Agir contre la misère

Un mois après la présentation du plan présidentiel contre la pauvreté, la journée mondiale du refus de la misère du 17 octobre donne à ATD Quart monde l'occasion d'appeler à passer des paroles aux engagements concrets.

 

« De la Déclaration à l'action » c'est le slogan choisi pour cette année par ATD Quart Monde, Association œuvrant pour l’éradication de la grande pauvreté, pour les manifestations qu’elle orchestre, sur tout le territoire, à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère du 17 octobre 2018.
Si la formule fait écho au 70ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme célébré cette année, elle reflète aussi l’avis porté par la structure sur le plan pauvreté dévoilé par le président Emmanuel Macron le 13 septembre dernier, quelques jours après qu'il ait visité l’antenne parisienne de l’association et partagé un repas avec des militants.
ATD Quart Monde s’est effet félicité de plusieurs mesures telles que les efforts envisagés pour l'enfance défavorisée en matière de cantine et de crèches, le renforcement de l'accompagnement des décrocheurs et le relèvement de l’âge du suivi des jeunes de l’aide sociale à l’enfance. Néanmoins, la structure a rappelé que « cette ambition forte devra rapidement se traduire par des actes concrets pour l’accès de tous aux droits de tous, des moyens humains et financiers à la hauteur et une véritable participation des personnes les plus pauvres. »
Passer de la Déclaration à l’action, c’est aussi rappeler que la grande pauvreté constitue une violation des droits humains qui ne cesse d’augmenter en France où 9 millions personnes vivent sous le seuil de pauvreté –dont plus de 2 millions avec moins de 640 euros par mois. Ce 17 octobre 2018, ATD Quart Monde lance donc à nouveau un appel à changer le monde: «Le temps est venu de construire un monde où personne n’est laissé de côté. Face aux défis inédits que doit relever l'humanité, nous pouvons apprendre les uns des autres à nous libérer des logiques d’exclusion et de domination qui ont gouverné les relations humaines depuis trop longtemps.»

 

Rassemblement citoyen,
au Trocadéro, à Paris

mercredi 17 octobre
de 18h30 à 20h

 

Avec des témoignages de personnes en situation de précarité, des acteurs associations et politiques et des animations musicales.

 

 

La carte
des manifestations
en région

sur le site d’ATD

« Ne pas laisser dire que les enfants défavorisés n'ont pas leur place à l'École»

Marie-Aleth Grard, vice présidente d'ATD Quart Monde.

Le 30 septembre 2018, Marie Aleth Grard, vice-présidente d’ATD Quart Monde et représentante du Conseil économique social et environnemental au Conseil supérieur des programmes (CSP) a démissionné de cette dernière instance : « Je ne peux porter la voix du CSP avec lequel je ne suis plus en accord », notamment parce qu’il aurait, selon elle, perdu sa vocation originelle d'ouvrir un lieu de débat entre experts éducatifs et membres de la société civile.
C’est la difficulté croissante à y faire entendre les intérêts des plus démunis qui est aussi en cause, puisque l’intéressée confiait au Café pédagogique avoir « réagi aux propos d’un député membre du CSP qui s'inquiétait que les autres élèves ne freinent pas les premiers de cordée. Or, pour moi, c'est justement faire sa scolarité ensemble, réfléchir ensemble, qui va faire que les excellents élèves continueront à être excellents et que les autres avanceront. Les plus avancés ont aussi besoin des plus faibles pour se former. »

Cette impossibilité d'ouvrir un échange au CSP pour s’inscrire en faux contre ce type de préjugés, à l'origine de la démission de Marie-Aleth Grard, reflète bien l'enracinement des stéréotypes qui compliquent la scolarisation des élèves les moins favorisés.

Dans la continuité de l'avis rendu par le Cese de 2015 pour Une Ecole de la Réussite de tous , ATD Quart Monde a organisé une série d'ateliers "Grande pauvreté et orientation" faisant état des phénomènes de ségrégation et de reproduction sociales dans l'enseignement spécialisé et adapté (Segpa et Ulis) dont 72% des effectifs sont issus de catégories défavorisées. Les actes de ces travaux, qui ont notamment pris la forme d'un séminaire ayant réuni, les 6 et 7 avril 2018, une centaine de personnes – parents, militants, chercheurs, enseignants, personnel d’éducation, syndicats d’enseignants, associations de parents d’élèves...

Parmi eux, Marie-Odile Plançon, du département Éducation du Sgec a salué «le sérieux d'une démarche qui s'est appuyée sur la recherche : Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement et de neurosciences de l’éducation, à l’Université Descartes à Paris a notamment mis en évidence  que la pauvreté, facteur de stress, génère des retards qui peuvent être comblés par des dispositifs de remédiation ad hoc. Ces jeunes éprouvent des difficultés liées à leur environnement et non pas des troubles cognitifs. leur orientation vers l'enseignement spécialisé est donc abusive...»

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