L’Église aux côtés des enfants des périphéries

Hasard du calendrier, ce 13 septembre 2018, le matin même où le président Emmanuel Macron exposait son plan pauvreté, la Conférence des évêques de France présentait son troisième rapport sur la présence de l’Église aux périphéries. Ce rapport, consacré à l’enfance, -qui est aussi l’une des priorités déclarées du plan présidentiel- évoque le rôle majeur joué par les établissements de l’enseignement catholique en la matière. Au delà, le foisonnement d’initiatives présentées montre combien l’Église, encouragée sur ce terrain par le pontificat du pape François, entend affirmer que la dimension sociale est inhérente à la foi chrétienne.

Mgr Delannoy, évêque de saint-Denis, entouré de Mme Quarre de l'institut Opinion Way et de M. de Palmaert, coordinateur de la démarche "Eglise en périphéries", le 13 septembre 2018.

« Prendre soin des enfants, à fortiori des plus fragiles d’entre eux, c’est prendre soin de l’intégralité de la société grâce aux retombées induites sur les famille comme sur les personnes impliquées dans l’accompagnement de ces jeunes », explique Xavier de Palmaert, coordinateur de la démarche Église en périphérie, lancée en novembre 2014 par les évêques de France. D’où le choix de ce troisième rapport explorant l’engagement catholique en périphérie, de mettre la focale sur les initiatives des structures et mouvements d’Église en direction des jeunes. Cet état des lieux s’attache à présenter la diversité des publics rejoints comme des approches adoptées –sport, interculturel et interreligieux, éducation à la solidarité ou encore éveil à la spiritualité et/ou à l’intériorité. Une pluralité qui n’exclut pas des caractéristiques communes résumées par Xavier de Palmaert : « une présence fidèle s’inscrivant dans le quotidien et la durée », le souci « du développement intégral des jeunes » et le recours « aux pédagogies actives visant à rendre l’enfant acteur de sa vie ».

La place originale de l'École catholique

Le rapport souligne « la place originale de l’enseignement catholique dont les écoles sont pour beaucoup d’enfants et de familles le seul espace de rencontre avec l’Eglise ». Ces établissements sont en effet les structures éducatives catholiques les mieux identifiées et les plus fréquentées, comme le démontre le sondage Opinion Way réalisé pour l’occasion. Il confirme que 79% des sondés connaissent un établissement catholique dans leur voisinage et que 40% d’entre eux ont des enfants ou petits-enfants qui y sont scolarisés. Les paroisses ne sont citées qu’en troisième position derrière les associations culturelles et sportives (sauf chez les catholiques pratiquants qui la désignent en tête).

Vivre ensemble
et solidarité

Comme tous les services et mouvements d’Église, l’enseignement catholique a donc à se faire interpeller par les résultats du sondage concernant les attentes de l’opinion sur les missions de l’Église à destination des enfants. Dans leurs globalité, elles concernant le développement de la spiritualité mais lorsqu’il s’agit de pointer les secteurs dans lesquels l’Église devrait s’investir pour soutenir les enfants des quartiers sensibles ou des zones rurales, la priorité est donnée à l’éducation au vivre-ensemble et à l’apprentissage de la solidarité, l’éveil spirituel n’arrivant alors qu’en troisième position.
Un enseignement que Monseigneur Pascal Delannoy, évêque de Saint-Denis et vice-président de la conférence des évêques de France a jugé « essentiel en ce qu’il rappelle -comme l’avait d’ailleurs fortement démontré la démarche Diaconia que la dimension sociale, le « prendre soin » sont au cœur de la foi chrétienne. »

Téléchargez le rapport Eglise en périphérie 2018

 

Un foisonnement d'initiatives

Le rapport Église en périphéries 2018  détaille une vingtaine d’initiatives catholiques à destination des enfants en situation de fragilité. En matière d'accompagnement social, signalons par exemple Caritas qui soigne les liens familiaux mis à mal par les difficultés sociales dont l’incarcération ou les placements ainsi que l’Action catholique des enfants qui accompagne des familles en difficultés et organise des camps de vacances pour leurs enfants.
Dans l'Oise, les sœurs saint-Joseph de Cluny ont ouvert une Maison d'enfant à caractère social qui accueille les fratries "comme à la maison".
Partout en France, les mouvements scouts s’implantent dans les quartiers difficiles, des bénévoles enthousiastes réinventent les patronages et la pastorale des gens du voyage s'emploie à aider et valoriser cette communauté.

L'école La Source, championne d'inclusion
en vidéo ci-dessous

« L’égalité des chances dès les premiers pas  »

Le président Macron en visite à ATD Quart monde, le 10 septembre 2018

Attendu depuis deux ans, le plan pauvreté à 8 milliards d’euros dévoilé ce jeudi 13 septembre par le président Emmanuel Macron entend développer une stratégie nationale en faveur des 9 millions de pauvres, dont 3 millions d'enfants. 

A défaut de relèvement des minima sociaux, le plan prévoit pour 2020 une loi visant à créer «un revenu universel d'activité » qui fusionnerait "le plus grand nombre possible de prestations" sociales pour "garantir un seuil minimal de dignité" et annonce la construction d'un un nouveau service public d’insertion.

Il comporte aussi de nombreuses mesures visant la petite enfance avec l’ouverture de davantage de crèches aux enfants de quartiers prioritaires ou défavorisés (+30 000 places) – via des bonus financiers accordés aux collectivités. Aujourd'hui, seuls 5 % d’enfants défavorisés sont accueillis en crèche contre 22 % des enfants favorisés. Le plan prévoit aussi un effort de formation des personnels de la petite enfance pour favoriser l'apprentissage précoce du français.

Il est aussi question de créer un fonds pour financer des petits déjeuners dans les écoles des réseaux d’éducation prioritaires ou des tarifs sociaux dans les cantines.

Pour les jeunes, l'obligation de formation passera de 16 à 18 ans et l’accompagnement des décrocheurs sera renforcé. « Le drame de l’orientation" et un effort de formation des conseillers d'orientation envisagés. (Lire le rapport ATD sur "l'orientation subie des élèves issus de milieux défavorisés")

L’accompagnement des jeunes relevant de l’aide sociale à l’enfance – structure dotée de 50 millions d’euros dans le cadre du plan- sera prolongé jusqu’à 21 ans au lieu de 18 ans, une mesure réclamée de longue date par la fondation Apprentis d’Auteuil, qui déplore les difficultés causées par les interruptions de prise en charge à la majorité. Cette mesure a aussi été saluée par l'association ATD Quart-Monde qui milite pour l'éradication de la grande pauvreté. Elle a également approuvé les efforts envisagées pour l'enfance défavorisée en matière de cantine et de crèches ainsi que l'extension de l'expérimentation "territoire zéro chômeur", dont elle est à l'origine. Elle rappelle néanmoins que " cette ambition forte devra rapidement se traduire par des actes concrets pour l’accès de tous aux droits de tous, des moyens humains et financiers à la hauteur et une véritable participation des personnes les plus pauvres."

 

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