Un pré-synode par et pour les jeunes
Ce sont 315 jeunes venus des quatre coins du monde qui passent cette semaine, du 19 au 24 mars, à Rome, pour la rencontre pré-synodale des jeunes. Ils répondent à l’invitation du Pape François à lui faire remonter leurs attentes, questions et espoirs en vue du synode d'octobre 2018 sur « la foi, les jeunes et le discernement des vocations » .
L’institut catholique de Paris a présenté, à cette occasion une étude franco-britannique sur les jeunes et la foi, qui vient aussi nourrir la réflexion.
« Ils n’ont pas toujours le prix Nobel de la délicatesse… mais ils méritent d’être écouté » (…) « Sans la distance de sécurité que préconisent certains », le pape François s’est laissé cette semaine interpellé « face-face » par 315 jeunes venus du monde entier. Avec plaisir et enthousiasme, comme il l’a expliqué en ouverture de ce pré-synode des jeunes. Du 19 au 24 mars, à Rome, cette rencontre s’inscrit dans la préparation du synode d’octobre 2018 sur « la foi, les jeunes et le discernement des vocations ».
La manifestation, suivie par quelque 15 000 internautes a été riche en dialogues, rencontres et échanges pour les participants. Le tout sous le signe de l’ouverture, certains jeunes représentant d’autres confessions religieuses et des athées (lire ci-contre).
Une étude sur la foi
et les jeunes présentée à l’ICP
Au milieu de cette semaine de pré-synode, des théologiens de l’Institut Catholique de Paris et de l’Université St Mary’s de Londres ont présenté une enquête inédite sur les jeunes européens et la foi, qu’ils ont mené conjointement et que le magazine La Vie commente dans ses colonnes. L’occasion également de partager leurs analyses sur les enjeux du prochain synode.
Saluant le fait qu’un quart de jeunes se déclarent chrétiens en France (dans la moyenne européenne), François Moog, doyen de la faculté d’éducation de l’ISP, considère que « cette proportion relativement importante marque la fin de la vague de sécularisation ». Néanmoins, face à la poursuite de la « désinstitutionalisation » il invite l’Église à se transformer « en laboratoire d’un nous englobant » : « Il s’agit de passer de l’articulation entre « je » et « eux » à un nous qui inclut ces jeunes… De passer d’une pastorale d’encadrement, d’obligation, à un dispositif qui favorise l’engagement et la responsabilisation de jeunes à considérer non plus comme objets mais sujets de la mission. »
La joie de l’appel doit durer !
Tout en souscrivant à cette idée, incarnée par le pré-synode de cette semaine, de rendre les jeunes acteurs de l’Église, Monseigneur Philippe Bordeyne, recteur de l’Institut catholique de Paris, a souhaité nuancer cette notion de « nous englobant », au vue de l’ampleur de l’athéisme : « Je plaide pour préserver la polarité, pour mieux prendre en compte la conflictualité qui précisément permet toute la richesse du dialogue entre athées et croyants », a-t-il déclaré, souhaitant « répondre à la grande soif spirituelle des jeunes tout en accueillant leur soif d’horizontalité. »
Autant de défis d’envergure que le cheminement vers le synode puis les JMJ de Panama en janvier 2019 devront permettre de relever. « Attention aux risques de déception : il faut que les jeunes se sentent durablement acteurs de l’Église », a prévenu, lors de la rencontre à l’ICP, le père Didier Noblot, du service national de l'évangélisation des jeunes et pour les vocations, précisant : « la joie de l’appel doit durer ! »
Maxime, étudiant à l’ICP,
en direct du synode
« Réunir ainsi plus de 300 jeunes pour les faire dialoguer sur l’avenir… C’est un exploit que seul le pape arrive à réaliser ! J’aurais envie de lancer un appel à d’autres chefs d’État pour qu’ils invitent des représentants de la jeunesse à réfkéchir ensemble à l’avenir de leur pays.
Lundi matin, après son discours d’ouverture, le pape a accueilli cinq témoignages et cinq questions de jeunes. J’ai eu la chance de pouvoir lui poser le mienne, à savoir comment donner un sens à sa vie et sur quelles fondations s’appuyer. Il m’a répondu en souhaitant que chaque jeune puisse trouver quelqu’un, un sage, qui l’aide à discerner et à combler le vide.
Ici à Rome, nous vivons une rencontre avec le monde, inter-culturelle et inter-religieuse. Hier, nous avons passé plus 2h30 à partager des chants et danses de tous nos pays d’origine.
En tant que non baptisé et non catholique, je suis vraiment touché par cette ouverture et la volonté du pape de parler à TOUS les jeunes. »
Pape François Thomas Leoncini, Dieu est jeune, Robert Laffont, mars 2018