Diriger juste: Echos du colloque de l’UCO

L’Université Catholique de l’Ouest, à Angers, a organisé du 25 au 27 octobre un colloque international intitulé « Les dirigeants à l’épreuve du quotidien – Le cas particulier des chefs d’établissement scolaire ».

© G. Réto

Durant trois jours, des intervenants et conférenciers venus de France mais aussi de pays plus ou moins éloignés (Suisse, Canada, Liban, …) se sont succédé.

Les principales conférences, très suivies, ont permis d’aborder des thématiques comme les liens entre les dirigeants et leurs interlocuteurs de terrain, le pilotage par les normes ou par les résultats, les premiers pas d’un chef d’établissement, la parole comme source d’émancipation.

Les ateliers et symposiums, pour leur part, ont apporté des regards aiguisés sur les recherches en cours et leurs implications. La professionnalisation des dirigeants d’établissement scolaire a particulièrement été traitée, par exemple grâce à l’axe international du colloque, en examinant de manière assez pointue les expériences venues de l’étranger.

Il ressort de l’ensemble des communications faites et des conversations surprises dans les couloirs du colloque le constat que le métier de chef d’établissement est passionnant mais de plus en plus difficile à exercer.

Laetitia Progin, professeure à la Haute école pédagogique du canton de Vaud, en Suisse, a montré comment l’identité professionnelle se construit grâce aux épreuves rencontrées. Pour elle, le point d’attention doit rester de « diriger juste, pas juste diriger ».

Selon Anne Barrère, sociologue de l’éducation, le chef d’établissement est dans un entre-deux permanent : « Il doit gérer la dualité organisationnelle et ses contradictions. » En effet, il a été très souvent question de l’administration centrale, qu’elle soit étatique ou tutélaire. Ce qui fait dire à Anne Barrère que le dirigeant doit pouvoir acquérir et bénéficier d’une légitimité qui ne le positionne pas comme un simple maillon de la bureaucratie ou la courroie de transmission d’une tutelle.

Dans la dernière prise de parole du colloque, Nathalie Tretiakow, adjointe au secrétaire général de l’Enseignement catholique, a remarqué que l’institution est d’abord une question de liens, en pointant la nécessité de la confiance, de la solidarité et de la fraternité. Si les adultes vont bien, les jeunes iront bien, au sein d’une institution qui sait prendre soin des personnes, à commencer par celles qui sont en situation de responsabilité.

 

Une quarantaine de chefs d’établissement du diocèse d’Angers ont été interrogés sur leur métier par l'équipe Lirfe de l’UCO, coordonnée par Jean-Yves Robin (lire son ITW ici) qui a fait un livre de cette matière:

Chefs d’établissement – Le burn-out n’est pas une fatalité !, Le bord de l’eau, 2022, 216 p., 20 €.

 

 

 

"Accepter de ne pas maîtriser les facteurs humains"

Impressions de Colloque de Bruno Rispal,
Chef d'établissement du collège du Puy-Chabot au Poiré-sur-Vie (85)

C’est la première fois que j’assiste à un colloque universitaire de ce type. J’avais été interpelé par la sortie du livre de Jean-Yves Robin (Chefs d’établissement, le burn-out n’est pas une fatalité, Le bord de l’eau, 2022), mais sans l’avoir encore lu. J’avais envie de voir comment des chercheurs, y compris à l’étranger, percevaient notre métier. Finalement, nous avons à peu près tous les mêmes problèmes, mais aussi les mêmes joies.

J’ai été particulièrement marqué par la conférence de Mireille Cifali, professeure honoraire de l’Université de Genève. Elle disait que nous devions accepter d’être dans le relationnel pour construire avec chacun une confiance qui tienne. Derrière nos tableaux Excel, les enquêtes à remplir, les chiffres, il y a des décisions humaines à prendre. Nous pouvons avoir une maîtrise technique de nombreux sujets mais nous devons aussi accepter de ne pas maîtriser les facteurs humains. C’est souvent ce qui allonge nos semaines et nous fait rentrer tard…

Ce type de rencontre permet de retrouver des collègues d’autres départements mais aussi de bénéficier de témoignages et points de vue d’intervenants qui sont hors de notre institution, qui viennent du public, du monde de l’entreprise.

J’ai parfois l’impression, comme mes collègues, de me sentir isolé. J’ai entendu plusieurs chercheurs y faire référence. Je ne ressors pas du colloque avec des solutions mais avec le sentiment qu’il peut y avoir des leviers à actionner, des choses à tester pour faire progresser le système, de l’intérieur.

Pour tout vous dire, ce colloque m’a donné envie de faire de la recherche, de prendre du recul sur mon métier, ce que je n’arrive pas à faire dans le rythme des sollicitations du quotidien.

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