Voie pro: vers moins de spécialités?

Jean-Michel Blanquer ministre de l’Éducation mène, ce mois de mars 2018, une vaste consultation en vue de formaliser la réforme de la voie professionnelle, suite aux orientations dessinées par le rapport Calvez-Marcon, publié le 22 février. Objectif : une mise en œuvre en seconde pour la rentrée 2019 avec, en ligne de mire, un bac pro rénové en 2022.

« Changer de regard sur la voie professionnelle »… « en faire des filières réellement choisies » se sont répondus la jeune élue En Marche Céline Calvez et le chef étoilé Régis Marcon en présentant à la presse leur rapport La voie professionnelle scolaire, le 22 février 2018. Un tandem qui démontre « la force de la complémentarité des profils » a souligné le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer, saluant les pistes ouvertes pour « mener les 70 000 élèves de la voie professionnelle vers une vie réussie ». Le tout en s’appuyant sur « les convergence d’enjeux » qui se dessinent entre voie professionnelle et apprentissage.

 

Et ce rapport plaide en effet pour transformer les lycées pro et notamment les campus des métiers en lieu de dialogue et de concertation renforcés entre les acteurs de l’éducation, du milieu économique et les élus. Sa mise en œuvre repose sur des coopérations élargies pour préciser les nouveaux cursus envisagés, instaurer une mixité des parcours - voire des publics, faire vivre une pédagogie nourrie de projets communs, renforcer les mutualisation, notamment de plateaux techniques…

 

Le rapport plaide pour une spécialisation plus progressive des cursus. Ils s’ouvriraient sur une seconde plus généraliste qui proposerait la découverte, non plus d’une des 80 spécialités de bac existantes mais d’une famille de métiers. Son tronc commun et des périodes de stage en entreprise plus courtes et mieux accompagnées offriraient un temps de détermination aux élèves. Ils y arrêteraient un choix de spécialité et une modalité de formation (voie scolaire ou apprentissage) pour une année de 1ère plus spécialisée. Les élèves de terminales auraient enfin à choisir entre deux modules : l’un préparant à une poursuite d’études post-bac, l’autre à une insertion professionnelle directe. Ils pourraient aussi, pour cette dernière année de lycée opter à nouveau pour la voie sous statut scolaire ou pour l’apprentissage. Ceci introduirait donc la mixité des parcours… et sans-doute aussi celle des publics.

Combien y aura-t-il de familles de métiers ? « Sept ? Cinq ? Ou quinze ? » Céline Calvez n’a pas voulu en préjuger : « Ce sont aux acteurs du monde éducatif et économique d’engager le dialogue sur ce point. » De même, les regroupements de spécialités envisagés pour gagner en lisibilité et en attractivité sont à définir conjointement. Ils devront s’appuyer sur un socle de compétences transversales qui servira aussi à établir des certifications intermédiaires qui remplaceront le BEP.
Il s’agira aussi de s’accorder pour privilégier les filières qui répondent à la demande des jeunes et aux besoins des entreprises dans une démarche proactive, qui intègre par exemple les défis à venir avec les Jeux Olympiques de 2024…

 

La possibilité d’adapter localement les référentiels des diplômes nationaux, et des certifications complémentaires pour les rendre « plus réactifs, coloré et agiles », évoquée dans le rapport fait aussi appel à une nécessaire concertation.

« L’enseignement catholique aura à cœur de prendre part à ces échanges, avec une vigilance particulière aux formations tertiaires dont certaines, aux débouchés professionnels peu satisfaisants pourraient être concernées au premier chef par les regroupements à venir. La question de certifications complémentaires courtes et des doubles diplomations nous semble aussi une piste à creuser pour personnaliser les parcours des lycéens professionnels », commente Jean-Marc Petit, délégué général de Renasup.

 

 

Quelques autres pistes d’attractivité du rapport Calvez-Marcon

 

-Les Campus des métiers ont été qualifiés par le ministre de « Harvard de la voie professionnelle », avec équipements sportifs, incubateurs d’entreprises, CFA…

Ils devront aussi développer des « éléments de prestige tels que l’ouverture internationale, notamment par la généralisation des mobilité Erasmus, y compris les plus longues pour lesquelles des temps de césure sont envisagés.

 

 

- Le module de préparation à la poursuite d’études en terminale entend favoriser la réussite des bacheliers pro en BTS. « Des mesures volontaristes pour augmenter les places disponibles en BTS sont envisageables, mais il conviendra de bien discerne le choix des filières à privilégier », a commenté le ministre Jean-Michel Blanquer. 

 

 

-Les rapprochements entre monde professionnel et enseignants passeront aussi largement par la formation initiale et continue qui devra ménager aux enseignants des possibilités d’immersion dans le monde de l’entreprise. Des modules communs sur la pédagogie sont aussi envisagés avec les enseignants des voies générales.

Le recrutement de professeurs issus du monde de l’entreprise serait aussi à encourager.

Des états généraux pour les lycées pro
de l'enseignement catholique

En lien avec le Cneap, RenaSup organise des états généraux de la formation professionnelle en décembre 2018. Ils se nourriront de déclinaisons régionales qui se tiendront dès octobre et qui s’appuient elles-mêmes sur de larges consultations qui démarrent dès maintenant : les établissements réfléchissent aux pistes d’évolutions qu’ils pourront partager en bassin de formation du 15 avril au 15 juin. La concertation et les échanges s’étendront ensuite, à l’échelle régionale, à toutes les unités pédagogiques -collèges et écoles inclus- qui se retrouveront pour les états généraux régionaux. Cette dynamique sera accompagnée par un groupe de travail « Enseignement catholique et enseignements professionnels », piloté par Jacky Aubineau, de RenaSup.

Partagez cet article

>