Les 50 ans du Snec-CFTC

À l'occasion des 50 ans du Syndicat, fêtés le 4 avril 2017, au Conseil économique social et environnemental, Francis Castelain, le président sortant du SNEC-CFTC, fait un tour d’horizon des grands dossiers d’actualité avant de passer le flambeau.

 

 

Le Snec-CFTC organise le 4 avril prochain un colloque d’ampleur sur le thème Education et citoyenneté au CESE. Quels en sont les enjeux ?

Francis Castelain : Il s’agit d’un temps fort qui marquera les 50 ans de notre syndicat, pour lequel nous avons souhaité réunir tous les représentants départementaux et académiques- soit environ 250 participants. Pour cet événement, nous avons choisi le thème Education et citoyenneté comme signe d’ouverture au delà-de notre syndicat. Si nous sommes des acteurs privilégiés de l’éducation, nous ne sommes pas les seuls à œuvrer dans l’acquisition de la citoyenneté –il y a aussi la famille, les structures d’insertion qui œuvrent aussi auprès des jeunes décrocheurs- et il est urgent de croiser nos regards ! Il y a beaucoup à apprendre des initiatives menées par les uns et les autres et une réflexion d’ensemble à mener. C’est le message que nous voulons envoyer aux candidats à la veille des présidentielles. On peut parler beaucoup d’économie mais ce qui doit rester au centre de toutes nos actions, c’est l’humain !

 

Après l’instauration du nouveau socle commun, l’application de nouveaux programmes, l’introduction de la réforme du collège, où en sont les acteurs sur le terrain ?

F.C. : Que ce soit la réforme des rythmes scolaires ou la réforme du collège, à l’évidence cela est venu répondre à un besoin. On ne peut pas se satisfaire que 150 000 jeunes continuent à sortir sans diplôme. Mais tous ces changements imposent des contraintes –multiplication de réunions pédagogiques ou de concertations- qui ne sont pas suffisamment prises en compte par les pouvoirs publics. Autre difficulté : la temporalité. L’éducation, la mise en œuvre de ses réformes et leur évaluation, ont besoin de temps long et ne peuvent être rythmées par celui des élections politiques.

 

Quels sont les grands enjeux à relever pour l’école française aujourd’hui?

F.C. : Le premier serait de renforcer les moyens d’une orientation choisie pour les jeunes. Que l’on sorte de ce système en tuyaux d’orgue, qui fait tellement souffrir par ses ruptures et ses cloisonnements. Il est urgent de considérer et de valoriser les autres modes de formation comme l’apprentissage, l’alternance. Derrière, il y a certainement une peur des enseignants à s’engager, qui préfèrent rester dans un système qu’ils connaissent vraiment. Cela pose la question de la construction d’une véritable politique de formation. Si la mise en place de l’alternance dans la formation des lauréats des concours va dans le bon sens, la formation qui est dispensée aux entrants dans la profession est trop souvent peu adaptée à la réalité du terrain et aux besoins réels des maîtres concernés. A cela s’ajoute l’absence de possibilité d’une réelle formation continue, sans oublier celle d’une reconversion professionnelle. Et bien sûr la question de la revalorisation du métier : comment susciter des vocations avec des salaires parti les plus bas de ceux de l'OCDE ?

 

Et pour les enseignants au sein des établissements de l’enseignement privé sous contrat en particulier ?

 

F.C. : Depuis la loi Censi, le statut s’est un peu précisé mais pas assez : il reste aujourd’hui ni celui de fonctionnaire ni celui de droit privé, avec cette impression que le ministère nous applique les règles quand ça l’arrange... Pour nous il s’agit moins d’une revendication dogmatique de la liberté de l’enseignant par rapport au chef d’établissement que de celle d’une égalité de traitement dans les relations avec l’État qui assure aux contractuels relevant de la législation Debré-Guermeur de bénéficier des conditions de salaires, de protection sociale, de reclassement et de retraite des fonctionnaires titulaires. De la même manière, le Snec défend la fin de la précarité et de l’indécence des salaires pour les suppléants. Cette revalorisation est d’autant plus essentielle pour favoriser l’attractivité du métier enseignant dans l’enseignement catholique qu’il y a beaucoup de marges de manœuvres à saisir en terme de liberté d’organisation et la possibilité d’un métier très riche !

 

Parmi vos objectifs d’avenir, il y a la construction du syndicalisme de demain. Cela veut dire quoi concrètement ?

F. C. : Notre slogan c’est « la force du dialogue, la volonté d’avancer ». Il y a aujourd’hui certainement des choses à réinventer dans la manière de négocier –avec plus de professionnalisme, de formation des acteurs à la négociation- et dans la relation avec l’adhérent salarié. Face à la crise de confiance à laquelle  ils font face aujourd’hui –souvent liée à l’image celle de la représentation politique-, il est de plus en plus difficile de fidéliser nos adhérents, souvent là davantage au départ par opportunisme (mutation, promotion…)  que par conviction. Les syndicats aujourd’hui doivent être une organisation de service, de conseil et démontrer concrètement qu’ils jouent encore leur rôle pour améliorer la condition des salariés. L’investissement en leur sein devrait également être reconnu –sous la forme d’un véritable statut de délégué y compris pour les salariés et plus largement d’une VAE qui permettrait la reconnaissance des compétences qui y sont développées.

Passage de témoin

Au cours du conseil national de printemps qui s'est réuni du 3 au 6 avril à Paris, Francis Castelain a donné sa démission de la présidence du Snec-CFTC. Une nouvelle commission exécutive a été élue.
Elle est composée d'Annie Toudic (photo), présidente, Emmanuel Iltis, secrétaire général, Pierre-Vincent Moralès, trésorier, David-Emmanuel Durand, vice-président et Olivier Kerisac, secrétaire général adjoint.

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