Mobilisation générale pour la voie pro
Premier bilan, alors que près de la moitié des Régions se sont déjà mobilisées pour organiser leur déclinaison locale des États généraux de la formation professionnelle. Engagée par RenaSup et le Cneap, cette dynamique au long cours permet d'accompagner la réforme de l’apprentissage et des lycées pro et conduira à un temps fort national en octobre 2019.
Les États généraux de la Formation professionnelle de l'Enseignement catholique Auvergne-Rhône Alpes ont réuni le 21 novembre 300 acteurs du réseau (chefs d'établissement, responsables de centre de formation continue ou d'apprentissage, directeurs diocésains, professeurs...) avec la participation de la rectrice de l’académie de Lyon, des vice-Présidentes de la Région en charge des lycées et de la formation, des représentants des organisations professionnelles et de nombreuses entreprises.
Présent à ce temps fort d’unité régionale, Jean-Philippe Gourvès, directeur au centre jésuite St-Marc à Lyon du lycée professionnel et du centre de formation professionnelle, témoigne du sens de l’engagement de son établissement dans la dynamique et des enjeux collectifs à relever dans le contexte de la nouvelle Région.
Quel sens revêt pour vous ces Etats généraux ?
Jean-Philippe Gourvès : Dans un paysage de la formation en mutation profonde, il fallait montrer aux entreprises et institutions présentes que nous étions unis dans une volonté de changement, résolus à faire de la voie professionnelle, une voie forte, ancrée sur le territoire et reconnue, et cela a vraiment été une réussite sur ce plan. Il y a là un précieux point de départ vers un schéma de développement collectif ! Nos partenaires ont pris la mesure à l’occasion de ces Etats généraux de notre dynamisme et de notre force de proposition: un champ de collaborations est à mener, qui ne demande qu’à être ensemencé de part et d’autre! De notre côté, l’heure est à l’élaboration d’une carte plus dynamique et plus cohérente des formations de l’enseignement catholique en Auvergne-Rhône-Alpes, via la construction de liens resserrés avec les entreprises et les branches professionnelles du territoire et sans perdre de vue les valeurs fortes de notre projet éducatif ! Pour cela, il nous faut sortir d’une logique de pré carré et entrer dans une réelle dynamique commune -un vaste chantier auquel l’enseignement public a déjà dû s’atteler.
Comment se concrétise cette dynamique au sein de votre établissement ?
J.-P. G. : C’est un changement de paradigme : aujourd’hui on ne peut plus seulement penser « lycée » pour nos élèves de voie professionnelle mais « structure professionnelle » du CAP au bac+3. Dans notre lycée tertiaire, composé des filières commerce (1 CAP employé vente et 1 bac pro commerce) et gestion administrative (1 bac pro GA)-, particulièrement dans le viseur des réformes interministérielles aujourd’hui, l’enjeu est d’en faire de réelles voies de réussite pour les élèves et pas seulement en termes de taux d’insertion. Dans cette optique, nous travaillons cette année avec toute l’équipe du lycée sur un projet de « campus tertiaire » qui offrirait aux élèves des parcours sécurisés réellement professionnalisants de bac-4 à bac+3 en termes de savoir-faire et de savoir-être, et totalement convergents aujourd’hui avec les attentes des entreprises. Nous réfléchissons notamment à la coloration de nos bacs en lien avec le MEDEF et la CPME pour répondre aux besoins identifiés par les branches professionnelles -en insérant par exemple des modules de comptabilité dans le bac GA ou de commerce numérique dans le bac vente. Quant à la partie post-bac, nous travaillons à la mise en place d’un référentiel de 3 années de formation, dont chacune serait validée par un titre de certification professionnelle, en cogestion avec plusieurs entreprises.
Et dans votre centre de formation?
J.-P. G. : A défaut de proposition à bac+3 dans notre établissement, nous avons développé en lien avec Renasup deux titres RNCP de niveau II -Fonction développement à l’international et Fonction marketing digital et communication- pour nos jeunes sortants de BTS depuis trois ans, dans le cadre d’un partenariat avec Grenoble Ecole de Management auxquels ils appartiennent ainsi qu’ un troisième titre cette année avec l’Ecole supérieure des assurances de Paris - chargé de clientèle assurance et banque -, que les étudiants peuvent suivre en alternance (contrat de professionnalisation) ou en formation initiale (stage long).
Les États Généraux enBretagne
Jeudi 13 décembre 2018, au lycée La Mennais de Ploërmel, plus de 350 entreprises, chefs d’établissements, parents, formateurs se réunissent pour inventer les formations de demain.
Au menu: des conférences pour PENSER et des ateliers pour AGIR.
« La dynamique régionale
est bien lancée ! »
Près de la moitié des Régions se sont mobilisées pour organiser leur journée autour des Etats généraux de la formation professionnelle. Quel premier bilan faites-vous ?
Yves Ruellan : Des temps forts ont déjà eu lieu en nouvelle Aquitaine, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes, Pays-de-la-Loire, Bretagne, Ile-de-France, d’autres s’organisent dans les Hauts-de-France, en Bourgogne, PACA, dans l’académie de Reims... Autre signe réjouissant : l’apparition dans de nombreux CREC de chargés de mission spécifiques sur la question de la formation professionnelle. La dynamique est bien lancée ! On ne peut que se réjouir de voir réunis autour de l’Enseignement catholique des acteurs du territoire avec des propos forts, volontaristes, désireux de relever avec lui les défis qui s’annoncent. Le 21 novembre, en Auvergne-Rhône-Alpes, la présence des entreprises, de la rectrice d’académie et des deux vices-présidents de la nouvelle Région en charge de la formation et de l’éducation, ont été l’occasion d’une visibilité et d’un changement de regard forts sur l’Enseignement catholique qui a pu montrer à ses partenaires que les formations professionnalisantes représentent plus de la moitié de son offre secondaire sur le territoire !
Quels défis identifiez-vous d’ici à l’événement national des États généraux prévu en octobre prochain ?
Y.R. : Ces temps forts ont nourri les participants. Mais ce n’est qu’un début ! La philosophie globale de l’ensemble des réformes et leurs répercussions sur la notion de réseau demeure mal connue. Un travail de fond reste à engager avec les équipes, comme celui lancé par exemple en Occitanie, afin de pouvoir dégager une visée, des stratégies et des moyens. Ce qui est en jeu, c’est bien plus que d’accompagner les réformes : il s’agit d’intégrer un vrai changement de paradigme afin que nos établissements deviennent de véritables lycées de territoire. Pour cela, l’étape des corps intermédiaires et du travail par bassin de vie apparaît essentielle aujourd’hui si l’on veut construire les complémentarités et modularités nécessaires au sein de l’offre de l’Enseignement Catholique et explorer ensemble de nouvelles pistes. La balle est dans le camp des CREC et de l’animation régionale !