Une rentrée compliquée dans l’agricole privé
Face aux propositions financières inacceptables du ministère de l’Agriculture, le Cneap se voit contraint d’engager un bras de fer pour la survie de certains de ses établissements.
« Difficile mois de septembre et plus difficile encore mois d’octobre à prévoir… » Philippe Poussin, le secrétaire général du Conseil national de l’enseignement agricole (Cneap) qualifie la rentrée de très sombre.
Ce dernier ne peut en effet pas accepter la proposition de contribution financière faite par son ministère de tutelle pour les cinq ans à venir. Cet équivalent agricole du forfait d’externat, versé aux établissements privés sous contrat en vertu de leur participation à la mission d’intérêt général, atteint moins de 65% du coût d’une scolarité dans le public. Or les montants proposés pour les cinq ans à venir accentueraient un différentiel devenu insoutenable. Ce d’autant plus que les investissements substantiels accordés par les Régions aux établissements publics creusent encore cet écart.
Résultat, certains des 220 établissements et sites du Cneap se retrouvent exsangues alors que le réseau enregistre une nouvelle baisse d’effectifs de 650 élèves (soit -1,4%) sur 47 000 jeunes accueillis de la 4è au BTS. Ils représentent au total un tiers des élèves de l’enseignement agricole dont une proportion notable de jeunes en difficulté sociale et/ ou en situation de remédiation scolaire pour lesquels un renchérissement des frais de scolarité serait préjudiciable.
« Nous souhaitons revenir à un rééquilibrage plus équitable de la subvention de fonctionnement allouée par le MAA, au nom du sens des responsabilités dont nous avons su faire preuve par le passé et surtout au regard du travail fait auprès des jeunes et des territoires : dynamique de formation, mais aussi économique, sociale et culturelle. Surtout, nous ne pouvons pas comprendre que, dans un contexte de réduction du déficit, la politique d’investissement pratiquée par les régions n’intègre pas davantage les établissements existants quel que soit leur ministère de tutelle et leur caractère privé ou public», regrette Philippe Poussin.
Face à des choix budgétaires qui hypothèquent la survie de certains de ses établissements, le Cneap s’apprête à plaider sa cause auprès de Matignon, le 19 octobre 2017, en présence de la directrice de cabinet du ministère de l’Agriculture.
Dans l’attente de la publication des enveloppes budgétaires décidées ce 27 septembre 2017, François Paliard, le président du Cneap a adressé un courrier incitant les députés et sénateurs à arbitrer en faveur d’une redistribution plus équitable des financements.
Par ailleurs, le 3 octobre, François Paliard et Philippe Poussin ont exposé la situation aux principales organisations professionnelles du Conseil de l’agriculture française (CAF). «Le CAF a entendu les demandes d'équité que nous portons et soutient notre démarche de sensibilisation auprès du ministère», s'est félicité Philippe Poussin.
Ce soutien est d'autant plus déterminant que le CAF est chargé de gérer, entre autres, les 5 milliards alloués au plan de modernisation de l’agriculture française. Or, pour Philippe Poussin, « cette modernisation passe évidemment aussi par la formation, il nous paraîtrait légitime de pouvoir recevoir une part de cette dotation. Surtout alors que le dernier Salon de l’agriculture a mis l’accent sur l’éducation et que le gouvernement prétend miser sur la formation professionnelle… »
Contrats aidés : les missions d’accompagnement du handicap sauvées sur le fil
En plus de l’aggravation de ces difficultés structurelles, l’enseignement agricole privé a aussi eu à faire face à la brutale suppression des contrats aidés. Sauf que le secteur avait été oublié des négociations ayant abouti à sanctuariser, dans l’Éducation nationale, les contrats aidés relevant de mission d’accompagnement du handicap. Ce n’est que suite à l’alerte lancée par le Cneap que le secrétariat aux personnes en situation de handicap a obtenu que les Pôles emploi pérennisent ces postes dans les établissements agricoles également. In extrémis.