La formation mathématique des maîtres en question

Renforcer la formation initiale et continue des enseignants en mathématiques, créer des laboratoires –pôle de ressources dans des établissements pilotes, s’inspirer de la méthode Singapour et des pédagogies actives. Le rapport Villani-Torossian lance des pistes audacieuses pour faire retrouver aux petits français la bosse des maths.

 

Proposer l’enseignement des mathématiques comme priorité nationale… C’est l’une des « mesures énergiques » prônées par le rapport Villani-Torossian publié le 12 février dernier. Il préconise de créer pour les futurs professeurs des écoles une licence pluridisciplinaire spécifique qui permettrait de multiplier par 5 leurs heures de formation initiale en maths (80 h à l’heure actuelle).
Sur le plan pédagogique, le rapport propose de valoriser « les méthodes explicites et progressives" axées sur le triptyque « manipulation, verbalisation, abstraction », en s’inspirant « de la méthode Singapour » et des pédagogiques actives.
Pour les rapporteurs, cela implique de rééquilibrer des cours présentés comme phagocytés par « la multiplications d’activités de découvertes souvent artificielles » et « de tâches complexes manquant parfois d’objectifs d’apprentissage clairs ». Ils préconisent de faire la part belle « aux traces écrites », à la sensibilisation à la notion de preuve et à l’argumentation ainsi qu’aux rituels favorisant les automatismes. L’initiation au sens des quatre opérations est aussi préconisée dès le CP. Il est enfin question de remuscler les fondements mathématiques d’autres disciplines telles que la physique ou l’informatique. « Ces pistes correspondent à l’approche par "tâches complexes" et par "situations problème" qui sont privilégiées par les chercheurs en éducation et dans nos établissements. Ce rapport présente aussi le mérite de privilégier cette complexité tout en tenant compte des étapes du développement cognitif de l’enfant. Cela implique en effet de commencer systématiquement par des manipulations suivies d’une mise en mots » analyse Josiane Hamy, du Département Éducation du Sgec.

Des enseignantes de l'Airap, association qui promeut la pédagogie coopérative du père Faure,se forment à l'outil de l'échiquier qui permet de visualiser les divisions.

 

Pour combler un important retard en formation continue (100 h par an à Singapour contre 18 h en France) le rapport évoque « des transferts horizontaux » qui se feraient via des enseignants référents et des visites de classe entre pairs. Des « laboratoires de mathématiques » installés dans 200 collèges et lycées joueraient le rôle de centre de ressources pour cette réflexion formative entre pairs.
« Cette proposition a le mérite d’aborder le problème dans sa globalité (formation initiale et continue, pédagogie, accompagnement des maitres, programmes, outils et même offre périscolaire. L’idée de composer des équipes pédagogiques comprenant un référent mathématique qui puisse animer une stratégie locale spécifique va en outre dans le sens d’une autonomie et d’une diversité accrues des établissements. Quels moyens seront au rendez-vous d’une telle ambition ? » s’interroge Josiane Hamy.

A la réception de ce rapport, le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer a annoncé la nomination d’un « expert de haut niveau en mathématiques à la Dgesco » et a assuré que « le plan mercredi » en cours de préparation soutiendrait des clubs disciplinaires périscolaires.

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