Réforme du lycée: Constat positif et points d’attention

Le Snceel, au cours du petit-déjeuner qu’il organisait au Sénat le 8 octobre dernier à l’invitation de Françoise Gatel, sénatrice d’Ille-et-Vilaine., a d’emblée réaffirmé pleinement souscrire à l’esprit de la réforme du lycée qui a ouvert l’éventail de choix des élèves de première. Un point d’attention a néanmoins été porté sur les structures plus modestes, notamment en milieu rural. L’organisation professionnelle de chefs d’établissement, membre du comité de suivi de la réforme, estime que cette instance devrait faire bouger les lignes en faveur d’un traitement plus équitable.

La liberté de choix des lycéens saluée

Le Snceel, organisme représentant les chefs d’établissement de l’enseignement catholique, a d’emblée réaffirmé pleinement souscrire à l’esprit d’une réforme qui a ouvert l’éventail de choix des élèves de première. Avec la disparition des trois filières S, L et ES, les lycéens se retrouvent aujourd’hui répartis, dans l’enseignement catholique dans 150 parcours diversifiés : « Nous saluons cette volonté de faire du lycée un véritable lieu de réflexion sur l’orientation plutôt qu’une gare de triage où les élèves sont sériés en fonction de leur niveau » a rappelé d’emblée Vivien Joby, président du Snceel. « Un début encourageant » a confirmé Philippe Delorme, secrétaire général de l’enseignement catholique, indiquant que cette diversification augmenterait une fois que le supérieur aurait clarifié ses attendus : « les familles ont besoin de cette visibilité pour les lycéens puissent s’autoriser à faire, plus largement encore des choix plus ouverts ».

Ces deux heures de discussions « spontanées et libres » sur cette réforme ont permis de dresser des constats positifs et partagés par tous et mis à jour plusieurs points d’alerte comme celui d’une mise en œuvre à géométrie variable entre privé et public et entre gros et petits établissements. « Nous veillerons à ce que la mise en œuvre de la réforme du lycée garantisse l’équité territoriale » a assuré la sénatrice Catherine Morin-Desailly (Seine-Maritime), présidente de la commission éducation du Sénat.

 

Une mise en oeuvre à géométrie variable

Si l’utilité de la réforme est unanimement partagée, les chefs d’établissement présents ont regretté une mise en œuvre « à géométrie variable selon les territoires » : Fabrice Stengel, chef d’établissement de Sainte-Jeanne d’Arc, grand établissement de Mulhouse, a par exemple obtenu 9 spécialités et gagné 50 élèves, mais relève que ses voisins francs-comtois, plus petits, se retrouvent moins bien lotis avec seulement 5 spécialités. Et ce en milieu rural comme dans l’agglomération de Belfort… Il observe aussi une concurrence privé public exacerbée : « Une de mes élèves a fait un choix de spécialité par défaut puisque le lycée public voisin a refusé un conventionnement qui lui aurait permis de suivre chez lui la spécialité qu’elle souhaitait. »

 

Un constat partagé dans le Nord où Antoine Depreck, directeur de l’institution Sainte-Odile à Lambersart, observe que les petits établissements ou ceux en concurrence directe avec le public ont été pénalisés : « À taille égale, le lycée catholique de Douai obtient deux spécialités en moins que son homologue du public. Pour ma part, avec un effectif certes modeste de 350 élèves, je proposais l’an dernier les trois filières alors qu’aujourd’hui, même en ayant bataillé pour obtenir sept spécialités, je me retrouve moins-disant puisque j’ai perdu le numérique. » Quant à Rémy Dulieu, directeur adjoint de Notre-Dame à Maubeuge, il a déploré avoir dû, faute de moyens, renoncer à des dédoublements de classe, au détriment des manipulations.

 

La question des ressources humaines

Autre point d’attention, « le volet économique de cette réforme réduit le volume d’enseignement et induit des économies d’échelle ce qui pose des questions en termes de ressources humaines », a reconnu Vivien Joby. Ce d’autant plus que les parcours induits par les choix de spécialités sont amenés à varier d’une année sur l’autre. Pour l’heure, les pertes d’heures, non encore chiffrées, concernent au premier chef les enseignants d’espagnols et de SVT. L’ensemble créée un « climat anxiogène maximal » pour les enseignants ont déploré Luc Viéhé et Anne-Marie Toudic, présidents respectifs du Spelc et du Snec CFDT, syndicats de maîtres partenaires de l'Enseignement catholique:  « Sans opposition idéologique à la réforme » ils regrettent un manque de « temps, de formation et de préparation ».

Optimiste, le Scneel, membre du comité de suivi de la réforme estime que cette instance devrait faire bouger les lignes : « L’implication forte du ministre de l’Éducation, la personnalité de Pierre Mathiot et la bonne représentativité de ce groupe me rendent confiants sur la qualité des travaux qui y seront menés » a-t-il avancé.

Des conseils de classe à réinventer

 

Parmi les autres sujets de réflexion, abordés lors du petit déjeuner au Sénat « la nécessité de repenser le concept de conseil de classe » a également été pointée. Vivien Joby, le président du Snceel a détaillé  : « Dans mon établissement, certaines combinaisons de spécialités impliqueraient de tenir un conseil de classe à 24 professeurs. Cela pose des questions sur sa finalité et son organisation. Au-delà, c’est aussi la fonction du professeur principal et la manière et le travail en équipe des enseignants qu’il faut interroger. »

Pour accompagner les établissements dans cette réflexion, le département Education propose un Webinaire sur le conseil de classe, le 4 novembre prochain.

Animé par Benoit SKOURATKO (chargé de mission Pôle collège, Pôle Lycée et Orientation au SGEC), il esquissera des pistes pour réinventer cette instance afin qu’elle accompagne au mieux les élèves dans leur parcours de formation du collège au post bac, en passant par le lycée.
Il s’appuiera notamment sur la réflexion que le Pôle Lycée au sein du Département Éducation conduit depuis maintenant 3 ans.

 

Plan du webinaire

  1. Le conseil de classe en tension : une organisation cristallisant les enjeux de la refondation de la réforme des lycées.
  2. Les nouveaux enjeux du conseil de classe : Comment faire du conseil de classe une organisation apprenante pour tous les acteurs de la communauté éducative ?
  3. Accompagner le changement, c’est possible : Des pistes pour accompagner le changement des conseils de classe : des hypothèses, des expérimentations, des enjeux de formation.

 

Lundi 4 novembre 2019
de 17h30 à 18h30

Inscriptions en ligne ici
avant le 27 octobre 2019

 

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