Faut-il faire disparaître les professeurs ?

Le 4 avril, pour la 4e édition de son printemps de l’innovation pédagogique, le lycée EIC de Tourcoing a mis en scène un Tribunal pour les générations futurs, selon le concept développé par le magazine alternatif Usbek et Rica. Ce tribunal devait répondre à une question volontairement provocatrice : faut-il faire disparaître les professeurs ?

Coline Léger

Un procureur, Sheerazad Chekaik-Chaila, journaliste correspondante pour Libération, qui plaide pour la disparition des professeurs, un avocat, dont c’est vraiment le métier, Pierre-Yves Verkindt, qui défend leur maintien, et un président, Emmanuel Vaillant, journaliste, créateur des Zones d’expression prioritaires, sont tous trois revêtus de robes noires. Ils appellent à la barre quatre témoins. Objectif, trancher la question : Faut-il faire disparaître les professeurs ? Le 4 avril dernier, à l’occasion de la 4e édition de son printemps de l’innovation pédagogique, le lycée EIC de Tourcoing a expérimenté une formule originale, celle du Tribunal pour les générations futurs (TGF), développé par le magazine alternatif Usbek et Rica. « J’ai découvert ce dispositif par hasard dans une entreprise. J’ai trouvé qu’il illustrait le thème choisi pour cette édition : comment favoriser l’esprit critique des élèves ? », explique Bertrand Lermytte, directeur délégué aux formations, à l’EIC. Le temps d’une matinée, devant 250 enseignants, les quatre témoins ont présenté leurs arguments. Les évolutions technologiques permettront-elles de se passer des professeurs, s’est ainsi interroger Jean-Paul Pinte, spécialiste de l’intelligence artificielle. « Je ne fais plus rien, les élèves font tout  ! », a présenté avec humour Jean-Charles Cailliez, spécialiste de la classe inversée et vice-président Innovation de l'Université Catholique de Lille. Amandine Kervalla, chercheur à l’Université de Lille, dans le domaine de l’éducation aux médias, a dévoilé comment les jeunes s’informent et décryptent l’information. Enfin, Laurent Matejko, a quant à lui présenté les nouveaux lieux d’accès au savoir que sont les learning centers, à l’instar de celui de l’Université de Lille, dont il est responsable et où se tenait ce TGF. Après une matinée de débats, animés par les piques de l’avocat et du procureur, le verdict, rendu par un jury de parents et d’élèves, a soulagé l’assistance. « Ils ont voté à l’unanimité pour le  maintien des professeurs ! » relate Bertrand Lermytte.

Cartographie de la controverse

Après cette matinée qui a permis à quatre conférenciers de s’exprimer sous une forme ludique, les enseignants étaient invités à participer à des ateliers. « Certains professeurs organiseront peut-être à leur tour des TGF dans leur classe. Mais en complément, nous avons voulu leur proposer d’autres outils pour développer l’esprit critique des élèves », explique Bertrand Lermytte. Au programme : cartographie de la controverse, six chapeaux de la réflexion, selon la méthode d’Edouard de Bono, formation à l’animation d’un débat, retranscrire un débat sur une carte mentale (logiciel Mindomo), une infographie (logiciel Genially), ou par un dessin graphique. Les enseignants ne pouvaient choisir qu’un seul atelier. « Nous leur proposons cinq ou six rendez-vous de deux heures dans l’année, pour leur permettre de reprendre les ateliers auxquels ils n’ont pas pu participer », indique le responsable de la formation.

Partagez cet article

>