Le Sgec à la formation des évaluateurs
Le 19 octobre, le CEE (Conseil d’évaluation de l’école) a lancé la formation des évaluateurs par un séminaire où la direction du Sgec a pu expliquer ce qui fait la spécificité de l’école catholique, notamment son caractère propre et la dimension particulière des projets d’établissements.
Expliquer, expliquer, et expliquer encore pour… rassurer ? Béatrice Gille, présidente du Conseil de l’évaluation de l’école (CEE) a passé deux heures, le 19 octobre dernier, à détailler, lors d’un séminaire en visio destiné aux futurs évaluateurs, le protocole d’évaluation des établissements du second degré. Elle a précisé que cette évaluation n’était ni un audit, ni un contrôle et encore moins un contrôle de gestion. Et l’esprit dans lequel elle doit s’effectuer : bienveillance, écoute, transparence, climat de confiance, et distance adéquate pour être en mesure de faire progresser l’établissement. « L’évaluation est tournée vers l’action, elle sert à préparer l’avenir. Ainsi, les constats établis sont transformés en recommandations », a-t-elle expliqué. L’évaluation externe n’est pas conduite par une agence mais par des membres de l’encadrement qui se portent volontaires, reçoivent une formation et s’engagent sur une charte déontologique. Les établissements, quant à eux, ne peuvent se soustraire à l’exercice : « Nous sommes dans un cadre légal qui nous oblige », rappelle Béatrice Gille.
Données objectives
Définir le périmètre de l’évaluation est le préalable indispensable. Ce qui est évalué, ce ne sont ni les chefs d’établissement, ni les enseignants mais l’établissement dans sa globalité. Les évaluateurs doivent réunir des données objectives, des observations et recueillir le point de vue des acteurs – en se rendant sur place deux à trois jours. L’établissement est analysé dans son contexte interne (bâti, sectorisation des élèves, ressources humaines) et externe (taux de chômage, économie, transports, etc.). Sont évalués les apprentissages et les parcours des élèves, leur bien-être ainsi que celui des acteurs, la formation des adultes et la stratégie de l’établissement. « Les questions transversales ont leur importance : les valeurs promues par l’établissement, le rôle des élèves, les relations avec les parents, l’équité scolaire, le niveau de coopération, la gestion des crises », a souligné Béatrice Gille.
Des recommandations
limitées aux champs
du contrat d’association avec l’État
L’évaluation externe fait suite à une première phase d’auto-évaluation durant laquelle les établissements sont amenés à se poser quelques questions clés : Qu’avons-nous voulu faire et pourquoi ? Qu’avons-nous réussi ? Comment aller plus loin et s’améliorer encore ? Quels sont les points de tension ? Des fiches d’aides au questionnement ont été élaborées par le CEE. « Il faut choisir les questions. On ne peut pas tout traiter », a pointé la présidente. La participation de tous – y compris des élèves – à cette auto-évaluation est impérative. « Il faut construire une vision partagée avec l’ensemble des parties prenantes : encadrement, enseignants, élèves, parents », a recommandé Béatrice Gille. Si une enquête de climat scolaire a déjà été réalisée, elle doit être intégrée au dossier. « L’évaluation externe s’appuie sur l’auto-évaluation. C’est un prolongement par le croisement des regards », a indiqué Béatrice Gille.
Les écoles catholiques expliquées aux évaluateurs
Caractère propre, Loi Debré, projet éducatif… Le Sgec a présenté, lors de la formation des évaluateurs externes, les spécificités de l’Enseignement catholique. Une participation inédite à une formation organisée par le CEE est le signal que l’Enseignement catholique est pleinement associé au processus.
Philippe Delorme, ses adjoints, Yann Diraison et Nathalie Tretiakow, ainsi que Pierre Marsollier, chargé des affaires politiques au Sgec, ont pu préciser lors du séminaire du CEE le statut particulier de l’Enseignement catholique. Une démarche essentielle puisque chaque groupe d’évaluateurs externes comptera des membres issus de l’enseignement public. Or, ces derniers n’ont pas nécessairement en tête la loi Debré de 1959 qui a instauré un système de contrat entre l’État et les écoles privées ni même le caractère propre de l’enseignement catholique. « La dimension catholique de nos établissements se traduit dans notre proposition éducative. C’est ce qui constitue notre caractère propre », précise Pierre Marsollier. Ce dernier a rappelé que suite au travail d’un groupe constitué de directeurs diocésains, de représentants des tutelles congréganistes et des représentants des organisations professionnelles des chefs d’établissements, en lien avec le CEE, « les recommandations formulées par l’équipe d’évaluateurs externes et consignées dans le rapport d’évaluation porteront strictement sur les champs du contrat d’association avec l’État ».
Par ailleurs, le projet d’établissement des écoles catholiques se distingue de celui du public en ce qu’il représente « la finalité de l’établissement », « son visage singulier », expression de l’autonomie de son chef d’établissement.
Les recommandations des évaluateurs, si elles sont systémiques, ne peuvent s’appliquer au projet éducatif, « porté par une communauté et point de rencontre entre deux libertés ,celle de l’établissement et celle des parents », a conclu Nathalie Tretiakow.