Coopérations décloisonnées

La quinzaine de groupes de travail coordonnés par le département Education ont été invités à explorer ensemble de nouvelles modalités de coopération à l'occasion d'un Séminaire Intermission, le premier du genre.

 

Explorer, partager, comprendre, contribuer, faire du lien… Ce sont les attentes exprimées par la centaine de participants au premier Séminaire Intermission qui a proposé aux membres de la quinzaine de groupes de travail coordonnés par le Pôle Education du Sgec d’expérimenter deux journées de collaborations décloisonnées. Les 15 et 16 octobre derniers, ces membres ont donc été répartis en dix groupes mixant les profils et compétences, invités chacun à élaborer ensemble des pistes d’action pour relever des défis éducatifs. Le tout selon une méthodologie participative et créative orchestrée par Yves-Armel Martin, formateur qui met des dynamiques collaboratives au service du pilotage de projets communs. Transformés en « facilitateurs » pour l’occasion, l’équipe du département éducation et cinq membres des groupes de travail ont assuré l’animation du séminaire…

Les fruits de ces travaux ont été présentés lors d’un café forum. Parmi eux, des jeux de plateaux ou un Livre de mes Pas de la maternelle à la terminale ont été imaginés pour relever le défi de l’orientation : À savoir, l’inscrire dans un processus continu de formation intégrale qui dépasse la forme purement scolaire et approfondisse la connaissance de soi.
Des scénarios unifiant les parcours –citoyen, Avenir, Santé et Arts- ont esquissé de nouveaux champs d’interdisciplinarité tandis que des modalités d’accompagnement des adultes en charge d’éducation relationnelle affective et sexuelle ont été repensés. Des temps de relecture et d’appropriation ainsi que des interactions accrues avec le terrain dans la conception puis la diffusion des ressources élaborées par le Sgec ont aussi été envisagés. L’enjeu étant d’en faire des leviers d’animation institutionnels plus efficients encore. Tout comme d’ailleurs les outils numériques utilisés pour déployer ces documents et créer du lien entre les groupes de travail et qui ont aussi été passés au crible.

 

Partager et rejoindre largement

« Au-delà du Livre de mes Pas, un outil assez facilement opérationalisable et qui tomberait à point nommé pour alimenter les 54 heures d’orientation mises en œuvre dès cette année en seconde », Mireille Besseyre chargée de mission DDEC de Haute-Savoie, repart « enrichie de ces échanges et plus que jamais habitée du souci de rejoindre le plus largement possible et notamment celles et ceux qui seraient les plus éloignés de l’institution. »

Globalement les participants ont apprécié de s’imprégner, au cours de l’expérience, d’un processus coopératif qui invite à de nouveaux modes de fonctionnements plus horizontaux et consultatifs. Ils ont aussi fait des rencontres inattendues, entre eux comme avec une demi-douzaine de témoins extérieurs : Lola, une lycéenne pilotant un projet visant à susciter l’engagement des jeunes au sein de son établissement, Rose Bacot, clarinettiste invitant à se laisser emporter par la mélodie des psaumes ou encore Patrice Rolin, responsable de l’Atelier de protestant, qui aime à conjuguer approches théologiques et artistiques… Dans ces deux journées très denses et vécues tambour battant, ces temps de flâneries et d’échanges gratuits incitant au pas de côté ont également été plébiscités.

Autant d’ingrédients propices à « vaincre le temps, transformer le Chronos qui dévore en Kairos », qui favorise l’émergence de nouvelles formes de fonctionnement et de relation. C’était l’un des objectifs pointés par Jérôme Brunet, responsable du Pôle Éducation du Sgec. Initiateur de la démarche, il a également profité du rassemblement pour rappeler la visée éducative de l’enseignement catholique tout en souhaitant, dans la veine du Pape François, que le « réel reste supérieur à l’idée ». Dans un souci de congruence il a enfin invité à ce que tous les participants s’inspirent de l’expérience vécue pour l’animation de la Semaine du Réenchantement de février où chaque communauté éducative est invitée à explorer ensemble la notion de responsabilité partagée.
Les dynamiques amorcées lors de ce Séminaire intermissions ainsi que les projets esquissés seront quant à eux approfondis lors d’un prochain rendez-vous  programmé au printemps, les 25 et 26 mars prochains.

Le détail des cinq projets travaillés

Par Philippe Cabrol

Comment les quatre parcours ( citoyen, santé, avenir, arts et culture) peuvent-ils être un levier au-service de la formation intégrale de la personne ?

Les différents groupes ayant travaillé sur les 4 parcours (citoyen, santé, avenir, arts et culture) évoquent tous l’implication de chaque membre de la communauté éducative. Ils insistent sur le fait que ces quatre parcours soient revus et relus comme un cheminement unifié qui fasse sens au projet de vie et de vocation de la personne et l'inscrive dans la visée d’une vie bonne. 

Le débat a été mis en évidence comme levier pouvant favoriser l’engagement des jeunes ? L’objectif est de permettre au jeune de développer l’expression orale pour le rendre acteur de son parcours en y donnant du sens et en favorisant la relation à l’autre. A travers le débat le jeune peut ainsi travailler son expression orale, maîtriser sa prise de parole en public, apprendre à s’adresser à l’autre et à contrôler ses émotions. Il apprend également à mieux se connaître et à mieux construire son identité.

Des étapes, des temps, des lieux dans le système scolaire à travers les quatre parcours sont clairement identifiables et se révèlent également utiles : le Quoi de neuf en primaire, la préparation de l’épreuve orale au brevet des collèges, et aujourd’hui dans le cadre de la réforme du lycée, l’amélioration de l’expression orale dans le cadre de l’accompagnement personnalisé et de la préparation à l'épreuve orale du bac.

La mise en place d’un portfolio pourrait être un outil sur le cheminement de l’élève. Les enseignants, quant à eux, devront développer des compétences liées à l ‘écoute, la reformulation, l’empathie. Ils seront amenés aussi à réfléchir à une posture d’accompagnateur, à se questionner sur les espaces d’échanges, de débats, de paroles, et à penser les relais dans le cadre de la scolarité, des passages, des seuils, des transitions.

Comment faire pour que l'orientation soit portée en école, collège, lycée, post-bac selon un processus continu traversé par une dimension vocationnelle ?

« Du dialogue de sourd au dialogue coopératif » , l'enjeu de cette réflexion est de développer à l’école des conditions facilitantes pour faire advenir une posture et une relation d’accompagnement qui peuvent paraître décalées par rapport au fonctionnement de l’école ? L’hypothèse de départ consistait à se situer dans une relation de travail famille/école à travers des procédures éducatives. En effet plus un dialogue qui reconnaît la parole de chacun sera mis en place et vécu comme tel, plus pourra être instauré «  un pacte éducatif » qui définirait les conditions de dialogue entre les trois parties parents/jeunes/professeurs et éducateurs et ce à égalité d’écoute. Nous retrouvons ici l’idée d’ « équi-dignité ».

Faire évoluer les modalités de l’orientation pourrait être mis en place au début de chaque cycle et surtout ne pas se limiter pour une réflexion et un accompagnement sur l’orientation aux années classes d’orientation.

Ce projet pourrait se décomposer en six étapes :

  • Le chef d’établissement constitué une équipe projet composé du chef d’établissement, de membres de l’APEL, de l’animateur de la pastorale, des membres des équipes éducatives et pédagogiques, des membres du personnel de l’établissement.
  • Avec des animateurs extérieurs, l’équipe établit la stratégie du projet
  • Instauration en début d’année scolaire d’une réunion entre les parents et tous les professionnels concernés par le projet afin de partager des intentions éducatives.
  • Rédaction des visées éducatives communes
  • Rencontre entes les délégués-élèves et les professionnels
  • Ecriture d’un pacte éducatif évolutif, inscrit dans le projet d’établissement et qui définit les conditions de dialogue entre les trois parties.

Dans l’évolution et le passage de ce « dialogue de sourd à ce dialogue collaboratif », chacun apporte sa pierre à l’édifice afin de permettre du «  co-construit » : les professionnels ont les outils, les paroles ont la boussole.

Décliner ce pacte éducatif dans les classes et les familles, faire rencontrer les adultes en favorisant la communication dans l’établissement ( mais comment ?) et en développant un dialogue participatif, faire évoluer la posture de l’accompagnement sont bien les challenges de ce projet. Tester la faisabilité de ce projet au sein d’un établissement permettrait un état d’avancement fort salutaire pour ce projet.

Comment mettre le numérique au service de notre animation institutionnelle ?

Comment garder le sens et les vraies relations humaines dans un monde connecté ? Si le numérique est considéré comme un outil pédagogique, permet et facilite la communication, il interroge nos pratiques et nos organisations de travail. Mutualiser et partager des projets, s’approprier de nouveaux outils, se former semblaient être des idées fortes.

Un autre groupe s’est penché sur l'amélioration de notre communication par mail ? Le souci d’efficience, du gain du temps et d’une lecture approfondie des mails ont guidé la réflexion.
Les pistes retenues : identifier les bons destinataires et actualiser les listes de diffusion; analyser un panel de mails significatifs ; favoriser des liens vers un document plutôt que l’utilisation de pièces jointes, réfléchir plus à la qualité qu’à la quantité de mails à communiquer ; bien catégoriser les types de mail à retenir ;bien identifier ce qui est à retenir, à améliorer, à supprimer ; réaliser des modèles types en fonction des objets et des usages ; prendre en compte le coût énergétique des mails et en faire une utilisation raisonnée

Comment déployer l’EARS dans l’enseignement catholique à hauteur des enjeux pour l’enseignement catholique et des exigences réglementaires ?

Comment serait-il possible de faire tomber les tabous et les peurs au sujet de l’EARS ? Il s’agirait d’organiser une journée pédagogique intitulée « EARS, pas pour moi et pourquoi pas ? ».  L’objectif est de permettre à toutes les personnes vivant ce temps fort, de repartir en fin de journée avec une boîte à outils et des idées pour une mise en œuvre dans le cadre de leurs fonction et rôles.
Il s’agit d’intégrer l’EARS aux différents moments de vie de l’établissement, en impliquant les parents dans cette réflexion, la notion de communauté éducative prend tout son sens.  Quelques questions ont été soulevées :

  • Comment l'EARS peut-elle s'inscrire dans une modalité du vivre ensemble et non pas un champ morcelé dédié à l'un ou à l'autre ?
  • Une telle manifestation doit concerner l’ensemble des personnels (enseignants et personnels OGEC).
  • Qui doit animer ce type de journée ? (Une équipe liée à l’établissement, des intervenants extérieurs ?).

Comment faire pour qu’un document, une production du Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique (Département Education) ne reste pas lettre morte et devienne levier d’animation institutionnelle ?

Aux questions : que fait-on des ressources ensemble ? Que faut-il mettre en place pour incarner les ressources ? Un groupe de travail a proposé la solution ANIMA : co-créer pour incarner les ressources du SGEC. Cela consisterait à expérimenter une journée pour passer du papier au vivre ensemble en région pour engager et incarner les documents sur le thème «  éduquer au dialogue » et analyser les retours de cette expérimentation.

Et comment faire connaître ANIMA en territoires ?  Par ECA, par les directions diocésaines, par ce groupe du département éducation ;

Le groupe a aussi proposé d'avoir des documents plus édulcorés et plus attractifs  accompagnés d’outils d’animation-support.

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