Mixité : La liberté de recrutement non négociable

Philippe Delorme n'en finit plus de répondre à la presse sur la mixité sociale de l'Enseignement catholique, suite à la publication des indicateurs par le ministère. La dernière interview que le secrétaire général de l'Enseignement catholique a accordée au Nouvel Obs expose avec clarté son argumentaire.

Mixité sociale dans l'Enseignement catholique

Extrait de l'interview de Philippe Delorme
par Gurvan Le Guellec pour le Nouvel Obs

Publié le 

Mis en difficulté par la publication des indices de position sociale de l’Éducation nationale qui souligne sa dimension fortement ségrégative, l’enseignement catholique reconnaît le problème mais se déclare innocent et rend les pouvoirs publics responsables de la situation.

Argument sérieux ou manœuvre dilatoire ? « L’Obs » a longuement ferraillé avec Philippe Delorme, son secrétaire général.

Nouvel Obs. La récente publication des indices de position sociale (IPS) de l’Education nationale souligne combien la sociologie des établissements catholiques est privilégiée : 112 pour les écoles, 114 pour les collèges, 122 pour les lycées généraux et technologiques, soit 10 à 14 points de plus que les scores du public. Si l’on exclut le rural et le périurbain et que l’on se concentre sur les agglomérations, ces écarts se creusent considérablement, oscillant le plus souvent entre 20 et 40 points. C’est une surprise ? Un sujet de préoccupation ?

Philippe Delorme. Je partage entièrement la volonté du ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye d’accroître la mixité sociale dans les établissements, car je crois comme lui qu’elle est bénéfique à tous les élèves, défavorisés ET favorisés. Il faut toutefois s’entendre sur ce que l’on qualifie de « mixité sociale ». En ce qui concerne la scolarité obligatoire, l’IPS moyen du privé se situe légèrement au-dessus de 110, cela témoigne d’un vrai mélange de populations reflétant la pluralité de la société française.

Le problème de ce pays, ce n’est pas qu’il y ait du privé à 110 d’IPS mais qu’il y ait des établissements publics très ségrégués à 80 d’IPS, voire beaucoup moins. C’est dans ces établissements, et non pas chez nous, qu’il y a une absence de mixité. Nous ne sommes pas responsables des faillites de la politique de la ville, ni des problèmes d’organisation de l’Éducation nationale qui ont pu aboutir à la constitution de ces ghettos.

Dans la poursuite de l’entretien Philippe Delorme détaille combien une implantation historiquement forte dans les centre-ville aujourd’hui très favorisés, l’autocensure et l’empêchement financier pénalisent la mixité sociale de l’Enseignement catholique.

Concernant le frein financier, Philippe Delorme insiste sur le fait que le développement des politiques sociales des collectivités locales qui continuent bien trop souvent d’exclure les familles modestes de l’Enseignement catholique, creuse l’écart.

S’il reconnaît que l’augmentation de la mixité sociale de l’Enseignement catholique constitue un enjeu évangélique majeur, Philippe Delorme souligne qu’une telle politique ne peut être « punitive ». Quotas, logiciels d’affectation et autre intégration dans la carte scolaire sont à proscrire puisqu’ils entravent le liberté d’enseignement.

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