Théorie du genre

Pour une réflexion sur la problématique du genre, par Claude Berruer (mardi 3 janvier 2012).

La « théorie du genre » est revenue sur le devant de la scène médiatique au printemps 2011, lorsque des manuels scolaires de Sciences de la Vie et de la Terre pour les classes de Es et L, y ont recouru pour mettre en œuvre la partie des nouveaux programmes de SVT, intitulée « devenir homme ou femme ».

L’Enseignement catholique n’avait pas attendu ce débat souvent posé dans les médias de façon simpliste et caricaturale, pour se prononcer sur la question. Dans le document promulgué le 16 Avril 2010 « L’éducation relationnelle, affective et sexuelle dans les établissements catholiques d’enseignement », était déjà posée la nécessité de poser une parole d’adulte et d’éducateur claire quant à la différenciation sexuelle. Un chapitre du document est consacré aux questions liées à l’identité sexuelle. Le voici dans son intégralité :

« L’anthropologie a toujours reconnu l’importance structurante de la différence sexuelle. Un courant récent, néanmoins, conteste ce modèle. La « gender theory » privilégie le « genre », considéré comme une pure construction sociale, et diversifié selon les orientations sexuelles, aux dépens du« sexe ». Elle manifeste un déni de la différence corporelle et psychologique qui préexiste aux rôles culturels.

Ce constructivisme s’applique ensuite à la culture et aux règles sociales pour les modifier l’identité sexuelle imposée par la société devrait s’effacer devant l’orientation librement choisie, et les choix individuels devraient être également respectés et soutenus socialement. Le but de la gender theory est donc de « libérer » l’individu de tout cadre normatif donné par la nature, la société, la tradition, la religion et de permettre à chacun de choisir librement son identité, son orientation sexuelle et sa forme de famille. La diffusion de publicités androgynes de plus en plus nombreuses, la popularité du personnage de Michael Jackson, sont les signes patents de la séduction de ce nouveau modèle proposé, auprès des jeunes générations.

Traversés malgré eux par ces influences, de plus en plus de jeunes se posent la question de leur identité sexuelle et pensent qu’il est nécessaire d’expérimenter des pratiques sexuelles pour vérifier l’orientation de leur désir. Dans ce contexte, la parole des éducateurs est donc fortement requise, surtout vis-à-vis d’adolescents qui ont à découvrir leur condition d’être masculin ou d’être féminin.

Affirmer l’importance structurante de la différence sexuelle ne peut conduire à porter de jugement sur les personnes homosexuelles. L’homosexualité est un donné de l’existence pour certains : « Un nombre non négligeable d’hommes et de femmes présentent des tendances homosexuelles foncières. Ils ne choisissent pas leur condition homosexuelle » (Catéchisme de l’Église catholique, § 2358)

L’éducation aborde donc, ici, une question extrêmement sensible. Des formes diverses d’homophobie peuvent gravement blesser les personnes. La découverte par des jeunes de leurs tendances homosexuelles peut être porteuse d’angoisse.

L’éducateur doit donc veiller tout particulièrement à articuler ce qu’il peut dire de la différence sexuelle au respect inconditionnel des personnes. » (pp.6-7)

Ce qui est rapidement désigné comme la théorie du genre n’est souvent qu’une approche trop sommaire d’un ensemble de recherches toujours désignées outre atlantique au pluriel comme les « gender studies ». En rendre compte requiert aussi de se situer justement au regard de la question, bien légitime, de l’égalité homme / femme, et de la nécessaire vigilance contre toute forme de discrimination.

Pour aider les enseignants et les éducateurs à aborder cette question délicate de façon équilibrée, un certain nombre de textes de référence sont proposés dans cet espace consacré, plus largement, à l’éducation relationnelle, affective et sexuelle. Ces pages seront progressivement enrichies de nouvelles contributions.

L’Enseignement catholique ne veut pas se livrer à des oppositions sommaires ou réductrices, mais éclairer un questionnement qui interroge fondamentalement la vision de l’homme. Cette démarche se veut apaisée et fondée en raison, à même de susciter une véritable réflexion de la part des enseignants ainsi que des élèves.

Une telle question ne concerne pas une seule discipline, mais gagne à être éclairée par l’ensemble des disciplines. En ce sens, les contributions publiées dans ce site émanent de personnalités ayant une compétence reconnue dans différents champs disciplinaires.

Dans un établissement catholique d’enseignement, il est indispensable que ces questions puissent être abordées par l’ensemble de l’équipe éducative, afin d’articuler ce qui peut être porté par les enseignants, par l’ensemble des éducateurs et par l’équipe d’animation pastorale. Les textes de l’Eglise, emprunts d’une profonde sagesse et d’une ample réflexion, sont précieux pour s’éclairer ensemble. Il est bon que les chrétiens présents dans un établissement catholique d’enseignement reprennent connaissance de ces textes.

Pour comprendre la problématique du genre, et situer les questions anthropologiques posées :

Jacques Arènes et Xavier Lacroix – La problématique du genre

Jacques Arènes – La problématique du genre

Jacques Arènes – La question du genre ou la défaite de l’homme hétérosexuel en Occident

Voir aussi

Jutta Burgraaf – Gender, in Lexique du Conseil Pontifical pour la Famille, Pierre Téqui éditeur, 2005, pp. 575-583

Béatriz Vollmer de Coles – « Genre » : nouvelles définitions, in Lexique du Conseil Pontifical pour la Famille, Pierre Téqui éditeur, 2005,585-594

La « théorie du genre » suscite aussi le débat de savoir s’il s’agit bien d’une théorie, ou s’il s’agit d’abord d’une idéologie. Répondre à cette question permet de juger de la pertinence de recourir à la « théorie du genre » dans un manuel scientifique. Consulter :

Yves-Charles Zarka – Le genre, théorie ou idéologie

La « théorie du genre » qui oppose la catégorie du « genre » comme construction sociale au « sexe », dans son donné biologique ou physiologique, pose à nouveau la question des relations nature / culture. Consulter, à cet égard :

Michel Rouche – Nature et culture à travers l’histoire

Catherine Vidal – Les neurones du genre

La « théorie du genre » amène à questionner les conceptions de la génération, de la filiation et de la famille. Le droit est aussi amené à évoluer. Consulter à cet égard :

Catherine Labrusse-Riou – La différence des sexes et le droit

Xavier Lacroix – Homoparentalité

La place de la différenciation sexuelle comme élément structurant de l’identité de la personne humaine vient, pour une part, de la tradition biblique. Consulter à cet égard :

Marie Balmary – La différence des sexes, lecture d’un point de vue psychanalytique du récit biblique

La place de la différenciation sexuelle comme élément structurant de l’identité de la personne humaine est un élément fondamental de la vision chrétienne de l’anthropologie, et sur la place faite au corps. Ce regard sur la personne humaine sous-tend l’enseignement de l’Eglise sur les relations homme / femme, sur la sexualité humaine, sur le couple et sur la famille.

Concile Vatican II – Constitution pastorale Gaudium et Spes, nn. 47-52

Congrégation pour la doctrine de la Foi – Lettre sur la collaboration entre l’homme et la femme

Conseil pontifical pour la famille – Vérité et signification de la sexualité humaine

Jean Paul II – Par la communion des personnes, l’homme devient image de Dieu

Jean Paul II – L’unité originelle de l’homme et de la femme

Brice de Malherbe – La théologie du corps

La « théorie du genre » pose également la question du rapport entre la différence sexuelle et l’inégalité hommes-femmes. Consulter à cet égard :

Angelo Scola – Identité et différence sexuelle, in Lexique du Conseil Pontifical pour la Famille, Pierre Téqui, éditeur, 2005, pp.639-345

Georges Cottier – Egalité de droits entre hommes et femmes, in Lexique du Conseil Pontifical pour la Famille, Pierre Téqui, éditeur 2005, pp.317-321

Voir en ligne : le document d’orientation de l’Enseignement catholique pour l’EARS

 

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