« Sortir de la réaction à l’urgence »
Arrêter de mettre les personnels sous tension en cette rentrée « tout sauf normale », en les associant davantage et en tenant compte de leurs propositions. Tel est l’appel conjoint formulé par les deux syndicats des personnels de l’enseignement de la CFDT -le SGEN, pour le public et la FEP, pour le privé- réunis pour leur conférence de presse de rentrée à Paris, le 8 septembre dernier.
Aurélie Sobocinski
« Au-delà des inquiétudes liées à l’évolution de la situation sanitaire, notre préoccupation majeure en cette rentrée, c’est le manque de visibilité et d’association des personnels aux processus de décision qui pèsent sur leur environnement et leurs conditions de travail », a expliqué Bruno Lamour, secrétaire national de la FEP-CFDT aux côtés de Catherine, Nave-Bekthi, son homologue du SGEN-CFDT, lors une conférence de presse de rentrée commune le 8 septembre à Paris.
À cette rentrée, les deux syndicats regrettent « des décisions (qui) ont mis du temps à se stabiliser, parfois même après la réouverture des établissements », citant en exemple les procédures opérationnelles sanitaires finalisées tardivement, des fermetures de classes légitimes mais organisées selon un processus de décision qui n’a pas toujours permis d’informer correctement les agents...
D’autres difficultés persistent par ailleurs : « certains enseignants n’ont toujours pas reçu leurs masques ou pas suffisamment », alertent les deux organisations, évoquant aussi la commande tardive de masques transparents pour les personnels accueillant des élèves sourds. Bruno Lamour et Catherine Nave-Bekthi déplorent également l’absence d’un travail approfondi avec les collectivités territoriales via l’installation de comités de suivi de la situation sanitaire à l’échelle des circonscriptions proposée au ministère afin de préparer le renouvellement de l’équipement en cours d’année et d’accompagner au plus près les établissements.
« Une année de revalorisation
ne suffira pas ! »
Appelant à « sortir des à-coups et des décisions d’urgence pour se concentrer sur l’adaptation des pratiques pédagogiques au contexte », les responsables syndicaux réclament des négociations pour organiser le télétravail dans les établissements, et du temps de concertation reconnu pour préparer collectivement l’enseignement à distance sans attendre sa survenue et anticiper le suivi des élèves.
Autre sujet de la rentrée 2020 : l’annonce de la revalorisation de la rémunération des enseignants. Alors que Jean-Michel Blanquer promet 400 millions d’euros prévus au budget 2021, la CFDT veut la garantie d’une programmation pluriannuelle : « Une année de revalorisation ne suffira pas ! » Sur sa teneur, les responsables syndicaux indiquent leur refus de voir utilisée une partie de l’enveloppe pour financer des heures supplémentaires : « La logique de contreparties ne nous convient pas. Cela doit accompagner un travail de revalorisation réel, qui ne concerne pas que les enseignants d’ailleurs, mais tous les personnels ! », insiste Bruno Lamour, craignant des décisions prises sans concertation -aucun calendrier n’étant fixé à ce jour.