Prospective ultramarine

Le Tour de France prospective est sorti des limites de l'hexagone métropolitain pour aider l'enseignement catholique des territoires ultramarins à élaborer leurs stratégies de développement à l'horizon 2030.

"J'ai été très frappé par le dynamisme de la Martinique"

Philippe Delorme, secrétaire général de l'enseignement catholique, était de passage en Martinique à la mi-février. La Prospective était le thème de son voyage.

 

Quel était le but de votre visite en Martinique ?

Ma visite comportait trois objets : il s'agissait d'abord de témoigner ma reconnaissance aux chefs d'établissement et aux communautés éducatives pour tout le travail accompli, en particulier depuis ces deux dernières années. Il s'agissait ensuite d'aller à la rencontre des acteurs de l'Enseignement catholique de Martinique. Il était pour moi important de connaître leurs problématiques. Il s'agissait enfin de travailler sur la Prospective, de façon à ce que la Martinique puisse participer pleinement à cette démarche nationale et se sente concernée.

 

Pouvez-vous expliciter la démarche Prospective ? De quoi s’agit-il ?

La démarche Prospective consiste à imaginer l'Enseignement catholique dans les dix, quinze ou vingt prochaines années et voir quelles sont les évolutions nécessaires pour mieux répondre à notre mission éducative auprès des jeunes. Aujourd'hui, nous vivons dans une société qui évolue et je crois profondément que l'Enseignement catholique constitue une belle réponse aux défis actuels de notre société. C'est dans cet esprit-là que nous travaillons et ce autour de quatre axes stratégiques : affermir et mieux faire connaître notre projet d'éducation de la personne ; développer la liberté d'excellence éducative et pédagogique pour tous ; adapter et déployer l'offre éducative actualisée ; réinterroger le modèle économique et la gouvernance. Chaque territoire est invité à formuler des propositions qui peuvent être développées d'un point de vue local ou travaillées au niveau local au bénéfice de l'ensemble de l'Enseignement catholique.

 

Trouvez-vous que les orientations choisies en Martinique sont les bonnes ?

J'ai été très frappé par le dynamisme de la Martinique, par les bonnes initiatives qui ont déjà été prises, je pense notamment aux annexes qui ont pu être créées à Rivière-Salée et à Sainte-Luce, et à tous les projets actuellement en gestation et qui vont tout à fait dans le sens d'une démarche prospective dynamique et clairvoyante.

 

Pourtant, en Martinique, l’Enseignement catholique ne scolarise que 6 % des élèves, contre 18 à 20 % des élèves dans l’Hexagone, comment explique-t-on ce retard, alors qu'il y a une demande ?

C'est lié à l'histoire de notre implantation. Quoi qu'il en soit, il n'est pas question de se développer pour se développer, et de construire des écoles pour être en concurrence avec l'enseignement public. Il s'agit de proposer une offre éducative particulière fondée sur l'Evangile du Christ et de faire en sorte que les parents aient une vraie liberté de choix, quant à l'école qu'ils considèrent comme étant la plus adaptée pour leurs enfants.

 

Comment envisagez-vous l'Enseignement catholique en Martinique dans les années à venir ?

Ce n'est pas à moi d'envisager quoi que ce soit. La responsabilité dans l'Enseignement catholique n'est pas verticale. Cela part du territoire. Ce sont les acteurs locaux qui définiront cet avenir. Nous, nous essaierons d'accompagner au mieux. Je fais confiance aux acteurs que j'ai rencontrés pour poursuivre cette démarche et l'accentuer, parce qu'ils en ont la volonté et les compétences.

Guadeloupe :
Rendez-vous donné en octobre 2022

En Guadeloupe, une réunion en commission exécutive du Codiec s'est tenue en novembre 2021 en guise de première étape de réflexion autour de la démarche Prospective.

"Compte tenu de la situation sanitaire, nous n'avons pas encore pu vivre une journée prospective élargie", explique le père Thierry Saint-Clair, directeur diocésain. Ce dernier a donc prévu de l'organiser mi-octobre 2022 avec des enseignants, chefs d'établissement, parents d'élèves, élèves, représentants de l'Apel, des Ogec... sur quatre jours d'animation. Ensemble, ils échangeront à partir des quatre axes de réflexion présentés par Philippe Delorme, lors de sa visite le 16 février dernier.

Parmi les sujets et enjeux d'avenir locaux qui seront probablement au cœur des discussions : le problème de baisse démographique au niveau de Basse-Terre, et l'exode des populations vers Grande-Terre qui pourrait impliquer un redéploiement des moyens.

Spécificités guyanaises

 

La démarche Prospective a gagné la Guyane, où Philippe Delorme, secrétaire général de l’enseignement catholique, s’est rendu, début décembre 2021. « Seul département français en augmentation démographique, ce territoire à fort besoin scolaire nécessite une attention particulière », a-t-il affirmé. Les 13 établissements (7 du 1er degré et 6 du 2d degré) sont contraints d’accueillir des primo-arrivants dans des conditions parfois difficiles et des implantations nouvelles autour de Cayenne sont à l’étude.

Face aux difficultés, il s’agit d’unifier des établissements éloignés géographiquement. Alors qu’un nouvel évêque, Mgr Alain Ransay, vient d’arriver et que la directrice diocésaine, Chantal Smith, s’apprête à prendre sa retraite, cette dernière a posé des jalons pour créer un pôle santé mutualisé. Le recrutement cette année d’un adjoint pour la pastorale et d’une chargée de mission communication – à temps partiel – devrait aussi contribuer à fédérer les troupes.

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