Le Spelc attend des gages du ministre
Lors de sa conférence de presse de rentrée, ce mardi 19 septembre 2017, le secrétaire général du Spelc, Luc Viehé a tenu à rappeler qu’il fait partie des syndicats constructifs. S’il a salué un certain nombre de mesures comme l’assouplissement de la réforme du collège ou des rythmes scolaires, il a également souhaité qu’une plus grande confiance soit accordée aux enseignants.
Le secrétaire général du Spelc, Luc Viehé, a fustigé « les annonces à répétition », la trop forte « politisation du Ministère de l’Éducation Nationale » et souhaite que la confiance vis-à-vis des enseignants « se concrétise ». « Les enseignants sont des professionnels. Ils savent comment apprendre à lire et à calculer à leurs élèves », insiste Luc Viehé. Leur demander d’enseigner la division dès le CE2 est « illusoire et conduira certains élèves à l’échec », a-t-il également affirmé. Il questionne aussi le « pragmatisme » de Jean-Michel Blanquer regrettant que « les programmes n’ont pas encore été évalués et ils doivent déjà être revus… ».
Le Spelc demande également qu’une politique salariale décente soit conduite et s’indigne que l’application du PPCR (le protocole Parcours Professionnels Carrières et Rémunérations), imaginé par le précédent gouvernement, puisse être l’objet d’un report. « Ce protocole permettrait simplement à la rémunération des enseignants de se situer dans la moyenne de l’OCDE en 2023 », rappelle Luc Viehé.
Le Spelc n’est pas convaincu de l’intérêt des évaluations en CP et en 6ème qui ont été programmées en 2017 et 2018 et engage les équipes à se saisir des adaptations rendues possibles pour cette année de mise en œuvre : « Nous ne voulons pas que ces évaluations, décidées sans concertation, représentent un surcroît de travail pour les enseignants et qu’elles soient en outre utilisées pour évaluer les enseignants et les établissements », affirme Valérie Doulmet, en charge de la communication du Spelc. Pour ce qui concerne les « devoirs faits », le syndicat préconise qu’une concertation ait lieu au sein des établissements et que leur mise en place soit décidée au cas par cas.
Le Spelc approuve, en revanche, l’assouplissement des rythmes scolaires — sur lesquels sont déjà revenus bon nombre d’établissements catholiques — et de la Réforme du collège (notamment des (Enseignements Pratiques Interdisciplinaires) qui contribue à « détendre l’atmosphère ». Il salue également le maintien, voire le développement possible des classes européennes et bi-langues.
Lutter contre la précarité
Autre volet de la conférence de presse, le fonctionnement des établissements et les conditions de travail du personnel enseignant et non enseignant. Le Spelc persiste à considérer que les emplois aidés « sont peu efficaces et que les employeurs respectent rarement leurs obligations de formation » mais s’inquiète néanmoins des possibles conséquences de leur raréfaction sur les élèves fragiles ou handicapés dans les petits établissements, malgré les garanties du Ministère de l’Éducation de préserver les postes dédiés à ces missions d’accompagnement. Il voit aussi d’un mauvais œil le gel du point d’indice pendant 5 ans ou encore l’introduction d’une journée de carence en cas d’arrêt de maladie pour les agents publics.
Il se félicite en revanche de la révision des classifications de juin 2017 et de son effet sur les salaires les plus faibles mais rappelle toutefois que le Spelc n’a pas signé la NAO (Négociation Annuelle Obligatoire) qui a entériné une augmentation de salaire de seulement 0,7 % sur deux ans (2017 et 2018). Le syndicat rappelle que les trois quarts des salariés de l’enseignement privé sont à temps partiel non choisi et vivent dans une grande précarité. « Une plus grande mutualisation des moyens permettrait aux petits établissements de mieux rémunérer leurs salariés. L’enseignement catholique doit revisiter son modèle économique », insiste Luc Viehé. Enfin, le Spelc se félicite que les statuts de chef d’établissement du primaire et du secondaire aient fusionné mais regrette que l’alignement des salaires des chefs d’établissements du 1er degré sur ceux du second s’étale sur 5 ans.
« Le Livre blanc pour l’équité
des enseignants du public et du privé ».
« Le Livre blanc pour l’équité des enseignants du public et du privé », édité par le Spelc au princtemps 2017, liste de nombreux exemples de discriminations à l’encontre des maîtres de l’enseignement privé : rémunérations inférieures des délégués et enseignants auxiliaires du privé comparées à leurs homologues du public — or 13 % des enseignants du primaire sont en situation précaire et 21 % de ceux du secondaire —, heures complémentaires rémunérées en heures supplémentaires — ce qui réduit le montant des indemnisations en cas d’arrêt de maladie —, absence de « garantie » d’emploi de la part de l’État employeur pour les maîtres contractuels en cas de perte d’heures, retraites moins élevées pour les enseignements du privé que pour ceux du public, etc. Dans son livre blanc, le Spelc propose 12 solutions pour améliorer la condition des enseignants du privé. Par ailleurs, sur ce sujet, une pétition intersyndicale est en cours de signature et des réunions se préparent afin de passer collectivement à l’action.
Mireille Broussous