Règles écologiques

Le projet de lutte contre la précarité menstruelle de Saint-Joseph de Janzé finit remporte le prix de l’action éco-déléguée.

Parmi les 250 000 éco-délégués de France, six collégiennes de 4e et 3e de Saint-Joseph de Janzé, près de Rennes ont été distinguées, le 23 juin dernier, par le ministre de l’Education nationale Pap N’Diaye, qui leur a remis le prix Coup de cœur de la troisième édition de l’action éco-déléguée. Aux côtés d’une végétalisation d’établissement, de la création d’une aire éducative et d’un plan d’écomobilité, leur projet de lutte contre la précarité menstruelle a été salué pour son originalité. Il croise en effet des objectifs de développement durables moins attendus comme l’accès à la santé, la consommation durable, l’égalité entre les sexes et affiche une dimension sociale forte puisque tout est parti des difficultés rencontrées par certaines collégiennes pour s’approvisionner en protection périodique. De quoi inciter les jeunes éco-délégués à documenter la situation : « Un rapport gouvernemental récent évoque un budget plancher de 8000 euros par femme tandis que les protections jetables générent chaque année en France un million de m3 de déchets… soit trois tours Montparnasse » assène Manuela qui souhaite être « actrice du changement ». Tandis que Gwen renchérit sur les méfaits du plastique, « les perturbateurs endocriniens pouvant entraîner de l’endométriose, des cancers et une baisse de la fertilité… »

 

Après une sensibilisation de l’association Suzette décolle les étiquettes et l’installation d’un distributeur de serviettes jetables dans l’établissement, grâce à une aide départementale, les éco-délégués ont donc monté un atelier de confection de serviettes lavables. Avec le soutien d’une entreprise mancelle de tissu bio, la Week Up, et d’un collectif de senior couturières, une centaine de collégiennes ont pu réaliser chacune une garniture réutilisable. Sur 140 volontaires. Les ateliers seront donc reconduits l'an prochain et ouverts, à leur demande, aux garçons  !

Sujet tabou

« Ce projet a généré une vraie dynamique collective, ouvert l’établissement sur des partenaires locaux et libéré la parole sur un sujet encore très tabou », apprécie Audrey Chevalier, enseignante d’anglais qui a accompagné trois années de labellisation E3D, préparées par près de huit ans d’activités plus informelles au sein du club Go green, avec sa collège Elisabeth Garnier, enseignante de SVT. Pour cette dernière, la plus grande satisfaction est de constater l’éveil de l’éco-citoyenneté des élèves : « Forces de proposition, ils se sentent autorisés à proposer leurs projets, autour des règles mais aussi, en faveur des enfants hospitalisés et d’une école béninoise tandis qu’un projet de plus longue haleine de verdissement du collège se poursuit, chaque promotion se passant le relai. »

L’atelier, co-animé bénévolement à raison d’une heure le midi toutes les deux semaines a finalement phagocyté de nombreuses heures, notamment pour les séances de coutures et pour la réalisation de la vidéo présentée au concours de l’action éco-déléguée. C’est pourquoi Stéphane Danjou, le chef d’établissement de Saint-Joseph a espéré que « le nouveau Pacte puisse soutenir cet engagement exemplaire de nos enseignants, à la mesure des retombées éducatives de ces projets hors cours ».

L’école en transition

Le verdissement des programmes se poursuit avec la publication pour la rentrée 2023, d’un référentiel de compétences relatif à la transition écologique -avec une évaluation prévue en fin de collège, une refonte des programmes de technologie et d’EMC ainsi que des diplômes professionnels et la valorisation des métiers de la transition écologique dans le cadre du Parcours Avenir. Le tout sera accompagné d’un effort de formation des personnels et des éco-délégués, notamment via les modules du Cned sur le climat et la biodiversité, la rédaction d’un guide et de nouveaux outils de sensibilisation (dans la collection Bâtir l’école notamment). Le fonds d’innovation pédagogique valorisera également les projets scolaires écologiques.
Parmi les objectifs chiffrés, tous les établissements devront être labellisés E3D d’ici à 2030 et 18000 aires éducatives, ces éco-sytèmes protégés servant de terrain d’étude aux élèves, seront créées. Les missions de service civique dédiées à l’environnement seront décuplées et l’éducation au développement durable sera intégrée au Service national universel ainsi qu’aux comités d’éducation à la santé, à la citoyenneté et à l’environnement.
Enfin, la rénovation thermique de 10 000 écoles est prévue d’ici à 2027, grâce à une cellule ministérielle spécifique qui pourra soutenir l’action des collectivités territoriales.

Les 20 mesures du plan de transition pour l'école

La vidéo du projet de Saint-Joseph

Le prix de l'action éco-déléguée

Pour la troisième année, ce concours ouvert aux éco-délégués valorise les projets conduits en établissement. Parmi quelque 270 actions présentées dans toute la France, le jury présidé par la paléo-climatologue Valérie Masson-Delmotte a sélectionné un lauréat dans chacune des catégories école, collège et lycée, en prenant en compte "la dimension collective " et "la démarche d'investigation scientifique" adoptée. L'audacieux projet du collège saint-Joseph à Janzé a justifié la création d'un prix Coup de coeur, ex aequo.

Pour concourir, il faut réaliser une courte vidéo de présentation d'un projet qui doit concourir à au moins deux objectifs d'éducation au développement durable afin de participer aux sélections académiques qui se tiennent au printemps en vue d'une remise des prix nationaux en juin.

Dans le but de "valoriser et encourager ce type d'engagement", des éco-délégués seront eux-mêmes membres du jury de l'an prochain, afin que soit reconnu "leur rôle moteur dans la transition cologique de l'école et l'avènement d'un avenir durable", a détaillé Pap N'Diaye avant de détailler son plan de transition écologique pour l'école.

 

 

 

 

Partagez cet article

>