Mixités scolaires : les chargés de mission pensent « glocal »

Fruit de deux années de travaux, l’Ancm a posé, lors de sa dernière session de formation annuelle, des pistes d’animation pour mobiliser les équipes autour des mixités scolaires, en articulation avec une éducation aux droits humains.

Virginie LERAY

 

Comme un point d’orgue qui enracine des pistes d’action dans la réflexion, la session annuelle de formation de l’association des chargés de mission de l’enseignement catholique, (Ancm) a conclu deux ans de cheminement sur la question des mixités scolaires. Les 18 et 19 mars derniers, dans les locaux de la communauté des Lazaristes à Paris, elle a réuni deux-tiers des 83 membres de l’Ancm. Ils y ont alterné des moments de relecture du voyage d’étude sur l’inter-culturalité effectué à l’été 2018 à l’université portugaise de Coïmbra et les stratégies d’animation nouvelles envisagées : « Il s’agit désormais de faire vivre aux chefs d’établissement et à leurs équipes le même déplacement que nous avons vécu afin de leur donner la même envie de se saisir et d’approfondir cette question », explicite Christian Hurault, président réélu du bureau.
Parmi les objectifs : modifier les représentations notamment sur l’altérité, passer de la tolérance à l’empathie, insérer l’objectif de mixité scolaire en classe dans un cadre plus large, excédant le prisme national, en prenant par exemple en compte des enjeux géopolitiques ou environnementaux.

Une telle approche de la mixité scolaire gagne à s’articuler à la problématique des droits humains, comme cela se pratique au Portugal. Carla de Marcelino Gomes, chercheuse au Centre des Droits humains de Coïmbra a d’ailleurs remis les sessions de formation vécues cet été durant le voyage d’étude, dans la perspective du concept d’ « inclusion scolaire glocale » : il s’agit d’intégrer dans son quotidien les critères internationaux en matière de droits humains tout en les adaptant à son contexte spécifique. Ainsi des dispositifs de l’école inclusive tels que les UP2A (pour primo-arrivants) ou Ulis (pour élèves en situation de handicap) s’apparentent à des mises en œuvre locales de la Convention du droit des enfants : interdiction de discrimination (art 2), attention particulière à apporter aux migrants (art 22) ou aux minorités ethniques (art 30). De même, mettre l’élève au cœur de la pédagogie concrétise la révolution épistémologique « de l’intérêt souverain » des enfants (art 3) et de leur « nécessaire participation » aux questions qui les concerne. Les standards internationaux ne sont plus seulement théoriques et les modalités d’enseignement se retrouvent légitimées par un texte phare, ratifié par des centaines de pays.

Pour sensibiliser adultes et enfants à cette question des droits humains, les chargés de mission sont initiés à plusieurs outils ludiques et pédagogiques proposés sur le site du Conseil de l’Europe (https://www.coe.int/fr/web/compass). Ils ont aussi co-élaborés d’autres animations formatives telles que la réalisation de slogans ou l’adaptation de la grille d’évaluation diagnostique de la mixité scolaire proposée dans le hors-série d’ECA de juillet 2018, à l’échelon des chargés de mission.

Pour Denis Herbert, responsable formation de l’École des cadres missionnés qui accompagnait la session : « tout cela participe de la mission de l’enseignement catholique de ramener du « et » dans une époque dominée par le « OU ». Tandis que l’imbrication des cadres du droit –national et international invite à revisiter l’articulation entre, par exemple, les règlements intérieurs, les projets éducatifs et une sorte de charte déontologique plus généraliste à définir. Sans oublier de multiplier voire inventer les lieux de dialogue et concertation où interroger notamment les éventuels écarts entre le dire et le faire. » Autant de défis ambitieux que les chargés de mission entendent relever, notamment en s’appuyant sur une base de données mutualisée en ligne qui ne cesse de s’étoffer.

Sur le statut de chargé de mission

En amont des travaux sur les mixités , les chargés de mission ont procédé à leur assemblée générale annuelle.
Yann Diraison était invité et a pu, pendant près de 1h15 , présenter l’avancement de la réflexion en cours sur l’évolution du statut des chargés de mission et répondre aux premières questions que soulèvent et la démarche et évoquer les solutions envisagées. 

 

Deux membres arrivant au terme de leur premier mandat ont été réélues :

Marie-Laure PLESSE  - Côtes d’Armor
Christine MOTEAU - Loire Atlantique

Quatre nouveaux membres sont entrés au conseil administration :

Nathalie HAMMAD - Vendée 
Julien FAURE - Maine et Loire
Marie-Line DEPRET - Cambrai
Florence MIRANDE  - Paris

Partagez cet article

>