Toulouse : le goût de la rencontre

Marque-pages et crayons du Réenchantement distribués dans les établissements, plaque sur l’éducation à la relation apposée sur les façades des écoles, journées du numérique interdiocésaines, sans oublier les animations menées dans les établissements… L’interdiocèse de Toulouse n’a pas manqué de créativité pour faire de la Semaine du Réenchantement un temps festif et réflexif !

« Maîtresse, on la refait quand cette Semaine ? »

À l’école Sainte-Germaine de Toulouse (31), tous les enfants, de la maternelle au CM2, ont goûté pleinement leur Semaine du Réenchantement. Et ils en redemandent... Retour sur une dynamique qui enchante petits et grands.

 

A l'école Sainte-Germaine, à Toulouse ©Sylvie Horguelin

Située dans un quartier nouveau de Toulouse, l’école Sainte-Germaine, construite en 2006, accueille 290 enfants de tous milieux sociaux. À sa tête, Caroline Le Blevenec qui enseigne à mi-temps en petite section de maternelle. Membre de l’Observatoire régional de pédagogie et du Conseil national du Réenchantement, ce chef d’établissement engagé avait préparé son équipe de longue date. « Nous avons lancé la réflexion sur le Réenchantement il y a deux ans », explique la directrice qui s’est saisie de tous les outils mis à disposition par le Secrétariat général de l’enseignement catholique. Dans le hall d’entrée, on remarque les affiches et une boîte du Réenchantement dans laquelle les enseignants, Asem et animateurs du centre de loisirs qui interviennent dans l’école, ont été invités à déposer un mot, une affirmation et une question sur le thème de la responsabilité partagée. « J’ai tout répertorié et affiché dans la salle du personnel, poursuit Caroline Le Blevenec. Cela a libéré la parole. Certaines collègues ont dit, par exemple, que la responsabilité leur faisait peur. Ce n’est pas toujours facile de partir seule avec sa classe… »

Une réflexion de fond

Des engagements pour les adultes aussi... ©Sylvie Horguelin

 Deuxième étape : la directrice a découpé les dix verbes figurant sur l’affiche nationale de la responsabilité partagée et les a mis en évidence sur un panneau, à raison d’un verbe tous les quinze jours. Chacun était invité à évoquer ce que le verbe « Prendre soin », par exemple, évoquait pour lui. Ce fut l’occasion de se demander comment mieux partager la responsabilité d’un enfant à besoins éducatifs particuliers... « Le besoin a aussi été exprimé d’avoir plus de cohérence entre nos trois entités : les enseignants, les Asem et les éducateurs, expose le chef d’établissement. Nous avons établi des règles avec un permis à points pour les enfants. Or notre discours diffère parfois, certains ayant du mal à poser ce cadre. On a donc décidé que chaque entité allait réfléchir de son côté, avant de se retrouver pour effectuer une analyse et prendre des résolutions concrètes ». Ce travail en commun pourra se poursuivre sur un autre thème...
Les familles ont aussi été sollicitées : il leur a été demandé de répondre à la question « Quelle est votre responsabilité de parent vis-à-vis de l’école ? », sur une feuille à déposer dans la boîte du Réenchantement. « Cela pourrait déboucher sur des soirées-débats, confie Caroline Le Blevenec, on avance pas à pas. Le vrai changement s’opère avec du temps ».

Des animations dans toutes les classes

Temps réflexif et créatif © Sylvie Horguelin

En parallèle, une Semaine de la responsabilité partagée, avec des activités décrochées du quotidien, avait été programmée dans toutes les classes. Elle était centrée sur le respect de l’environnement en maternelle. La projection de cinq petites vidéos sur l’élevage intensif, le tri des déchets, la déforestation… a permis de lancer le débat. Chaque classe de maternelle a ainsi privilégié une thématique. L’une d’elles a choisi le gaspillage en s’interrogeant sur l’utilisation de l’eau, du savon et de la nourriture à la cantine ; une autre la biodiversité ; une autre encore le tri des déchets. Cela devrait déboucher sur l’installation d’un compost et d’une maison pour insectes dans le jardin de l’école. Les maternelles ont aussi décidé de passer dans toutes classes pour sensibiliser leurs camarades au tri sélectif.
Autre projet en CP-CE1, où une initiation aux premiers secours a permis de mieux comprendre comment prendre soin de l’autre. Les enfants ont mimé les gestes à poser lors d’un saignement, d’une brûlure ou d’un traumatisme et ont été filmés par une enseignante qui leur a montré les petites vidéos réalisées en fin de semaine, pour leur plus grand plaisir. En CM1-CM2, parmi les nombreuses activités menées, on retiendra le passage du brevet de médiateur par des élèves qui pourront désormais régler les conflits entre enfants. Chacun d’eux porte désormais un minuscule gilet jaune pour être identifié dans la cour de récréation. Premier acte fort posé par les quatre premiers médiateurs : la pose d’une plaque sur la façade de l’école qui indique que Sainte-Germaine est engagée dans l’éducation à la relation.

Un marché de connaissances

Louisa explique le fonctionnement d'un drone ©Sylvie Horguelin

Et pour clôturer la Semaine, le vendredi 8 février, tous les enfants de CE2, CM1 et CM2, avaient été mélangés lors d’un vaste « marché des connaissances ». Chaque enfant était invité à présenter à ses camarades quelque chose qu’il savait faire. Le tricot pour le turbulent Sacha - un choix qui a surpris sa maîtresse qui en a profité pour lui passer commande d’un bonnet à pompon. Victoire et Lucie avaient choisi pour leur part d’expliquer comment fabriquer un baume pour les lèvres avec du sucre et du miel ; tandis que Louisa montrait à un groupe de garçons captivés comment faire voler un drone... Le matin-même ces enfants, habitués à débattre lors de conseils coopératifs, avaient réfléchi sur ce que signifiait le fait d’être responsable, sous la houlette d’Isabelle Casinos, enseignante en CE2 et CM1. « Les enfants étaient ravis et ils m’ont demandé : Maîtresse, on la refait quand cette Semaine ? », explique le professeur des écoles tout sourire.
Mais comment partager ces moments privilégiés vécus par chaque niveau de classe ? « Depuis deux ans, nous avons un journal de l’école, explique la directrice. Nous allons réaliser un numéro spécial dans lequel les enfants raconteront leur Semaine. Cela créera du lien entre tous les projets… », conclut la directrice pour laquelle ces cinq jours marquent le début d’une dynamique plus participative.

Sylvie Horguelin

Une dynamique diocésaine foisonnante

 

Une plaque sur l'éducation à la relation pour chaque école. A l'école Sainte-Germaine, à Toulouse ©Sylvie Horguelin

Toulouse a fourmillé d’idées pour faire de la Semaine du Réenchantement un point d’orgue décliné de multiples façons ! Dans cette région qui mise sur l’éducation à la relation, via la formation de ses équipes depuis six ans, toutes les écoles impliquées étaient invitées par la direction diocésaine à poser une plaque sur leur façade – tout comme celles du diocèse de Blois et de Grenoble aussi engagées dans cette dynamique. Y figure l’inscription suivante : « Éducation à la relation - Des outils pour la vie - Établissement engagé », avec le logo de l’interdiocèse de l’Ariège, Haute-Garonne et Tarn-et-Garonne. « L’École est aussi faite pour apprendre aux élèves à être heureux », explique Charles Hervier, le directeur de l’interdiocèse. « Les ateliers d’éducation à la relation y contribuent grandement et modifient aussi les relations entre adultes », prêche ce convaincu.
Autre petit cadeau, remis aux établissements de l’académie cette fois : un marque-page avec une phrase inspirante du pape François sur le recto : « Ne perdez pas le goût de savourer la rencontre, l’amitié, le goût de rêver ensemble et de marcher avec les autres ». Tiré à 85 000 exemplaires, ce signet a été distribué aux élèves, professeurs, personnels Ogec…, en les invitant à demeurer dans l’Espérance.
Ce sont aussi 28 000 crayons du Réenchantement que les élèves de Haute-Garonne ont reçus. Des citations proposées par les jeunes et les enseignants du diocèse sur le thème de la responsabilité en partage y ont été reproduites. Parmi les douze phrases retenues, la préférée de Charles Hervier : « Voir le bien, dire le bien, faire le bien ».
Autre initiative heureuse : les dix unités pédagogiques de l’Ariège ont transmis à la direction diocésaine une photo qui symbolise à leurs yeux le Réenchantement de l’École. Elles ont été réunies dans un album commun qui leur sera remis. Une façon originale de faire réseau.
Des journées du numérique pour l’interdiocèse se sont également tenues durant cette semaine hors du commun, les 6 et 7 février. Centrées sur la pédagogie, clé majeure du Réenchantement, elles ont réuni près de 180 personnes, enseignants du 1er et 2nd degrés, cadres éducatifs, personnels de direction, institutionnels… Lors des nombreux ateliers sur la twitclasse, la Webradio, le mur virtuel ou encore la tablette, les participants ont pu mesurer combien les outils numériques, quand ils sont au service d’une pédagogie active, permettent de modifier la posture de l’enseignant et de réenchanter les savoirs.
La direction diocésaine de Toulouse a enfin eu à cœur de faire des propositions concrètes d’animation à ses établissements. Lors d’un brainstorming qui avait réuni un petit groupe quelques mois auparavant, une liste d’activités possibles avait été établie et envoyée à chaque communauté éducative...
Parmi les nombreux projets, menés principalement dans les écoles, l’idée d’une Semaine des couleurs, imaginée par l’école Charles-de-Foucauld de Béziers, a été retenue par plusieurs d’entre elles. Le concept ? Chaque jour les enfants portent un vêtement d’une couleur différente. Lundi, le jaune, symbole de la lumière et la joie, était, par exemple, à l’honneur avec la phrase « Je suis responsable du bonheur de chacun ». Mardi, le vert, couleur de l’espérance et de la nature… Jusqu’au vendredi avec le rouge symbolisant l’amour et la charité. Autant d’occasions de sortir de la routine et de se réjouir en suscitant une réflexion féconde chez petits et grands.

Charles Hervier, directeur diocésain d'Ariège, Haute-Garonne et Tarn-et-Garonne, Caroline Chaleret de Rieu, chargée de communication et Sabine Canceill, chargée de mission culture numérique ©Sylvie Horguelin

Sylvie Horguelin

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