Le Grenelle de l’éducation… et après ?

En conclusion du Grenelle de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, a présenté ses engagements le 26 mai dernier, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue au Cese (Conseil économique social et environnemental), à Paris.
Revalorisation financière et amélioration de la gestion des ressources humaines étaient au programme.

François Husson

Le Grenelle de l’éducation portait sur quatre grands thèmes : la reconnaissance, la coopération, l’ouverture et la protection. Cette vaste concertation, amorcée en octobre dernier, a pris fin le 26 mai dernier, au Cese (Conseil économique social et environnemental), à Paris. Lors d’une table ronde, une synthèse des travaux effectués par une vingtaine de groupes qui ont énoncé près de 500 propositions, a été présentée. Lors de la conférence de presse qui a suivi, Jean-Michel Blanquer a tout d’abord salué la résilience de tous les acteurs, qui a permis à la France de maintenir ouvertes les portes de son École. Puis le ministre de l’Éducation nationale s’est engagé sur douze points. Ils permettront de revaloriser les métiers éducatifs, tout en fluidifiant les parcours et la gestion des ressources humaines. Ces points d’amélioration, mis en œuvre en 2021 ou 2022, se regroupent autour de trois axes :

 

A/ La personnalisation

1/ Mieux reconnaître financièrement l’engagement des personnels

Une revalorisation durable est annoncée pour figurer dans le peloton de tête des pays de l’OCDE en matière de rémunération des personnels. Pour cela, le chiffre de 1,1 milliard d’euros sur deux ans est avancé : 400 millions d’euros de mesures nouvelles en 2021 et 700 millions d’euros en 2022, avec une augmentation dès mai 2021 de plus de 100 euros/mois pour les nouveaux professeurs. Les AESH recevront une participation ministérielle pour leur protection sociale.

 

2/ Donner à chacun la possibilité de faire connaître ses compétences

Une nouvelle direction pour les emplois d’encadrement est créée.

 

3/ Permettre à chacun d’être acteur de son parcours professionnel

Le déroulement des carrières va être facilité en augmentant le nombre de promotions par grade, les mobilités entrantes par la VAE, les détachements à l’international et les circulations entre voies générale et professionnelle.

 

4/ Personnaliser l’accompagnement des professeurs

Suite au meurtre de Samuel Paty, chaque rectorat va se doter d’équipes de soutien pour épauler les professeurs qui courent un risque. Les dépôts de plainte seront accompagnés.

 

B/ L’esprit d’équipe

5/ Nouveaux avantages sociaux

L’action sociale et les prestations seront développées dès juin pour les personnels. Avec une offre Préau pour un accès à la culture : billetterie pour le cinéma et les spectacles, tarification avantageuse pour les plateformes de musique en ligne, les coffrets loisirs, l’équipement sportif, les salles de sport, offre partenaire auprès de résidences de vacances.

 

6/ Lien direct entre les personnes et les services administratifs

Colibris, l’application numérique expérimentée dans l’académie de Lyon sous le nom de VALERE, est déployée pour de meilleures relations administratives avec les personnels.

 

7/ Donner le pouvoir d’agir aux équipes grâce à une direction d’école consolidée

La fonction de directeur d’école dans l’enseignement public sera revalorisée, notamment par un renforcement du système des décharges.

 

8/ Donner plus d’autonomie aux équipes des collèges et lycées pour développer leurs projets

L’auto-évaluation des établissements va permettre d’aller de l’avant dans ce domaine, les chefs d’établissement jouant un rôle d’animateur des collectifs. Les professeurs pourront se voir confier des missions de coordination : il y aura une variété d’engagements, comme des fonctions mixtes enseignant/inspecteur.

 

C/ L’amélioration du service public de l’Éducation nationale

9/ Amélioration des rémunérations

Création d’un baromètre spécifique pour atteindre l’objectif de figurer dans le peloton de tête des pays de l’OCDE en matière de rémunération des professeurs, mais aussi de bien-être.

 

10/ Gérer les ressources humaines au plus près des territoires

Pour passer à une gestion plus individualisée et valoriser les compétences des plans d’action ont été lancés dans les territoires depuis septembre 2020. Ils se matérialisent par des feuilles de route RH des académies. La transformation est en cours.

 

11/ Assurer une continuité pédagogique efficace

Pour le 1er degré, l’objectif est d’aboutir à une meilleure capacité de remplacement en expérimentant une application numérique qui met en relation le besoin de remplacement et le professeur disponible à proximité.
Pour le 2d degré, en cas d’absence, une prise en charge pédagogique devra être assurée : par un remplaçant et à défaut, par des cours en ligne ou un travail en autonomie, encadrés par un assistant d’éducation ou le recours à des heures supplémentaires ponctuelles pour les assistants d’éducation.  Les élèves devront avoir eu en fin d’année le nombre d’heures prévu pour leur enseignement.

 

12/ Faciliter l’accès à une formation continue diplomante

La formation initiale est déjà réformée. Pour la formation continue, un appel sera lancé aux académies pour créer des écoles de formation continue.

 

 

L’objectif est de soutenir les personnels et de rendre attractifs les métiers de l’éducation. En juin prochain, le ministère rencontrera les différents syndicats pour discuter de la ventilation des budgets alloués, qui pour l’instant n’a pas été précisée.

 

Parmi les réactions syndicales, celle de la FEP-CFDT qui espère être associé aux discussions. La FEP s’attachera à ce que les engagements ministériels concernent pleinement le privé sous-contrat. Notamment les suppléants dont le traitement reste particulièrement inéquitable par rapport aux remplaçants du public et alors que les besoins de remplacements se sont cruellement faits ressentir tout au long de la crise sanitaire.

 

Quant au secrétaire général de l’enseignement catholique, Philippe Delorme, invité au Cese, il s’est réjoui de la revalorisation du traitement des professeurs. Le ministre a en effet promis que pas un seul professeur ne gagnera moins de 2 000 euros nets à l’horizon 2025…

 

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