Un collège qui dénote
Depuis près de quinze ans, le collège Saint-Louis-de-la-Guillotière, à Lyon, ne note que ses élèves de 3e. Et pour rien au monde, l’établissement ne reviendrait sur ce choix qui facilite la progression des jeunes et permet d’instaurer un climat serein.
Mireille Broussous
Avec la réforme du bac et de l’évaluation, les compétences reviennent sur le devant de la scène. Cette approche, qui s’est imposée dans le premier degré puis au collège de façon assez inégale, a néanmoins ses farouches défenseurs, parmi lesquels le collège Saint-Louis-de-la-Guillotière, à Lyon.
Doté du label « Établissement innovant » délivré par le ministère de l’Éducation nationale, le collège a fait sa révolution en 2008-2009. Les notes ont alors été supprimées en 6e et 5e puis un peu plus tard en 4e pour laisser place à l’évaluation par compétences. L’établissement a toutefois été contraint de les maintenir en 3e à cause du brevet et du passage en 2de. L’évaluation par compétences s’accompagne d’une grande transparence. Les enseignants ont beaucoup travaillé en équipe sur les critères d’évaluation et ils continuent à imaginer ensemble des devoirs communs pour les classes d’un même niveau. En tête de chaque copie, lors des devoirs sur table, une grille permet aux élèves de comprendre quelles seront les compétences évaluées. Et ils connaissent ainsi précisément les attendus.
Mettre en valeur les réussites
Pour le chef d’établissement, Nicolas Gourlier, cette façon d’évaluer change tout : « Si un élève a 3 sur 20, il se dit qu’il ne comprend vraiment rien. Si on lui indique précisément quels sont les points faibles du travail rendu, il sait ce qu’il doit approfondir. Et c’est encore mieux si on lui précise comment travailler pour progresser. »
Cette approche va de pair avec une appréciation bienveillante. Les enseignants évitent les jugements définitifs et s’ils pointent du doigt les problèmes, ils mettent aussi en valeur les réussites. « Dans l’évaluation, le facteur psychologique est fondamental. Le professeur n’a pas pour mission de distribuer les bons ou mauvais points mais de guider l’élève et d’apporter un éclairage sur le chemin parcouru », ajoute Nicolas Gourlier. Cela crée une relation enseignants-enseignés horizontale qui privilégie l’échange plutôt que le jugement.
L’évaluation par compétences diminue d’ailleurs le sentiment d’échec et dédramatise le devoir sur table. Alors que la note, et surtout la mauvaise note, a un effet couperet. Le collège a imaginé quatre niveaux de maîtrise, MI pour « Maîtrise insuffisante », MF pour « Maîtrise fragile », MS pour « Maîtrise satisfaisante » et TBM pour « Très bonne maîtrise ». En face de chaque compétence évaluée, ces sigles permettent surtout d’identifier les lacunes ou les points forts. Les élèves sont ainsi responsabilisés. D’ailleurs, dans le collège, l’auto-évaluation est aussi pratiquée, ce qui les met sur la voie de l’autonomie dans les apprentissages.
Coopération et entraide
Qui dit absence de note, dit absence de comparaison entre élèves. Du coup, les moqueries ou les stigmatisations, dont les conséquences sont parfois terribles, disparaissent. « Je ne dis pas qu’au sein du collège il n’y a jamais de dispute entre les élèves, mais globalement le climat scolaire est serein alors que la mixité est sociale, culturelle et religieuse. Les jeunes ont moins de pression, ils coopèrent et s’entraident. C’est ce que nous souhaitons. Nous ne cherchons pas seulement à leur transmettre des connaissances mais à les former humainement », assure Nicolas Gourlier, qui se réjouit de voir la forme que prend l’évaluation dans l’enseignement général : « Elle emprunte au collège mais aussi à l’enseignement professionnel, qui évalue par compétences et a introduit depuis longtemps une dose de contrôle continu dans le bac. Cette réforme est très positive car elle fait évoluer la posture des enseignants ainsi que celle des élèves. »
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Son dossier central de 16 pages, entièrement dédié à la problématique de l'évaluation, est aussi disponible au téléchargement ici
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