L’Ile-de-France questionne son avenir

La journée Régionale prospective d'Ile-de France, s'est tenue le 16 mai dernier à la direction diocésaine de Paris. Au menu: des échanges nourris sur l'enseignement catholique local de demain.

Le 16 mai dernier, plus de cent chefs d’établissements, enseignants, formateurs, responsables d’Ogec et d’Urogec, maîtres d’internat et élèves de toute l’Ile-de-France ont échangé à bâtons rompus dans les locaux de la direction diocésaine de Paris, sur l’avenir de l’enseignement catholique de leur région. L’objectif énoncé par le directeur diocésain des Hauts-de-Seine, François de Chaillé : « Apporter notre contribution à la dynamique prospective engagée depuis trois ans, en tâchant de répondre à notre échelle à la question posée par monseigneur Ulrich, à savoir, caractériser ce qui manquerait si l’école catholique n’existait plus. »

« Au final, ces échanges et rencontres ont été des occasions d’avancer, par la confrontation et l’enrichissement » a commenté Jean-François Canteneur, le directeur diocésain de Paris, saluant les modalités collaboratives des travaux proposés.

Un choix revendiqué par le secrétariat général car, même moins confortable qu’un texte d’orientation qui cadre, il invite à une démarche réellement synodale », selon les termes de Philippe Delorme. Pour Emilie Mauhé, enseignante à L’isle-Adam, « c’est même très rassurant et réconfortant de voir que, malgré des divergences de points de vue, on peut échanger avec d’autres éducateurs aux contextes très différents et partager les mêmes valeurs ».

Dans le premier temps de diagnostic, le revers de l’individualisation croissante de la société a été souligné, des chefs d’établissement s’étonnant de l’inflation de demandes de dérogations et regrettant que la mobilité importante des équipes affaiblisse le sentiment d’appartenance.

A tous les niveaux une forme de consumérisme occulte encore trop souvent l’idée du Bien commun qui finalement s’affirme davantage dans l’adversité ou au sein d’établissements isolés. D’où l’idée de plusieurs chefs d’établissement de transformer leur école en pôle de services adossés à l’activité de psychologues ou d’orthophonistes, d’associations périscolaires faisant le pari que cette offre éducative intégrée permette à l’établissement d’être perçu comme un vrai lieu de vie.

Thierry Chevallier, directeur diocésain de Seine-Saint-Denis a quant à lui invité chaque établissement à se sentir responsable du recrutement de son voisin dans un contexte où la tentation concurrentielle peut être exacerbée par la pénurie d’enseignants.

Au sujet de la sélection par l’argent, les chefs d’établissement ont expliqué à un parent d’élève de l’Apel qui pointait le coût de la cantine, les politiques sociales engagées par les sociétés de restauration partenaires. A ce propos, une chef d’établissement plaidait pour plus de pédagogie autour du règlement financier faisant valoir que seules 3 familles sur 320 avaient accepté la proposition de remboursement du forfait « sortie », non utilisé pendant le covid permettant d’autres investissements en termes de matériel pédagogique.

Quelles possibilités de valoriser les « virtuoses de la pédagogie » du réseau autrement que par des IMP pas toujours suffisants ni adaptés aux missions de ses établissements ? Comment organiser des solidarités transfrontalières pour les établissements des périphéries ? Jusqu’où favoriser la concertation au collège ? Autant de questions débattues avec enthousiasme qui ont dessiné les contours de l’Enseignement catholique d’ile-de-France de demain !

Les pistes d'action travaillées

Valoriser le projet

Oser investir Instagram et les autres réseaux sociaux pour faire connaître la spécificité de l’Enseignement catholique : c’est un des défis choisis par l’Ile-de-France qui préconise de l’appuyer sur un vademecum partagé entre tous les établissements.

De même un guide des CVC et CVL pourrait utilement accompagner la représentation des jeunes dans toutes les instances de concertation (de la commission restauration au conseil d’établissement ou de pastorale). La participation des jeunes pourrait aussi se traduire par l’implication de lycéens dans des ateliers éducatifs donnés aux plus jeunes.

Offre éducative actualisée

Au service du lien social et convivial, l’idée de tiers-lieux d’échange de services au sein des communautés éducatives a fait son chemin.

Pour garantir la continuité de parcours des élèves en difficultés au sein du réseau, deux propositions ont été confrontées : l’orientation de ces élèves vers des établissements spécialistes de remédiation qui seraient soutenus par une répartition en réseau qui leur serait favorable de la dotation horaire globale ou au contraire, un accompagnement renforcé dans chaque établissement à l’aide de classe tremplin.

Liberté et excellence pédagogique et éducative

Sur le plan de l’innovation, la piste du travail collaboratif entre pairs a été largement plébiscitée, notamment sur le mode de recherches collaboratives inter-établissement à l’aide du concours d’enseignants chercheurs. Une formule qui pourrait être valorisée par la création d’une fonction de pilote en charge de l’innovation à l’échelle d’un bassin ou d’une direction diocésaine. Le co-construction puis la mutualisation d’outils au service de l’orientation a aussi été explorée.

Modèle économique et la gouvernance

Pour entrer dans une économie de partage qui excède la simple mutualisation, les tablées ont cherché des concours extérieurs de professionnels tels qu’un poste dédié aux recherches de financement à l’échelle de la région. Il pourrait notamment se spécialiser dans la récupération des forfaits impayés dus aux écoles par les collectivités locales l’école Notre-Dame de la providence de Montmagny ayant témoigné combien avoir remporté la bataille judiciaire pour le recouvrer avait changé son budget de fonctionnement… et sa vie quotidienne ! Parmi les autres pistes : partager les initiatives solidaires prises à l’échelle des établissements ou alimenter une banque de donnée régionale des entreprises et aluminis pouvant apporter des soutiens financiers.

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