut mettre en péril des entreprises. Le problème se pose par exemple pour la société de construction maritime Chantiers de l’Atlantique qui avait, il y a quelques années, toutes les compétences pour fabriquer des pétroliers. Elle ne les a plus aujourd’hui et ne construit donc plus que du bateau de croisière. »

L’enjeu est d’autant plus important que le profil des apprentis évolue, selon Nicolas André : « Sur ces dix dernières années, nous avons observé qu’en moyenne sur dix apprentis, deux veulent rester chez nous une fois leur apprentissage terminé. Beaucoup souhaitent s’installer à leur compte, il y a un vrai changement des mentalités. »

 

Découvrir l’entreprise

Que faire alors pour soutenir l’apprentissage et mieux le faire connaître ? Côté entreprise, la question du financement a été soulignée par les intervenants. Côté jeunes, les experts ont insisté sur la nécessaire maturité dont ils doivent faire preuve et l’importance de l’accompagnement des jeunes. Pourquoi ne pas leur proposer avant toute signature de contrat d’apprentissage, un stage de quelques semaines afin qu’ils découvrent leur entreprise sans pression ? Cela permettrait notamment d’éviter les contrats rompus prématurément...

Enfin, un travail sur les représentations de l’apprentissage auprès des familles doit être mené. Selon le sondage BVA réalisé en octobre pour l’Apel, « 94 % des parents pensent que l’apprentissage est une bonne chose, et pourtant 35 % doutent que cela soit adapté à l’enseignement supérieur. » Sur ce point, le témoignage de Frédéric Berthoud, qui travaille pour le Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation en Suisse, est intéressant : « En Suisse, 65% des jeunes sont en apprentissage. Leur entourage est très souvent passé par cette voie, et la façon dont on en parle à la maison est positive. On peut y bifurquer à tout moment de ses études et beaucoup de postes prestigieux sont tenus par des gens qui n’ont jamais mis les pieds à l’université, et n’ont fait que de l’apprentissage. »

 

40 000 apprentis dans l’enseignement catholique

En France, sur les 730 000 jeunes qui choisissent l’apprentissage, du CAP au bac+5, 40 000 sont dans l’enseignement catholique. C’est le cas d’Aline, qui a témoigné de son parcours : « Le collège a été une souffrance pour moi. Et l’apprentissage a d’abord été une voie de secours. Je n’étais pas du tout scolaire, je pensais aller jusqu’au bac et finalement j’ai continué. J’ai fini par aimer l’école et aujourd’hui je suis en master Manager des stratégies commerciales. »

Gilles Demarquet, président de l’Apel nationale, a conclu la matinée en appelant à œuvrer à ce que « l’apprentissage soit plus connu et puisse devenir un vrai choix, notamment pour les jeunes aux parcours scolaires chaotiques ».

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