Arrêtons de les mettre dans des cases!
Un rapport publié fin mars propose de repenser les politiques de jeunesse pour un accompagnement vers l’autonomie qui gagne en cohérence, en continuité et se préoccupe davantage des plus vulnérables.
De 16 à 30 ans… un parcours du combattant vers l’âge adulte ? Un rapport publié fin mars 2017 propose de sortir d’un étiquetage administratif kafkaïen pour faire entrer les politiques jeunesse dans une véritable logique d’accompagnement à l’autonomie… Intitulé « Arrêtons de les mettre dans les cases. Pour un choc de simplification en faveur de la jeunesse », il résulte d’une mission commandée par le gouvernement, au printemps 2016, en pleine mobilisation de la jeunesse contre la loi Travail à Antoine Dulin, vice-président du Conseil économique, social et environnemental et Célia Vérot, conseillère d’État. Ces rapporteurs mettent en évidence que près de la moitié des jeunes ne fait pas valoir ses droits, du fait de la complexité du système, et avancent des pistes pour y remédier.
En premier lieu, le rapport engage à entreprendre un effort de simplification des démarches, en limitant notamment le nombre de pièces justificatives à fournir. Il plaide aussi pour une meilleure information, par exemple, via « un rendez-vous des droits » obligatoire pour tous, dans la cadre du parcours citoyen.
Autre enjeu de taille : fluidifier et sécuriser un parcours actuellement jalonné de ruptures. Fin des allocations familiales, début du RSA ou des aides au logement, bornes contrat jeune majeur… Les auteurs du rapport soulignent l’absurdité des multiples seuils d’âges qu’ils ont recensé dans la législation française -238 au moins, avec des variantes territoriales !-. Plutôt qu’une segmentation excessive des tranches d’âge, ils préconisent une cohérence accrue impliquant aussi une meilleure coordination locale. Alors que le délais moyen entre une sortie du système scolaire sans qualification et l’inscription en mission locale s’élève à 28 mois, le rapport demande plus de systématicité et une continuité du suivi jusqu’à 30 ans. Dans le même esprit, un capital formation de 5 ans pourrait être offert à chaque jeune de manière à faciliter des itinéraires bis alternant expériences professionnelles et reprises d’études.
Il s’agit enfin pour les rapporteurs de réduire les discriminations, alors que les solidarités familiales participent à reproduire les inégalités sociales et qu’un jeune sur 5 vit sous le seuil de pauvreté. Pour ce faire, le rapport préconise que la garantie jeune proposant un revenu minimum et un accompagnement aux plus de 18 ans sous condition de ressources ne soit plus limité à un an. Il serait aussi attribué automatiquement aux publics les plus vulnérables tels que les jeunes sortant des services de protection de l’enfance ou de la protection judiciaire de la jeunesse.